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Trois chefs de villages assassinés dans l’état de Shan

Certains mouvements armés ethniques n'hésitent pas à recruter de très jeunes soldats... Ici, l’Armée ta’ang de libération nationale en BirmanieCertains mouvements armés ethniques n'hésitent pas à recruter de très jeunes soldats... Ici, l’Armée ta’ang de libération nationale en Birmanie
Certains mouvements armés n'hésitent pas à recruter de très jeunes soldats... Ici, l’Armée ta’ang de libération nationale
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 6 novembre 2019, mis à jour le 6 novembre 2019

Si les combats entre le mouvement rebelle de l’Alliance du nord et l’armée régulière (la Tatmadaw) birmane ont monopolisé l’attention cet été, ils ne doivent pas faire oublier les très nombreux conflits qui demeurent entre les groupes ethniques eux-mêmes – comme actuellement entre Mon et Karen – ou au sein des groupes ethniques, entre différentes tendances. Des conflits qui prennent parfois des allures mafieuses, avec règlements de comptes violents et trafics en tout genre. C’est en partie ce qui frappe aujourd’hui le Nord de l’état de Shan, où les divers groupes armés cherchent souvent à recruter de force les hommes des villages isolés, au grand dam des mouvements ethniques politiques respectueux d’un processus de dialogue. Le 3 novembre dernier, trois chefs de village soucieux de protéger leurs administrés ont ainsi payés de leur vie leurs efforts pour empêcher ces recrutements forces.

Ce dimanche à 14h à Kyaukme, ville à mi-chemin de Pyin Oo Lwin et Lashio, quatre hommes armés ont fait irruption dans le restaurant où les trois chefs déjeunaient, et ils ont ouvert le feu, les tuant tous les trois. Les trois chefs de village étaient venus a Kyaukme pour rencontrer des dirigeants Shan et leur demander d’intervenir auprès du Conseil de restauration de l’état de Shan (CRS) afin que ce mouvement armé cesse d’enrôler de force les villageois. Le mois dernier, le CRS avait ainsi recruté 35 hommes, avant d’en relâcher 32 sous la pression de l’armée birmane, non sans menacer les villageois de représailles pour avoir fait appel aux militaires réguliers. Il semblerait en effet que le CRS et la Tatmadaw coopèrent dans la région.

Peu après les meurtres, la Ligue nationale shan pour la démocratie (LNSD) annonçait que les trois victimes appartenaient à ses rangs et condamnait fermement « le terrorisme contre des civils, et les groupes qui le perpètre ». Le mouvement politique officiel shan réclamait aussi que l’état fédéral se préoccupe un peu des régions ethniques afin d’y faire régner l’état de droit, les dirigeants shans estimant que depuis trop longtemps Nay Pyi Taw fermait des yeux complaisants sur les exactions de tout bord gangrenant une bonne partie de l’état de Shan. L’année dernière, un célèbre moine bouddhiste avait ainsi était assassiné à Kyaukme et cette année, plusieurs personnes ont déjà été abattue à l’arme à feu dans les rues.

Depuis 2016, le CRS et l’Armée ta’ang de libération nationale (ATLN), le principal groupe combattant de l’ethnie Ta’ang, s’affrontent régulièrement dans ce qui ressemble beaucoup à un processus de « balkanisation » de l’état de Shan. Kyaukme et sa région constituent un point stratégique d’accès a diverses routes, et de nombreux groupes armés y résident – CRS, ATLN, mais aussi l’Armée de l’état de Shan, nord et sud, et l’armée régulière birmane…- rendant particulièrement difficile l’identification des meurtriers et facilitant l’état de non-droit qui règne sur place au détriment des habitants civils.

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Publié le 6 novembre 2019, mis à jour le 6 novembre 2019

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