Depuis l’attaque inattendue des forces rebelles de l’Alliance du Nord le 15 août dernier sur Pyin oo Lwin et ses environs, c’est tout le Nord-Est de la Birmanie qui subit les combats entre la Tatmadaw - l’armée régulière birmane – et les divers mouvements rebelles impliqués dans une "contre-offensive", selon les mots des assaillants. Si les informations provenant de la zone de combats sont toutes à prendre avec beaucoup de distance, tant tous les camps pratiquent une propagande forcenée, il est certain que la Tatmadaw a pu se renforcer dans la région, que des hélicoptères de combats sont intervenus – mais pour quoi exactement, ce n’est pas clair - et surtout que les civils sont désormais les principales victimes de ces combats qui ont principalement été menés autour de la grande ville de Lashio et de la plus petite cité de Kutkai. Plusieurs civils morts et blessés - y compris des sauveteurs travaillant sur les sites de combat - abattus par des tirs de chaque camp, et déjà des milliers de déplacés. L’emploi d’armes lourdes par tous les protagonistes est avéré. Les forces rebelles ont fait sauter ou ont attaqué plusieurs ponts dans cette région montagneuse afin de gêner l’arrivée de renforts du côté des militaires birmans.
Conséquence de ces routes maintenant impraticables, le commerce avec la Chine est au ralenti, complétement arrêté dans certains endroits, comme la ville frontière de Muse où la valeur quotidienne des échanges s’élève en temps normal à environ 3 millions d’euros. La perte de cette manne va sérieusement nuire à la région d’abord et à la Birmanie dans son ensemble ensuite, notamment dans le secteur agricole qui exporte beaucoup vers la Chine – du riz, des fruits et des légumes, des poissons…, beaucoup de produits périssables - et principalement par les voies désormais impraticables. Selon les données du ministère du Commerce, entre le 1er octobre 2018 et le 1er août 2019, la Birmanie a exporté pour une valeur de 2,5 milliards d’euros vers la Chine et importé pour 1,35 milliard d’euros. La Chine qui a d’ailleurs fait officiellement savoir qu’elle était intervenue pour demander aux groupes rebelles de cesser leur feu et leurs attaques. Les combats persistent cependant, et rien n’a filtré sur d’éventuelles négociations.