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Tentative de relance gouvernementale du tourisme birman

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Avec le tourisme birman qui reprend, c'est l'occasion de découvrir des endroits paradisiaques comme l'hôtel Thanaka du lac Inle.
Écrit par Juliette Verlin
Publié le 17 juin 2020, mis à jour le 18 juin 2020

Alors que le ministère de l’Hôtellerie et du Tourisme annonce la deuxième phase de son plan de relance en faveur du tourisme, les différents états et régions de Birmanie se rouvrent lentement aux voyageurs, avec plus ou moins de restrictions locales. Les premières pistes de relance mettent l’accent sur la promotion du tourisme intérieur, puis et au sein de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (Asean).

La Birmanie fait partie des pays les moins touchés par la pandémie de Covid-19. Depuis l’apparition du premier cas officiel en mars, les chiffres - toujours officiels – indiquent 261 personnes contaminées, dont six décédées de la maladie, et 165 qui sont à ce jour considérées comme guéries. Même si les autorités restent sur leurs gardes et anticipent déjà une deuxième vague, elles ont affirmé par la voix de la conseillère d’état Aung San Suu Kyi sur sa page Facebook officielle que « le pays a vaincu la première vague de la pandémie mais doit se préparer pour la deuxième qui risque de venir ».

 

Retour à la normale du tourisme mondial : pas avant 2023 !

Le processus de reprise économique est incertain après une telle pandémie, faute de référence. Mais l’exemple de pays voisins de la Birmanie n’est pas du meilleur augure. Il a fallu six mois aux touristes pour revenir sur l’île indonésienne de Lombok après les attentats de 2018, et plusieurs années aux plages de Thaïlande pour retrouver leur niveau d’occupation d’avant le tsunami de 2004. D’ailleurs, le cabinet de conseil et d’analyse du domaine Tourism Economics, l’une des références mondiales du secteur, estime un retour à la normale du tourisme mondial en 2023 !

En Birmanie, d’après une étude récente du ministère de l’Hôtellerie et du Tourisme, plus de 80% des petites et moyennes entreprises touristiques sont extrêmement affectées par la réduction du nombre de voyageurs et les mesures prises pour limiter la propagation du virus. Le nombre de visiteurs étrangers a chuté de 44% entre Janvier et Avril, le pays ayant cessé de délivrer des visas le 30 mars et fermé ses frontières le 14 avril. L’industrie touristique représente 6,6% du produit intérieur brut et employait, avant la pandémie, 1,4 million de personnes. Autant qui explique l’importance du plan stratégique de survie, réouverture et relance du secteur touristique, intitulé « Covid-19 Tourism Relief Plan », lancé en avril dernier.

 

Les tour-opérateurs attendent encore les dernières consignes du gouvernement

La première phase, celle de la « survie », s’est traduite par un soutien financier aux hôtels et entreprises du secteur touristique, sous forme de réduction de taxes et de frais de licence, de délai du paiement des loyers et de prêts. Entre le 9 avril et le 2 juin, plus de 1 000 entreprises du secteur ont reçu au total 37 milliards de kyats (de l’ordre de 25 millions d’euros) provenant du fonds spécial de 100 milliards de kyats créé en mars pour venir en aide à l’économie birmane, d’après U Thaung Tun, ministre de l’Investissement et des Relations économiques extérieures.

Avec la deuxième phase, celle de la « réouverture », qui a commencé en juin et devrait s’étendre jusqu’à août, les entreprises touristiques commencent à rouvrir, sous la condition de suivre des mesures précises de précaution contre la propagation du virus parmi les employés et les clients. Daw Aye Thida Moe, vice-présidente du syndicat des agences de voyages de Birmanie (Union of Myanmar Travel Association - UMTA) a déclaré que les tour-opérateurs attendaient encore les dernières consignes du gouvernement pour assurer une réouverture durable de leur entreprise. Les pagodes, musées et parcs devraient bientôt rouvrir également.

 

De la confusion avant toute chose

La prolongation de l’interdiction des vols internationaux jusqu’au 30 juin conforte les états dans leur volonté de s’ouvrir d’abord au tourisme local. Mais à condition de modifier les restrictions existantes au voyage. « Si les contraintes de quarantaine étaient réduites, l’industrie touristique ciblerait à présent les touristes locaux au lieu des touristes étrangers », a indiqué U Thet Lwin Toh, conseiller à la Fédération du Tourisme de Birmanie. La confusion est en effet grande entre les diverses mesures des divers états et régions, sans réelle coordination, et les sources d’informations totalement fiables sont inexistantes, laissant le potentiel touriste à l’affût des dernières actualités pour tenter d’obtenir une image claire de la situation, même si certains sites touristiques ont déjà entamé leur réouverture, comme autour du lac Inle où l’hôtel Thanaka accueille des clients depuis une semaine.

Dès le 1er juin en effet, les hôtels du sud de l’état de Shan ont obtenu du comité régional du tourisme l’autorisation d’héberger à nouveau les visiteurs, sous condition d’appliquer des mesures préventives contre le Covid-19. « Nous vérifierons avec attention d’où [les voyageurs] viennent avant qu’ils pénètrent dans la région », a affirmé Sai Pan Saing, ministre des Affaires Ethniques Shan. Mais comment ces vérifications seront-elles opérées ? Ce n’est pas clair. Et c’est bien là un dernier blocage à lever : harmoniser les mesures au niveau national, ne serait-ce que pour permettre à toutes les compagnies de bus de reprendre leur activité, et donc de transporter ces potentiels touristes locaux.

 

Des mesures dans tous les sens, cela n’a pas de sens !

Pour donner une idée, globale mais non exhaustive, de la situation, les états de Shan, Kayah, Kayin, Mon, et la région de Tanintharyi peuvent de nouveau accueillir des voyageurs, mais exception faite de ceux provenant des quartiers soumis à une quarantaine – Insein et Mayangone, à Yangon, sachant que la quarantaine de Mayangone a été partiellement levée. La région de Sagaing et l’état Kachin imposent eux encore une quarantaine à tous leurs voyageurs, et ceux désirant se rendre dans le Kachin doivent le faire par la voie des airs, depuis Yangon et Mandalay, et seront directement amenés dans un établissement de quarantaine à leur arrivée. L’état de l’Arakan procède comme le Kachin : les voyageurs doivent arriver par avion et subir une quarantaine de 21 jours dans un établissement gouvernemental ou un hôtel (aux frais du voyageur). En outre, l’Arakan exige une lettre de l’administrateur du quartier de résidence du voyageur. Ce que fait aussi la région de l’Ayeyarwady. Enfin, il reste impossible actuellement de voyager en tant que touriste dans la région de Mandalay. Et tous les voyageurs du pays doivent présenter une lettre de « recommandation » leur administrateur de quartier, pour les Birmans, ou une lettre de leur employeur, pour les étrangers… Un modèle a été partagé parmi les organisations internationales du pays.

La dernière phase de « relance » du « Covid-19 Tourism Relief Plan » sera mise en place dans les six prochains mois à un an, et verra naître de nouvelles campagnes marketing et des plans de développement de long terme pour « réinventer » le tourisme en Birmanie.

 

Des accords bilatéraux de tourisme signés avec les pays voisins

La réouverture interne du pays se fait en parallèle de la création d’accords bilatéraux avec la Thaïlande, le Cambodge, le Laos et le Vietnam. Ces pays voisins de la Birmanie n’ont pas vu d’explosion du nombre de cas de Covid-19 sur leur territoire, et essayent actuellement de relancer leur économie, au même titre que la Birmanie. Ils ont d’ores et déjà signé un accord de réduction des barrières frontalières. « Les experts du secteur ont prédit que les voyageurs étrangers, surtout en provenance d’Europe et des Amériques, pourraient ne pas pouvoir venir, pendant un an à un an et demi », a précisé U Yan Win, président de la Fédération du Tourisme Birman. « Nous allons donc […] nous ouvrir aux voyageurs de l’Asean et de l’Asie ».

L’Asean a été critiquée pour son manque de coordination entre les états membres pour faire face à la crise du Covid-19. L’annonce récente d’un plan en sept points pour raviver le tourisme dans la région a donc été accueillie avec tiédeur. Entre accélération de l’échange d’information entre les membres et amélioration de la coopération et du partage des meilleures pratiques, ces mesures pourraient toutefois, sous réserve d’être effectivement lancées, aider à la relance du secteur touristique. Cela dit, à l’heure actuelle, aucun plan spécifique n’a été publié pour promouvoir ce tourisme régional, et les spécialistes ont souligné l’importance d’inclure les acteurs de l’industrie dans le processus de réflexion.

 

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