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Quelques manifestations pour l’anniversaire du soulèvement de 1988 en Birmanie

Des militants pro-Ligue nationale contre la démocratie, après le 1er février 2021, en BirmanieDes militants pro-Ligue nationale contre la démocratie, après le 1er février 2021, en Birmanie
Des militants pro-Ligue nationale contre la démocratie, après le 1er février 2021
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 9 août 2021, mis à jour le 9 août 2021

Dimanche 8 août 2021 marquait le 33ème anniversaire officiel du soulèvement des « Quatre Huit » – le 8 août 1988, 8/8/88 – contre le pouvoir autocratique du Parti birman du programme socialiste (BSPP), un soulèvement qui commença réellement mi-mars et pendant lequel Daw Aung San Suu Kyi fit son entrée en politique, le 26 août, et devint célèbre. Pour célébrer ce 8 août, des appels à protester contre le pouvoir militaire ont circulé sur les réseaux sociaux toute la semaine dernière. Au final, six manifestations se sont déroulées à travers tout le pays, très peu comparé aux centaines de fin février/début mars. Ce qui s’explique à la fois par la lassitude d’une grande partie de la population, toujours remontée contre la prise de pouvoir des militaires mais aujourd’hui surtout préoccupée par la crise économique et sanitaire, et par la répression violente des protestations par les militaires. La peur de la Covid-19 est venue s’ajouter.

De courtes manifestations – appelées flashs mobs : les gens se réunissent moins de cinq minutes en un endroit donné, crient leurs slogans et se dispersent ; le genre a été créé dans les pays riches voilà plus de 15 ans comme un jeu mais est devenu un moyen d’expression des militants anti-militaires depuis plusieurs mois – se sont tenues à Yangon et Mandalay, les deux plus grandes villes du pays. Les manifestants à Yangon étaient presqu’exclusivement des jeunes gens qui n’ont pas connu la violence de la répression du 8/8/88. A l’époque, les militaires, dans une « tradition » qu’ils maintiennent aujourd’hui, avaient plus que minimisé le nombre de morts– ils en reconnaissaient 95 -, alors que l’estimation généralement acceptée aujourd’hui est de 3 000 morts lors des massacres de mi-septembre 1988 à Yangon et de plus de 10 000 morts, sans compter les nombreux disparus mais en incluant les soldats et policiers décédés, sur toute la durée du mouvement de contestation dans tout le pays en 1988.

Comme cet anniversaire se déroulait 188 jours – encore des huit - après la prise de pouvoir des militaires le 1er février dernier, nombre de manifestants y voyaient un signe liant les deux événements et ont revendiqué être les héritiers de cette lutte antérieure de 1988. Un de leurs slogans disait par exemple « Luttons ensemble pour achever le mouvement de libération du peuple du 8/8/88 ». Un slogan qui omet la dure et triste réalité : il n’y pas eu de libération du peuple du 8/8/88, juste une répression sanglante, condamnée par les pays riches et l’Inde, puis une extrême fermeture du pays et l’instauration d’un régime totalitaire violent. C’est la volonté de la génération suivante d’officiers généraux qui a suscité l’ouverture de la Birmanie a partir de 2010 la « transition » vers un régime quasi civil. Un schéma que nombre de Birmans pauvres et peu politisés préféreraient ne pas voir rééditer.

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