Dans l’État de Shan, les cultivateurs de pommes de terre sont en difficultés et subissent d’importantes pertes financières à cause de la concurrence chinoise illégale. Les pommes de terre figurent en effet sur la liste des produits dont l’importation est interdite. Par ricochet, les tubercules d’origine chinoise et passés en fraude qui se retrouvent aujourd’hui sur les marchés birmans sont exonérées de fait de taxe douanière, ce qui permet d’en baisser les prix et de les vendre moins chers que les pommes de terre birmanes. Un viss (une unité birmane d’usage quotidien qui représente environ 1,6 kg) de pommes de terre chinoises est ainsi actuellement vendu 500 à 550 kyats (0,31 – 0,34 €), contre 600 à 650 kyats (0,37 – 0,4€) pour un viss de variété birmane.
En outre, la qualité penche également en faveur des produits du grand voisin de l’Est… « Les pommes de terre chinoises ont une plus belle couleur et sont de taille plus grande. Les consommateurs les préfèrent », reconnaît ainsi un vendeur birman. Mais pour les agriculteurs birmans, pas assez compétitifs et qui réalisent de faibles profits d’à peine 100 kyats par viss (0,07 €), le manque à gagner est insoutenable. « La différence n’est certes que d’environ 50 kyats par viss, mais sur des milliers de kilos, c’est énorme. Si les pommes de terre chinoises continuent d'entrer en Birmanie, nos problèmes s’aggraveront », explique un agriculteur local. De fait, 50 kyats de perdus par viss correspondent à la moitié du revenu de l’agriculteur…
En 2018, le gouvernement avait annoncé un renforcement des contrôles aux frontières, accompagnés de prêts aux agriculteurs pour moderniser leurs équipements, mais à ce jour l’impact favorable de ces mesures pour les Birmans n’est toujours pas visible et se fait attendre…