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L’ex-Première ministre LND du Tanintharyi condamnée à 30 ans de prison

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Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 25 mai 2020, mis à jour le 26 mai 2020

Daw Lei Lei Maw, nommée en 2016 Première ministre du Tanintharyi par la Ligue nationale pour la démocratie (le parti au pouvoir), a été condamnée en première instance le 22 mai à 30 ans de prison pour corruption caractérisée. Elle devient la personnalité officielle la plus haut placée à être condamnée pour corruption depuis que la loi contre ce crime existe en Birmanie.

Cette ancienne médecin, qui a exercé durant 25 ans, avait rejoint la LND en 2012. Elle est tombée le 10 mars 2019, après que la commission anti-corruption l’a officiellement accusée dans quatre affaires différentes, toutes tombant sous le coup de l’article 55 de la loi anti-corruption, avec une peine maximale encourue de 15 ans dans chaque cas. Après cet acte d’accusation et la mise en détention provisoire subséquente, Daw Lei Lei Maw avait été démise de ses fonctions de Première ministre du Tanintharyi.

270 000 euros pour tondre des pelouses

La première affaire pour laquelle elle a été condamnée est celle des contrats pour tondre les pelouses et nettoyer des buissons et branches mortes autour de l’université et de l’aéroport de Dawei, la principale ville de la région du Tanintharyi. Un contrat octroyé à l’entreprise locale F-22 Sunny Construction et facturé à 400 millions de kyats (environ 270 000 euros de l’époque), un montant jugé outrageusement élevé par le tribunal, qui a constaté que l’entreprise avait reversé une partie de ces émoluments à la famille de la dirigeante.

Autre abus : Daw Lei Lei Maw a ordonné à la direction des infrastructures routières de construire des murs autour de plusieurs terrains dans Dawei…, terrains qui appartenaient à son mari. Non seulement elle a négligé de payer ces travaux, mais la commission a prouvé que l’ancienne dirigeante avait en fait alloué de son propre chef environ 1,9 milliard de kyats (de l’ordre de 1,2 millions d’euros de l’époque) à cette direction des infrastructures routières pour effectuer ces travaux, et cela sans le contrôle obligatoire des parlementaires.

Une maison valant 22 000 euros vendue 132 000 euros

Enfin, dans les deux derniers cas, que le tribunal a considéré comme liés, l’ancienne Première ministre a usé de sa position afin que l’entreprise locale Global Grand Services (GGS) obtienne un contrat de distribution d’électricité en collaboration avec le gouvernement local alors que plusieurs spécialistes doutaient fortement de l’expertise suffisante de GGS pour ce faire. L’entreprise était censée participer aux investissements à hauteur de 8 milliards de kyats (de l’ordre de 5 millions d’euros de l’époque) dans le cadre de ce contrat mais elle en a été incapable, et c’est donc le ministère régional de l’Electricité et de l’Energie qui a dû couvrir les pertes. Suite à des interventions de Daw Lei Lei Maw, GGS a aussi reçu des contrats pour construire un marché au poisson, le bâtiment de la nouvelle mairie et des immeubles HLM. Dans le même temps, Lei Lei Maw a vendu une maison de deux étages lui appartenant et estimée à 32 millions de kyats (environ 22 000 euros de l’époque) à GGS pour… 200 millions kyats, soit une plus-value de plus de 110 000 euros pour la brave dame !

U Thein Htwe, le directeur général de GGS, U Aung Myat et U Thura Ohn, deux autres des patrons de cette entreprise, ont également été condamnés dans ces troisième et quatrième affaires, respectivement à 10 ans, 10 ans et 5 ans de prison ferme. Quant à Daw Lei Lei Maw, elle a reçu 10 ans de prison ferme pour chacun de ses actes de corruption, des peines cumulables, et le tribunal a estimé que les deux peines liées à l’affaire GGS pouvaient être confondue en une seule, d’où au final une peine totale de 30 ans de prison ferme. La cour a en outre prononcé la saisie et confiscation de sa maison familiale, qui sera remise aux autorités locales comme remboursement partiel des coûts que les malversations de la dame ont représenté pour les finances publiques. Tous les condamnés ont été reconduits en prison juste après le prononcé de la sentence.

Le 20 novembre 2017, à la demande de Daw Lei Lei Maw, un haut-fonctionnaire régional nommé par elle avait attaqué en justice l’hebdomadaire The Tanintharyi Weekly pour une histoire satirique et une caricature qu’elle estimait diffamatoire – alors que son nom n’apparaissait jamais - et qui se moquait d’une administratrice de village imaginaire pratiquant le népotisme et les passe-droits. Le journal a été condamné à une amende de 500 000 kyats (environ 350 euros) – alors qu’un maximum d’un million de kyats était possible – le 18 février 2019. Trois semaines plus tard, la dirigeante tombait pour corruption.

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