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Les rumeurs autour du Sars-nCov-19 prospèrent sur Facebook

Dans un supermarché de yangon à 3h du matin après l'annonce du premier cas de coronavirus en BirmanieDans un supermarché de yangon à 3h du matin après l'annonce du premier cas de coronavirus en Birmanie
Dans un supermarché de Yangon à 3h du matin après l'annonce du premier cas de coronavirus en Birmanie
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 30 mars 2020, mis à jour le 30 mars 2020

Parfois cela tourne au mieux à un « Buvez de l’eau chaude, cela tue le virus » ; ou au pire à un « Buvez de l’alcool, cela tue le virus » ; une vidéo montrant un hélicoptère et une voix off expliquant en birman que les autorités exigent de la population qu’elles mettent son linge dehors afin que des hélicoptères puissent pulvériser du désinfectant dessus ; des enregistrements de personnes se présentant comme des représentants officiels du gouvernement et affirmant que des clients d’un grand centre commercial de Yangon avait été contaminés par le Sars-nCov-19 sur place… En Birmanie - mais pas que -, Facebook est devenu le réceptacle de toutes les rumeurs, tous les mensonges, toutes les billevesées que génèrent la peur, l’ignorance, l’incompréhension mais aussi le manque de confiance dans les autorités.

Une situation dangereuse car elle entraîne des comportements de masse incontrôlés et difficilement contrôlables puisqu’environ 90% de la population utilise son téléphone portable pour s’informer. Les affirmations douteuses relatives à l‘alimentation, et à la disponibilité ou pas de riz, entraînent depuis une semaine des poussées d’achats, des bousculades sur les marchés ou dans les supermarchés. Sans compter ceux qui émettent des messages volontairement erronés vantant les vertus de certains type de produits pour « soigner » la maladie… afin d’augmenter leurs ventes.

Le gouvernement semble pour l’instant absolument impuissant à faire cesser ces rumeurs. Les représentants du ministère de la Santé et des Sports expliquent partout que la seule référence fiable durant la crise est le site web spécifique qu’il a mis en place, cela ne freine en rien les rumeurs. Le gouvernement affirme que les auteurs de ces faux seront poursuivis mais comment les identifier ? Et si tous ceux qui partagent ces vidéos et ces mensonges – la plupart du temps sans avoir conscience des implications de leur acte – doivent aller en prison, il ne restera pas grand monde dehors… Les rodomontades n’ont pour l’instant servi de rien, là où les campagnes d’informations servent peu. Des faux comptes Facebook colportant des mensonges sur le coronavirus ont déjà été signalés aux autorités mais à ce jour aucunes mesures contre eux n’a encore été prises. Cette lenteur à réagir, si réaction il y a, fut de même observée pour des faux comptes Facebook lors de la crise de l’Arakan en 2017.

C’est aussi que peu de Birmans comprennent bien ce qu’est un virus et ce que celui-là a de spécifique, les messages ne sont donc pas facilement compris. Et dans une culture qui n’encourage pas à poser des questions ou à l’esprit critique – euphémisme… - il devient alors difficile de faire comprendre au plus grand nombre le danger réel que tout le monde encourt. Alors que des annonces sont faites sur une restriction à venir des déplacements au sein du pays, peu de gens prennent le temps de vérifier si cela est vrai ou faux, et encore moins de s’interroger sur le comportement à adopter vis-à-vis de ces limites. La tendance a été à l’affolement et à se précipiter vers les compagnies de bus. Dans le contexte de faibles ressources humaines, organisationnelles et financières du pays, l’enjeu n’est donc plus de menacer ou punir mais bien de concevoir des messages simples et précis aptes à convaincre des bons gestes et des bons comportements. La lutte contre la rumeur semble elle bel et bien tristement perdue, aussi regrettable cela est-il.

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