Alors que les périodes de congés de Thingyan en Birmanie ou Songkran en Thaïlande s’approchent avec l’épidémie de Sars-nCov-19 en toile de fond, l’ambassade de Birmanie à Bangkok a émis le 16 mars une recommandation publique à l’intention des quelque 3 millions de travailleurs birmans expatriés chez leur voisin du sud (dont seulement 900 000 dans le cadre d’un accord bilatéral de coopération) : « Ne revenait pas au pays pour les vacances ! » L’ambassade recommande à tous ses ressortissants de rester en Thaïlande, de ne pas trop se déplacer et surtout de ne pas chercher à revenir en Birmanie avant au moins le 30 avril.
Et pour achever de convaincre les plus réticents, le ministère thaïlandais de l’Industrie a précisé qu’en accord avec les autorités de Nay Pyi Taw, les Birmans qui repartiront vers leurs pays devront payer à nouveau les 1 000 bahts pour leur visa à leur retour – habituellement, pour cette période spéciale du nouvel an bouddhiste, la Thaïlande accorde une exemption de frais exceptionnelle et laisse sortir et revenir les expatriés provenant des pays voisins sans qu’ils aient à repayer les droits de visa – et surtout que ce retour se fera d’abord par une période de quarantaine de 14 jours durant lesquels les personnes seront sous surveillance de symptômes éventuels de Covid-19.
A ce jour, aucun travailleur birman officiel en Thaïlande n’a contracté la maladie et ils ont en théorie tous reçu des formations et des conseils précis sur comment éviter d’être contaminés et d’être contagieux. Jusque février 2020, de l’ordre de 20 000 citoyens birmans s’expatriaient chaque mois pour la Thaïlande, mais le 18 mars dernier Nay Pyi Taw a décidé de suspendre toute forme d’émigration volontaire légale et a intimé l’ordre aux agences de recrutement de cesser d’opérer.
Avec la crise du Covid-19, un certain nombre d’usines ont fermé en Thaïlande, en théorie temporairement, et grand nombre de travailleurs émigrés est désormais au chômage, souvent en difficultés sociales et économiques et susceptibles de revenir à leur pays de départ. De tels flots de personnes représentent bien sûr un risque important de propagation du Sars-nCov-19 et les pays de la région essaient de se coordonner pour éviter ces mouvements de masse. En temps normal, c’est chaque année plus d’un million de personnes qui reviennent en Birmanie lors des vacances annuelles de Thingyan. Cette absence va avoir un lourd impact sur l’économie birmane.
Depuis le début de l’épidémie, la Thaïlande a officiellement enregistré pas loin de 180 cas de personnes touchées par le Sars-nCov-19 pour un décès.