Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), la Birmanie a perdu environ 1,2 million d'emplois au deuxième trimestre 2021, après la prise de pouvoir par des généraux le 1er février dernier, qui a encore plus handicapé une économie déjà très affaiblie par la pandémie de coronavirus. L’OIT estime que l'emploi s'est contracté de 6% entre avril et juin de cette année par rapport au dernier trimestre de l'année dernière. En chiffre, cela se traduit par plus de 1,2 million de nouveaux chômeurs sur cette période.
L’OIT précise que si la comparaison est maintenant menée avec le dernier trimestre de 2019, juste avant le début de la crise de la gestion de la Covid-19, ce sont plus de 3,2 millions de personnes qui ont perdu leur travail pendant ces 18 mois, soit 15 % de tous les travailleurs du n’ont plus d’emploi. Lorsque le coup de force militaire a eu lieu, « la Birmanie était déjà confrontée à une crise économique grave avec des emplois et des moyens de subsistance menacés en raison de la pandémie de Covid-19 », a déclaré dans un communiqué Donglin Li, représentant de l'OIT en Birmanie. « Et nos estimations montrent une détérioration grave et rapide de l'emploi au cours du premier semestre de cette année, d'une ampleur qui pourrait faire basculer de nombreux habitants du pays dans une extrême pauvreté ».
Les femmes, premières victimes de ce nouveau chômage
Les manifestations, les grèves, le mouvement de désobéissance civile consécutifs à la prise du pouvoir par les militaires, rejetée par la grande majorité de la population, ont paralysé de nombreuses industries durant plusieurs semaines. Depuis, l’économie ne peut pas vraiment repartir car la désobéissance civile est toujours forte et limite efficacement de nombreuses activités. L'intense crise sanitaire qui a commencé depuis début juillet, avec l’augmentation constante du nombre d'infections dues notamment au variant Delta du virus, aggravent encore la crise économique subie de plein fouet par la Birmanie, pays déjà parmi les plus pauvres au monde, classé 160ème sur 190 pays par le Fonds monétaire international en 2020 sur la base du Produit intérieur brut (PIB) par habitant et dont l’économie figure en permanence depuis 10 ans autour des 160ème à 170ème rangs mondiaux selon les indicateurs et les classements considérés.
Pour l’OIT, la crise politique actuelle a « exacerbé les graves impacts de la Covid-19 et a largement déstabilisé l'économie du pays, interrompant une reprise économique attendue »… mais qui n’avait pas commencé.
Comme si souvent dans les crises économiques, les femmes sont plus touchées que les hommes par ce chômage nouveau. Et si tous les secteurs de l'économie sont concernés par ces réductions d’emplois, la construction, l'habillement, le tourisme et l'hôtellerie sont les plus grands perdants, avec une baisse de l'emploi de 35%, 31% et 25% respectivement au cours du premier semestre 2021, selon l’OIT.