« Dégât collatéral », telle est l’expression inventée par les communicants des armées aux moments des guerres des Balkans et de la première guerre du golfe, au début des années 1990, pour ne pas avoir à mentionner les « victimes civiles impuissantes tuées par des bombes », formule infiniment plus vulgaire et moins poétique … L’expression a fait florès et elle peut sous certaines réserves s’employer aujourd’hui pour Jackie, un berger allemand naguère choyé mais devenu un « dégât collatéral » de l’épidémie de coronavirus lorsque son maître et toute sa famille ont été hospitalisés la semaine dernière atteint du Covid-19 et que les autorités régionales ont donné l’ordre de l’euthanasier puisque personne ne s’en occupait plus.
Le chien n’a qu’un an et il appartient à un des administrateurs, l’équivalent de nos maires-adjoints, de la ville de Pauk Khaung, dans la région de Bago. Or, cet homme de 47 ans, sa petite fille de 8 ans, son fils de 10 ans et sa nièce de 18 ans ont tous été contaminés, probablement par l’épouse de l’administrateur, 45 ans, qui vit et travaille à Yangon et a été elle-même testée positive au Covid-19 mardi dernier. Toute la famille ayant été hospitalisée, nul ne s’occupait plus du chien et c’est donc le jeudi qu’a été prise la décision de l’abattre avant qu’il ne devienne dangereux faute de soin.
Mais devant le tollé que cela a suscité, le ministre régional de l’Immigration et des Ressources humaines U Tun Tun Oo a finalement consenti à surseoir à l’exécution si quelqu’un voulait bien prendre le chien en charge. Et Ko Aung Kyaw Moe, qui a créé et anime le refuge animalier de Anada Myitta dans la ville de Pyay, à l'ouest de Pauk Khaung, s’est porté volontaire et a reçu l’autorisation de prendre soin de Jackie le temps du traitement de son maître. « J’ai prévu une niche et un emplacement spécialement pour lui car je veux étudier si le virus peut passer de l’homme au chien ».