Dans leur volonté de voir la Birmanie revenir à la « normale », les dirigeants militaires du pays ont décidé de rouvrir les cinémas. Les salles noires sont en effet closes depuis maintenant plus de 19 mois, leur fermeture temporaire ayant été ordonnée le 16 mars 2020 dans le cadre des mesures de précaution pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Depuis, cet ordre de fermeture a été régulièrement prolongé, jusqu’au 31 octobre 2021 à ce jour.
A en croire le ministre de l'Information Maung Maung Ohn, la réouverture serait cependant imminente. Le 11 octobre dernier, lors d’une cérémonie de passage de 13 cinémas dépendant de l'État sous le contrôle de la région de Yangon, le dirigeant a ainsi affirmé que depuis peu « les artistes reprennent les tournages conformément aux règles de prévention contre la Covid-19 et sont à discuter des conditions pour projeter à nouveau leur œuvres ». Il n'a toutefois pas donné de date pour cette réouverture.
Artistes poursuivis ou emprisonnés
Pendant ces mois de fermeture, l'industrie cinématographique birmane a connu, comme celles des autres pays du monde, un violent ralentissement. Pour certains, le retour des films et éventuellement du public est donc une excellente nouvelle. Les réseaux sociaux ont d’ailleurs été très animés depuis cette annonce. Mais cette reprise possible est loin de faire l’unanimité car nombres de travailleurs du cinéma – réalisateurs, scénaristes, acteurs… dont des personnalités connues - se sont ouvertement opposés au coup de force militaire du 1er février 2020.
Plusieurs artistes sont même aujourd’hui emprisonnés ou en fuite pour justement ne pas être interpellés. C’est par exemple le cas de Ma Eaint, coproductrice et coscénariste du film Money Has Four Legs, qui est incarcérée depuis le 5 juin 2021 sans que la raison de son arrestation soit officiellement connue, ce qui est évidemment une attente a ses droits les plus élémentaires. Sa libération a d’ailleurs été réclamée par de nombreuses organisations du monde du cinéma et Money Has Four Legs, qui a déjà été présenté dans quelques festivals de renom, comme à Busan ou Locarno, sera à nouveau projeté en novembre au Hawaii Film Festival.
Et dans la famille « retour à la normale », les dirigeants militaires veulent aussi que les écoles reprennent à nouveau. Le numéro 2 du pouvoir militaire, le général Soe Win, a ainsi fait savoir que des préparatifs étaient en cours afin que les établissements reprennent après les vacances de Thadingyut, qui se tiennent la semaine du 17 au 23 octobre. Une campagne de vaccination en faveur des élèves de 12 ans et plus est d’ailleurs actuellement en cours. Mais pour l’instant, à l’instar des cinémas, les écoles, y compris privées et monastiques, sont officiellement fermées jusqu’au 24 octobre, toujours en raison de la lutte contre la Covid-19.