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Développer l’artisanat pour développer l’économie locale

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Vanneries sur un marché de Birmanie
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 24 juin 2020, mis à jour le 25 juin 2020

En mai, officiellement plus de 60 000 personnes avaient déjà perdu leur emploi à cause des retombées de la Covid-19. Et ces emplois perdus ne sont que le sommet de l’iceberg, chacun en est bien conscient. Dans le même temps, l’argent devient plus rare dans les foyers, poussant les familles à épargner plus, ce qui réduit d’autant la volonté d’investir dans des formations. De fait, les écoles dites « vocationnelles », des instituts privés, commencent aujourd’hui à faire face à leurs premières difficultés de recrutements. Dans ce contexte, toutes les initiatives de formations gratuites ou à bas coût sont les bienvenues.

Ainsi, l’école artisanale des techniques de laquage de Bagan organise désormais des formations gratuites sur deux semaines. Les méthodes enseignées sont issues du savoir-faire japonais : laquage moulé, incisé, sur mosaïque ou encore doré. Ces produits laqués sont un des commerces phares du site archéologique et toute visite de Bagan s’accompagne tôt ou tard d’une visite dans un centre de fabrication et vente d’objets laqués. Ces souvenirs vont de simples dessous de verre, plateau ou statuettes à de véritables ménagères de luxe, des vases, des pots et parfois des objets de dimensions impressionnantes. Maîtriser les techniques de laquage c’est donc s’assurer un travail rémunérateur lorsque la crise économique s’affaiblira et que les touristes reviendront.

 

Les dauphins de l’Ayeyarwady au secours des villages riverains

Toujours avec le retour des touristes en tête, dans la région de Singu, au bord de l’Ayeyarwady, des communautés se forment à l’accueil et au développement de produits éco-responsables avec le « tourisme vert » en tête. Le directeur-adjoint de la Direction de l’Hôtellerie et du Tourisme de la région de Mandalay, où se situe la circonscription de Singu, explique l’idée derrière ce programme de formation offert aux populations locales depuis plusieurs mois mais qui s'intensifie dernièrement : « Tout est basé sur les dauphins de l’Ayeyarwady, que l’on peut bien voir et observer depuis les berges du fleuve dans la région de Singu, ou depuis des barques circulant localement. Ces dauphins attirent les touristes. Nous formons donc des artisans capables de concevoir et de réaliser des produits à partir de matériaux recyclés. Par exemple des statuettes presse-papiers en forme de dauphin, des sacoches pour ordinateurs ou téléphone portable fabriqués à partir de vieux chiffons ou vieux sacs, avec bien sûr des dessins de dauphins, etc. Et nous expliquons aux riverains les avantages de protéger les dauphins pour faire venir les touristes et donc écouler leur production artisanale. Nous insistons beaucoup sur la notion de qualité et de durabilité des artefacts. Pour l’instant, deux villages participent au programme mais plusieurs autres demandent à y être intégrés ». Et pour cause : « Avec ces savoir-faire, la vente des objets, les visites des touristes, avant la Covid-19, nous avions considérablement augmenté notre revenu. Nous attendons avec impatience le retour des visiteurs », explique un des participants.

Des initiatives similaires ont été lancées à Yangon par la Direction des petites et moyennes entreprises, avec des formations gratuites d’une semaine allant de la cuisine et la restauration à diverses méthodes de travail artisanal.

 

L’artisanat pour lutter contre la pollution

Au-delà d’assurer un revenu aux familles qui ont subi de plein fouet les répercussions de la crise de la Covid, ces projets ont aussi pour but de dynamiser le secteur de l’artisanat qui est en perte de croissance. Bien qu’un savoir continue de se transmettre entre les générations, les plus jeunes sont moins intéressées par la confection d’étoffes tissées à la main, la ferronnerie ou encore la vannerie… Dur, lent, avec des perspectives de développement peu évidentes de nos jours. Localement, l’artisanat fait face à une baisse de la demande au profit des produits manufacturés, importés. Le plastique remplace le bambou dans des biens des maisons, des jardins, des activités. Les zones rurales sont les premières touchées, en effet 60 % de l’artisanat y est fabriqué.

A terme les objets artisanaux trouveront sans doute des acheteurs dans les zones touristiques, les zones plus reculées auront du mal à écouler leurs marchandises. Une perspective de développement pour les artisans serait de vendre localement des produits du quotidien en revendiquant, à juste titre, d’être moins polluant. Par exemple, cet argument s’adapte parfaitement aux sacs en rotins face à l‘usage croissant des sacs en plastique qui polluent partout. Un autre moyen de renforcer les débouchés de ces activités serait de créer des circuits courts d’approvisionnement permettant aux artisans d’écouler facilement leur production dans les grands centres urbains où se trouvent nombre d’acheteurs potentiels. Une option qui pour l’instant n’est pas vraiment mise en place.

 

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