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Deux mères réclament leurs enfants mineurs enrôlés dans l’armée

Les mères de Ahr Byar Han et Al Lwi Sei en BirmanieLes mères de Ahr Byar Han et Al Lwi Sei en Birmanie
Les mères de Ahr Byar Han et Al Lwi Sei
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 25 décembre 2019, mis à jour le 25 décembre 2019

Elles sont mères, tristes, hésitantes, et après bien des tergiversations elles ont décidé de rendre publique ensemble la cause commune de leur détresse : récupérer leurs fils enrôlés dans l’armée régulière birmane (la Tatmadaw) alors qu’ils sont encore mineurs, et autiste léger pour l’un d’eux, et que l’armée birmane est signataire depuis 2012 du traité des Nations-Unies contre le recrutement et l’emploi d’enfants-soldats.

Daw Shoe Nay Hpal et Daw Mu Dan, mère respectivement de Al Lwi Sei, 16 ans, et Ahr Byar Han (Abraham transcrit dans la langue locale), 17 ans, ont tenu une conférence de presse commune à Yangon le 20 décembre dernier pour demander officiellement que leurs enfants leur soient rendus. Selon sa famille, Al Lwi Sei est autiste léger et n’a qu’une compréhension réduite du monde dans lequel il vit. Il est donc facilement impressionnable et influençable. Les deux adolescents viennent du sud de l’état de Shan.

Dans le cas de Ahr Byar Han, toujours selon les dires de sa mère, la famille a été approchée par un sous-officier en mai 2018, lequel a obtenu l’accord des parents pour partir avec l’adolescent après avoir promis « de le placer dans une bonne école ». Mais « mon fils a alors disparu. Nous n’avions plus aucune nouvelle, nous ne savions pas où il était passé. Ce n’est qu’après huit mois de recherches que nous avons enfin pu trouver le sous-officier et que nous lui avons alors demandé des comptes. Nous avons alors appris qu’en fait d’école, Ahr Byar Han avait rejoint l’armée. Il n’a pas 18 ans ! Nous avons alors dit à ce sous-officier que nous voulions que notre fils revienne avec nous, le sous-officier a promis de s’en occuper… et il a à nouveau disparu. Alors je suis venu en parler publiquement pour que l’armée nous rende notre enfant ». Depuis peu, les parents de Ahr Byar Han savent que leur fils appartient au bataillon 46, cantonné dans l’état de Kachin, pas loin de zones de combats avec des mouvements armés ethniques.

La situation de Al Lwi Sei est un peu différente : il n’est simplement pas revenu d’une sortie avec ses amis en avril 2019. Or, l’adolescent est autiste léger et s’effraie facilement, de tout. Les parents ont d’abord mené des recherches par eux-mêmes puis en désespoir de cause se sont tournés vers la police en signalant officiellement la disparition. Le lendemain, les policiers avaient repéré le jeune homme : au bataillon d’infanterie légère 427 stationné à Demoso, dans l’état de Kayah. Les parents se sont immédiatement rendus sur place pour réclamer leur rejeton, papier d’identité de l’enfant en main pour prouver qu’il est encore mineur, mais ils se sont heurtés à une fin de non-recevoir de la part de l’officier commandant le bataillon qui leur a signifié que Al Lwi Sei avait signé un engagement de cinq ans et qu’il allait donc faire ses cinq ans. La preuve de l’âge de l’adolescent n’a pas eu le moindre effet sur cet officier.

Les deux mères ont finalement décidé d’en appeler à l’opinion publique en racontant leurs histoires aux médias. La Tatmadaw a fait savoir qu’elle n’enrôlait pas les mineurs et que donc ces deux cas lui paraissaient sujets à caution. Mais un général a aussi réagi en promettant une enquête, le retour des deux adolescents dans leurs familles et des sanctions contre les recruteurs si les faits étaient avérés. En mars 2019, suite à un travail conjoint avec l’Unicef, la Tatmadaw avait libéré 900 enfants soldats de ses rangs.

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