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Comment le gouvernement essaie de limiter la crise économique

Réunion du comité central de prévention, de contrôle et de traitement du Covid-19Réunion du comité central de prévention, de contrôle et de traitement du Covid-19
Réunion du comité central de prévention, de contrôle et de traitement du Covid-19
Écrit par Juliette Verlin
Publié le 6 mai 2020, mis à jour le 6 mai 2020

Réduire l’impact du ralentissement de l’économie à court et moyen terme est l’objectif que poursuit le gouvernement birman et ses institutions à travers plusieurs mesures et recommandations depuis début avril. Les organismes de microfinance ont par exemple reçu la consigne du Comité de supervision des entreprises de microfinance, qui dépend du ministère de la Planification et des Finances, de ne pas avoir recours à des mesures contraignantes pour collecter l’argent des prêts, intérêts comme principal, étant donné que la plupart des emprunteurs sont des travailleurs à faible revenu, potentiellement impactés par la pandémie. Sur les plus de 80 entreprises de microfinance de la région de Yangon, une dizaine a étendu sa période de remboursement. Cette mesure aura nécessairement un coût pour les entreprises elles-mêmes, et affaibli leurs capacités de prêts puisque la microfinance fonctionne avant tout par un système de d’autofinancement alimenté par l’argent des remboursements.

Les hôtels et agences de voyage, secteur particulièrement mal en point, seront exemptés des frais de licence d’exploitation pendant une année à compter du 1er avril 2020, a annoncé le ministère de l’Hôtellerie et du Tourisme. Le ministère du Commerce, lui, a suspendu les frais d’importation pour les médicaments et les matières premières médicales afin de soulager le secteur hospitalier et médical. Les vendeurs de voiture voient leur licence d’importation prolongée de deux mois afin de faire face à la chute de la demande. Au sein de ce ministère, la Direction du commerce international a ordonné aux exportateurs de riz de vendre 10 % de leur stock à une réserve nationale tenue par le gouvernement afin d’assurer une certaine sécurité alimentaire et une stabilité des prix.

Pour ne pas priver les entreprises de leur trésorerie, le gouvernement a aussi prolongé à la fin de l’année fiscale le délai de paiement des taxes salariales et commerciales dues pour les deuxième et troisième trimestres. La Banque centrale de Birmanie a de son côté réduit son taux d’intérêt directeur de 0,5 points le 12 mars, puis une autre réduction d’un point supplémentaire le 1er avril, cela afin de faciliter l’accès à l’argent liquide pour les banques commerciales qui prêtent ensuite aux particuliers. Le pays connaît actuellement les taux de banque centrale les plus bas de son histoire.

En plus de ces mesures égrenées au fil des jours, le 27 avril dernier le ministère de la Planification et des Finances a lancé un « plan complet de stimulation de l’économie ». Annoncé comme destiné à « atténuer l'impact économique inévitable créé par le Covid-19 tout en établissant les fondations qui faciliteront la reprise économique rapide de la Birmanie », ces mesures s’adressent aux acteurs estimés comme les plus vulnérables aux conséquences de la pandémie : l’industrie manufacturière, le tourisme et les entreprises de petite et moyenne taille. L’une des mesures phares sont les prêts à un taux d’intérêt à 1%, un vrai cadeau dans un pays où l’inflation dépasse probablement aujourd’hui les 9 % sur un an. A ce jour, 200 « prêts Covid-19 » pour un total d’environ 10,5 milliards de kyats (autour de 7 millions d’euros) ont été approuvés, l’argent venant d’un fonds de 100 milliards de kyats constitués par des prélèvements sur d’autres budgets de l’état. A terme, le plan prévoit une augmentation de ce fond à 200-500 milliards de kyats avant la fin de l’année. Les prêts à 1% sont eux remboursables sur un an. Quant aux créances « pourries » qui mettent en danger de nombreuses banques birmanes, une entreprise de gestion d’actifs qui managera ces emprunts pour une durée de 5 à 7 ans sera créée « dès que possible » afin de réduire l’impact de ces prêts non-productifs sur les banques.

Plutôt que d’offrir des subventions salariales ou de suspendre les taxes aux entreprises, le plan prévoit un report de ces taxes, des crédits d’impôts pour les entreprises qui décident de conserver leurs salariés, et des mesures de soutien envers les salariés licenciés grâce au Social Security Board. Des transferts d’argent via des applications mobiles, d’un montant « approprié […] pour les foyers les plus vulnérables et affectés » seront mis en place, sans que l’on ne sache encore comment et de quels montants. Une compétition intitulée « Challenge Grant » sera lancée entre les entreprises de haute technologie du pays, pour encourager les idées innovantes dans le combat contre le Covid-19.

Le programme propose plusieurs autres mesures pour soutenir les ménages, en prolongeant la distribution de produits de base aux plus vulnérables, comme pendant Thingyan, et des transferts d’argent aux nouvelles mères et aux personnes âgées. Des projets d'infrastructures communautaires sont également prévus pour créer de l’emploi massivement, ainsi que des programmes de « travail contre rémunération » et des prêts pour les agriculteurs. Mais ce qui marque le plus dans tout ce plan est son flou : des grandes lignes et peu de détails, peu d’information sur l’ampleur des projets sont disponibles. Or, s’il y a bien une chose dont l’économie a horreur, c’est l’incertitude : nombreux sont ceux qui doutent ouvertement que ces mesures vont suffire ou même atteindre un minimum leur objectif.

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