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Cinq civils victimes de harcèlement militaire dans l'Arakan

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Les cinq hommes conduits au tribunal le 7 mai dernier
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 14 mai 2020, mis à jour le 15 mai 2020

Les méthodes de l’armée régulière birmane et de la police – qui est une institution militaire en Birmanie – suscitent de plus en plus la colère des habitants de l’état de l’Arakan et alimentent le rejet de l’état fédéral, selon un militant autonomiste arakanais. La vidéo du tabassage de civils ligotés et aveuglés a beaucoup marqué les esprits dans tout le pays, au point que le haut-commandement militaire a préféré faire profil bas et reconnaître ce tabassage comme « une méthode déplacée ». Cependant, les abus et les brimades du quotidien sont souvent moins perceptibles mais tout aussi, sinon plus, facteur de ressentiment. Exemple typique du harcèlement opéré par les militaires, le cas de ces cinq civils arakanais du village de Sar Pyin, dans la circonscription de Taungpu, convoqués par la police pour un interrogatoire et qui se sont rendus docilement au commissariat début avril dernier. Parmi eux, un député de Parti national arakanais. Après avoir été entendus, ils ont été inculpés dans le cadre de la loi contre le terrorisme pour « appel à soutenir le mouvement terroriste de l’Armée de l’Arakan (AA) et pour collecte d’argent et de nourriture en faveur de celle-ci » et immédiatement incarcérés. Selon les militaires, l’interrogatoire de quatre membres de l’AA aurait conduit à la dénonciation de ces cinq hommes. Les officiers ne précisant pas la nature des méthodes de cet interrogatoire, notamment si ces méthodes étaient « déplacées » ou pas…

Le 7 mai dernier, le délai de détention provisoire expirait et la police a alors dû conduire les accusés devant un tribunal… qui les a rapidement acquittés au vu du dossier « qui ne comporte aucune preuve ou même élément de preuve pouvant conduire à des soupçons », selon le juge. Quelle n’a alors pas été la stupeur des familles des prévenus, qui attendaient devant le tribunal, de voir malgré tout leurs proches ressortir encadrés de policiers et être reconduits vers leurs cellules. « La police les accuse maintenant d’être impliqués dans une attaque à la bombe », explique un dirigeant local du Parti national arakanais, « c’est complètement nouveau, il n’en a jamais été fait mention auparavant. C’est juste du harcèlement ». L’attaque en question est avérée, mais quant aux liens des prévenus avec… Interrogé sur le cadre légal dans lequel ces cinq hommes étaient désormais détenus, le chef de la police n’a d'ailleurs pas été capable de répondre : « C’est toujours la loi contre le terrorisme, mais je ne sais pas encore quel article. Nous allons demander conseil à l’administration judiciaire pour cela ».

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