Selon diverses études, dont « L’enquête sur la consommation de nourriture et de micronutriments en Birmanie » conduite en 2017-2018 et dont les résultats ont commencé à sortir depuis février 2019, l’alimentation des Birmans laisse grandement à désirer en matière de qualité et d’équilibre, la faute parfois à la pénurie ou à la difficulté de se procurer de la nourriture mais la faute surtout à une totale ignorance des règles et des connaissances de base en matière de nutrition et de diététique, domaine qui n’est pas abordé à l’école et pas vraiment traité non plus dans les médias. Du coup, faute d’informations, la plupart des Birmans savent qu’il existe un lien entre ce que nous mangeons et notre santé, mais là où en occident ce lien repose sur des analyses scientifiques, en Birmanie il repose sur des croyances religieuses. Par exemple, ne jamais consommer un mangoustan avec du sucre ou boire du café en grignotant une banane : de nombreux Birmans sont persuadés que de telles associations peuvent entrainer la mort.
C’est donc pour commencer à faire connaître les bonnes pratiques favorables à la santé que le ministère de la Santé et des Sports élabore actuellement un guide de nutrition et de diététique qui se présentera comme un tableau explicatif de plus de 200 aliments, incluant fruits divers, légumes, produits contenant de l’amidon, lait et laitage, desserts, etc. Le guide prévoit d’expliquer ce que sont des protéines, des lipides, des glucides, des vitamines, des fibres… D’après les explications de Dr Daw Lwin Mar Hlaing, directrice-adjointe du Centre national de la nutrition, il y figurera aussi des menus-types servant à illustrer les notions d’équilibre alimentaire et servant de support didactique à des données chiffrées sur les portions quotidiennes minimales et maximales nécessaires suivant les individus et leurs activités. Avec ce guide, qui devrait en théorie être rendu public avant mai 2020, les enseignants disposeront d’un outil pédagogique les aidant à présenter et expliquer aux enfants des notions de base, et le grand public pourra l’utiliser pour mieux choisir sa nourriture, précise le Dr Daw Lwin Mar Hlaing.
Un travail de fond plus que nécessaire puisque « L’enquête sur la consommation de nourriture et de micronutriments en Birmanie » révélait que dans tout le pays plus d’un quart des enfants de moins de cinq ans souffraient d’un retard de croissance et qu’un enfant sur cinq était en sous-poids, trop maigre pour sa taille. Des chiffres qui ne s’expliquent pas par le manque de nourriture mais plutôt par le manque de diversité de celle-ci, provoquant des déséquilibres nutritionnels qui nuisent au développement mental et physique des jeunes.