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Aung San Suu Kyi devant ses juges

Aung San Suu Kyi procès coup junte Birmanie 2021Aung San Suu Kyi procès coup junte Birmanie 2021
Daw Aung San Suu Kyi
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 24 mai 2021, mis à jour le 25 mai 2021

Hier, lundi 24 mai, a marqué la première apparition publique de Daw Aung San Suu Kyi depuis son arrestation par des militaires le 1er février 2021. L’ex-Conseillère d’état a comparu en personne devant un tribunal spécial pour répondre des six chefs d’accusation qui pèsent sur elle.

Prisonnière dans un lieu tenu secret, elle n’avait jusque-là été vue que lors des comparutions précédentes, toutes par visio-conférence. Si elle est reconnue coupable, elle pourrait être condamnée à de longues années de prison, pour l’instant un maximum de 14 ans.

L'ancienne cheffe de facto du gouvernement civil a pu enfin rencontrer ses avocats – elle en avait été empêchée jusque-là pour « raison de sécurité », selon l’armée –, qui ont pu constater qu’elle était en bonne santé. L’ex-dirigeante a évoqué « son peuple », et pas « le peuple », et a affirmé que son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) « existera tant que le peuple existera, car ce parti a été fondé pour le peuple », selon ses avocats.

Des élections 2020 « pas aussi libres et équitables qu’en 2015 »

Sans doute une réponse au président de la nouvelle Commission électorale qui a déclaré vendredi 21 mai souhaiter dissoudre officiellement la LND pour avoir fraudé aux dernières élections législatives, à l’automne 2020. L’Union européenne a immédiatement protesté. La LND avait obtenu une majorité absolue aux élections de novembre, critiquées pour un manque de transparence mais dont les résultats ont été « de manière générale, représentatifs de la volonté de la population de Birmanie », selon l'Asian Network for Free Elections (Anfrel) dans son rapport intitulé « La démocratie attaquée » et portant sur son observation du scrutin du 8 novembre 2020.

Lequel Anfrel relève toutefois – et l’écrit en toutes lettres - que la LND a bel et bien reçu un traitement de faveur de la part de la Commission électorale de l’époque, que la transparence des listes électorales posait un réel problème, que les mesures anti-covid qui ont permis de limiter les campagnes électorales de partis rivaux n’ont pas été appliquées à la LND avant que les plaintes des dits rivaux ne soient vraiment nombreuses, que la LND – mais aussi d’autres partis dont le PUSD proche de l’armée – avait pratiqué l’achat de voix et que la LND y avait ajouté la désinformation quant à des projets d’infrastructures, que de nombreux candidats n’avaient pas respecté les règles de financement de leur campagne électorale et n’avait pas été inquiétés une fois élu malgré la loi, que des actes de censure contre les campagnes des partis rivaux de la LND ont eu lieu, que la Commission électorale de l’époque « avait favorisé le parti au pouvoir [la LND] lors de tous ses arbitrages dans cette campagne électorale » et que globalement les élections de 2020 « n’ont pas été aussi libres et équitables qu’en 2015 ».

Créer une Commission électorale « neutre et indépendante »

En gros, l’Anfrel reconnaît que les reproches des opposants à la LND – dont l’armée – sont fondés sur leur nature mais pas sur leurs conséquences et que l’ensemble de ces biais ont certes aidé considérablement la LND, mais pas au point de remettre en cause le résultat général du scrutin, à savoir la victoire du parti d’Aung San Suu Kyi. Une assertion qui rend encore plus incompréhensible le refus de la Commission électorale de l'époque de se saisir des plaintes et de les traiter dans un délai acceptable, une défaillance du mécanisme de règlement des contestations que l’Anfrel pointe d’ailleurs du doigt et condamne.

L’organisme, qui fait preuve d’une grande transparence et probité dans son rapport, insiste en conclusion sur le fait que « la Constitution et la loi électorale birmanes sont en dessous des normes internationales » et que les élections en Birmanie ne sont pas démocratiques tout simplement parce que la Constitution ne l’est pas non plus. Parmi ses recommandations, la toute première est donc de modifier ce texte fondamental. Ensuite, l’Anfrel recommande entre aussi aussi de modifier le mécanisme de nomination de la Commission électorale pour s’assurer qu’elle soit « neutre et indépendante ».

 

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