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L’Armée de l’Arakan veut plus de musulmans dans l’administration et la police

Des membres de l'Armée de l'Arakan administrent un vaccin anti-covid en BirmanieDes membres de l'Armée de l'Arakan administrent un vaccin anti-covid en Birmanie
Des membres de l'Armée de l'Arakan administrent un vaccin anti-covid
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 19 août 2021, mis à jour le 20 août 2021

Dans une interview à un media local, le major-général Twan Mrat Naing, chef de l’Armée de l’Arakan, a insisté sur l’intégration des musulmans dans son projet d’indépendance de l’Arakan.

Alors que l’armée birmane régulière – la Tatmadaw - doit combattre sur plusieurs fronts à l’Est du pays – contre la Kachin independance army (KIA), contre la Karen national liberation army (KNLA) ou encore contre les factions karennis… - et à l’intérieur même contre les diverses milices locales des Forces de défense du peuple (PDF), elle a préféré observer une trêve avec l'Armée d'Arakan (AA), aujourd’hui le principal mouvement armé de l’Arakan. Les généraux ont retiré l’AA de la liste des organisations terroristes où le gouvernement précédent de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) l’avait mise, et lui ont tendu la main pour obtenir un répit militaire.

De son côté, le mouvement arakanais s’attache à prouver aux yeux de la population locale comme à ceux des principaux acteurs géopolitiques régionaux qu’il est plus qu’une milice combattante, plutôt un véritable parti de gouvernement apte à mettre en place des institutions civiles bénéficiant à la population. Une politique qui ressemble un peu à celle suivie par l’UCK au Kosovo à la fin des années 1990… L’AA a donc profité de la crise birmane actuelle pour étendre peu à peu le territoire sous sa domination et y établir progressivement une administration à ses ordres. Un dirigeant arakanais de l’Arakan National Party, le principal parti local institutionnel, estimait voilà quelques semaines « qu’environ un tiers de l’Arakan est maintenant sous le contrôle réel de l’AA ».

 

La « révolution » interne de l’Armée de l’Arakan

D’autres sources indiquent que 75% de la population de cet état soutient le mouvement combattant. Comme le rappelle le magazine birman Frontier, « lorsque la commission électorale de l'Union nommée par la LND a annulé les élections de 2020 dans une grande partie de l’Arakan pour des raisons de ‘sécurité’, elle a privé de leurs droits environ 73 % des électeurs de cet état. En conséquence, de nombreux habitants ont apporté leur soutien à l'AA. Le groupe armé a alors lentement renforcé ses capacités administratives ».

Et pour l’AA, le principal écueil a une reconnaissance internationale de facto est le traitement réservé aux populations musulmanes locales, violemment rejetées par les Arakanais, bouddhistes, entre 2016 et 2018. La déclaration du major-général Twan Mrat Naing, chef de l'AA, lors d'une interview accordée à Arakkha Media le 15 août, sur la nécessité « que les musulmans de l'État d'Arakan participent davantage aux tâches administratives et au travail de police de la Ligue unie d'Arakan/Armée d'Arakan » n’est donc pas passée inaperçue des spécialistes.

Le dirigeant affirme que son mouvement réfléchit actuellement à « sa ‘révolution’ interne en cours ». Et pour lui donc, « il faut que les musulmans participent davantage à notre administration et au travail de la police. Nous prévoyons également de leur offrir des formations sur le travail de bureau, la gestion et le droit. Nous devrons mener cela étape par étape ».

 

Les quatre étapes de la révolution dans l’Arakan

Dans cette interview, le major-général Twan Mrat Naing est aussi revenu sur les efforts récents de l'AA de mettre en place un système judiciaire indépendant : « Nous voulons une vraie justice indépendante. Nous essayons donc de prendre en charge les salaires de ceux qui travaillent dans notre direction de la justice. Nous avons assuré la formation de nos juges, par exemple, et ils ne sont pas autorisés à rencontrer en dehors du tribunal des personnes impliquées dans un litige qu’ils traitent ». Un commentaire faisant référence aux efforts de lutte contre la corruption, notoire au sein du système judiciaire birman.

Et le chef de l'AA de rappeler l’approche de la révolution de son mouvement : le début de la révolution, la période révolutionnaire, la période de la rivalité et la conquête finale de l'État d'Arakan. Pour le major-général Twan Mrat Naing, l'Arakan se trouve actuellement dans la troisième étape.

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