Édition internationale

Un an après la "révolution safran", les moines sous surveillance espèrent toujours

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Claire MARLI - Moines devant la Yangon River, à Rangoon
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 27 avril 2023

Les mesures de sécurité ont été renforcées à Rangoun, pour l'anniversaire des manifestations réprimées dans le sang par la junte en septembre 2007. Les moines et les opposants sont toujours sous surveillance étroite, mais ils n'ont pas abandonné l'espoir de résister à la dictature militaire, dans un pays qui reste l'un des plus pauvres de la planète. Reportage

"Presque tous les jours, nous parlons de politique. Mais que pouvons-nous faire ? Moi je n'ai rien. En face, ils ont des armes", regrette Maung Maung, un jeune moine birman de 33 ans. Il y a un an, ce bonze manifestait avec des milliers d'autres dans les rues de Rangoun, pour protester contre les violences faites aux moines dans d'autres villes et affirmer son soutien à la population, après l'explosion du prix du pétrole et des denrées alimentaires. L'espoir suscité par ce que les médias ont appelé la "révolution safran", en référence au rouge foncé des robes des moines, avait été étouffé le 27 septembre 2007, par une violente répression de la junte, faisant au bas mot trente morts et des centaines de blessés.

Moines et opposants toujours persécutés

Aujourd'hui, les moines suivent de très près la situation politique de leur pays. Mais il est leur est difficile de faire entendre leur voix. 196 moines sont actuellement détenus par la junte, selon l'Association d'Assistance aux Prisonniers Politiques pour la Birmanie (AAPP), basée en Thaïlande. Des arrestations de moines et d'opposants ont lieu régulièrement. La semaine dernière, Nilar Thein, une activiste de longue date a été arrêtée. Selon Amnesty International, elle risque la torture. La junte utilise aussi d'autres moyens de pression. "La semaine dernière, des officiels sont venus nous faire des offrandes. Mais ils ont dit au moine supérieur: "arrêtez d'enseigner à vos moines comment protester ou nous fermons définitivement le monastère", raconte Maung Maung. Certains abbés ont choisi le côté du gouvernement, ce que beaucoup de Birmans ne leur pardonnent pas. A Bago (Pegu), à 80 kilomètres au nord de Rangoun, la population refuse toujours de donner du riz au monastère de Kha Khat Wain Kyaung, l'un des plus grands du pays. L'an dernier, le moine supérieur avait fait fermer les portes du bâtiment pour empêcher les bonzes de descendre dans la rue. A l'approche de l'anniversaire de la répression, la sécurité a été renforcée à Rangoun et dans les grandes villes du pays. Des patrouilles et des officiers de police en civils surveillent les abords des monastères et des pagodes.

Les visites de l'envoyé de l'ONU n'ont rien changé

Le coût de la vie, qui avait provoqué les manifestations de l'an dernier, ne s'est pas amélioré. Après le passage du cyclone Nargis en mai, les prix du riz et de l'huile ont explosé. Depuis, ils se sont stabilisés, sans revenir à leur niveau antérieur. La semaine dernière, un moine a tenté de se suicider en se tranchant la gorge devant la pagode Shwedagon à Rangoun, l'une des plus importantes du pays. Il aurait agi pour des raisons économiques, parce qu'il ne pouvait pas payer le traitement pour ses jambes brisées dans un accident de la route.
Les visites de l'envoyé spécial des Nations Unies, Ibrahim Gambari, ne semblent pas avoir changé quoi que ce soit à la situation. Aung San Suu Kyi a même refusé de rencontrer le Nigérian lors de son dernier passage en août. La chef de file de l'opposition vient tout juste d'accepter de nouveau les livraisons de nourriture, après plusieurs semaines de refus, apparemment pour protester contre sa détention en résidence surveillée. Lire aussi la version longue de ce reportage en Birmanie sur La Croix.com

Claire MARLI (lepetitjournal.com/bangkok) jeudi 25 septembre 2008

Les sites d'opposition visés par une cyber-attaque
Les sites internet de plusieurs médias d'opposition birmans basés à l'étranger ont été victimes d'une cyber-attaque la semaine dernière. Elle a été lancée la veille du 18 septembre, date anniversaire du début des manifestations à Rangoon l'an dernier. Les sites de l'Irrawaddy, du New Era Journal et de Democratic Voice of Burma ont été inaccessibles pendant trois jours. Ils le sont de nouveau depuis samedi. "Beaucoup dans la communauté birmane pensent que les autorités militaires sont derrière ces attaques", affirme le message aux abonnés de la newsletter de l'Irrawaddy. La vitesse des connexions dans les cafés Internet de Rangoon a également été considérablement ralentie la semaine dernière. En 2007, beaucoup de témoignages et d'images sur les manifestations avaient été envoyées par des internautes depuis l'intérieur de la Birmanie. (C.M - LPJ 25/09/08)

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Publié le 25 septembre 2008, mis à jour le 27 avril 2023

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