Fondée suite à la crise des déchets de 2015, Cedar Environmental est connue dans la région de Beyrouth pour son ambition du « zéro déchet » et son efficacité en matière de gestion des détritus.
Le bureau de Ziad Abichaker est fait de plastique et de mouchoirs recyclés. Les murs sont couverts d’articles de journal. On peut distinguer plusieurs photos de lui ou de machines dessinées par sa société. Plusieurs pages sont empilées par terre, et attendent de rejoindre le mur. Le succès de son entreprise, Cedar Environmental, est incontestable.
La structure repose sur trois piliers : le « personnal working space » de M. Abichaker à Beyrouth, son usine et son centre de recyclage. Ce centre est situé à 20 minutes de Beyrouth, sur les contreforts du Metn. Un contrat avec Beit Mery (15.000 habitants environ) lui permet de récolter les 18 tonnes de déchets que la ville produit chaque jour. Les poubelles sont posées sur un tapis roulant où les 23 employés sur place trient à la main les déchets qu’elles contiennent.
Seuls les déchets alimentaires sont transformés dans ce centre grâce à un fermentateur qui en fait du compost. Ce compost est revendu à des agriculteurs. Les cartons et les bouteilles en plastique sont compressés puis envoyés dans des usines de conversion indépendantes. Les bouteilles transparentes partent en Turquie afin d’être transformées en fibre, puis exportées en Europe. Les bouteilles colorées sont transformées en pots de fleurs ou en cagettes pour les exploitants agricoles. Le carton est repulpé dans une autre usine pour en faire du papier. Le verre est géré par la Green Glass Recycling Initiative (GGRI) qui donne cette matière première aux derniers souffleurs de verre du Liban qui la travaillent pour en faire de nouveaux objets. Le métal est vendu puis envoyé dans des « scarpyards », des entrepôts de casse, en Turquie ou en Italie. Il n’existe pas de site pour le métal au Liban. Chaque type de déchet a son utilisation propre, c’est ce que le gérant de l’entreprise appelle le « zero waste ».
Les sacs plastiques en nylon sont la matière la plus présente dans les poubelles libanaises, mais aussi la plus difficile à réutiliser. Le plastique est broyé dans le centre, puis envoyé dans l’autre usine de la société. Ce plastique est alors transformé en panneaux solides qui servent à orner des meubles ou fabriquer des murs végétaux puis revendus. Cedar Environmental a récemment lancé le « street recycling bin project » qui consiste à utiliser ces panneaux pour construire des poubelles de tri dispersées partout dans Beyrouth. Ziad Abichaker a également créé une autre matière, plus solide, avec ces mêmes sacs. Selon lui, « l’usage de ces panneaux est infini ».