Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

OXFAM – Une ONG à l’écoute des Libanais et des réfugiés

Fayez 0916Fayez 0916
Joelle Bassoul avec Fayez, qui a fui Raqqa pour la plaine de la Békaa
Écrit par Juliette Vincent
Publié le 3 novembre 2017, mis à jour le 3 novembre 2017

L’organisation, qui emploie 80 personnes au Liban, intervient dans les domaines de l’humanitaire et du développement. Rencontre avec Joëlle Bassoul, chargée de communication de l’organisation, dont le siège se situe dans le quartier de Hamra.

 

La crise syrienne dure depuis bientôt sept ans. Quelles sont vos différentes actions autour de cette crise ? 

La crise syrienne a généré le déplacement de populations le plus important de notre époque. Nos actions en Syrie, au Liban et en Jordanie ont débuté en 2013. Pour pousser à une résolution du conflit et soutenir les populations vulnérables, l’équipe publie fréquemment des rapports, et fait campagne auprès des gouvernements et pour la réinstallation des refugies syriens dans d’autres pays plus riches que les pays de la région. L’objectif est de trouver une solution politique négociée qui soit inclusive de toutes les composantes de la communauté syrienne, notamment les femmes. C’est aussi un engagement humanitaire , ce qui nous amène à aller sur le terrain et échanger avec les populations. 

Il y a plus de cinq millions de réfugiés syriens qui ont quitté leur pays et sont officiellement enregistrés au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), l’agence qui gère la réponse humanitaire. C’est l’équivalent d’un quart de la population de la Syrie. A travers notre campagne, nous leur offrons la possibilité de faire passer un message aux officiels, ceux impliqués dans le conflit et les négociations de paix. 

 

Avez-vous l’impression que la population syrienne n’est pas assez écoutée ? 

À la Conférence des donateurs de Bruxelles, en avril dernier, nous avons remarqué qu’il y avait une représentation syrienne très limitée. C’est un point que nous avons d’ailleurs souligné auprès des organisateurs Ils parlent de la reconstruction de la Syrie, de la réponse humanitaire mais qui est à l’intérieur du pays ? Ce sont les Syriens! La réponse humanitaire est livrée par les Syriens en Syrie. Oxfam avait deux sièges pour les réunions ministérielles à Bruxelles et a décidé de les laisser aux organisations syriennes qui doivent impérativement avoir voix au chapitre. 

 

Comment se traduisent vos campagnes et vos rapports ? 

Chaque année, les organisations internationales, les gouvernements et les bailleurs de fonds se regroupent pour promettre des fonds destinés à subvenir aux besoins des populations touchées par la crise syrienne, que ce soit les refugies ou leurs hôtes dans les pays voisins de la Syrie. Lors de la réunion organisée à Bruxelles cette année, huit milliards d’euros ont été demandés, mais les besoins ne sont toujours pas couverts. 

Le rôle d’Oxfam est de militer pour que les bailleurs de fonds tiennent leurs promesses. L’organisation a par exemple montre à plusieurs reprises que les pays riches ne donnaient pas leur part équitable de fonds à la réponse humanitaire, compare à la taille de leur économie. Cela est le cas aussi pour la réinstallation des refugies dans des pays tiers. En 2016, la France, par exemple, a promis d’accueillir 18.000 personnes mais elle pourrait en accueillir 25.926. À l’inverse, la Canada a accueilli 39.532 personnes alors que sa ‘part équitable’ se limitait à 15.945. 

 

Quelles sont vos actions sur le terrain ? 

Nous avons un grand dispositif en matière d’accès à l’eau. On travaille sur deux volets au Liban et en Jordanie. Dans la Bekaa, beaucoup de réfugiés vivent dans des tentes sur des propriétés privées et n’ont pas forcément un accès à l’eau potable mais tous les réfugiés paient un loyer. Oxfam leur a construit des toilettes, distribué des réservoirs pour acheminer l’eau dans les camps. 

En Jordanie, on travaille à Zaatari, le plus grand camp de réfugiés syriens. On a installé un réseau d’eau. Ce sont des mesures d’urgence mais on se bat aussi pour leurs droits, en leur expliquant les démarches à suivre pour pouvoir rester dans la légalité sur leur terre d’accueil. 

 

Vous y parvenez ? 

Nous avons des équipes constamment sur le terrain, qui font du porte à porte pour parler aux refugies, et nous travaillons aussi avec des organisations locales bien ancrées dans la société libanaise et les zones urbaines accueillant des refugies. On leur explique par exemple comment enregistrer des mariages, des naissances, des décès. C’est un droit humain de base. Si un réfugié syrien a un enfant, il faut le faire enregistrer, sinon il peut devenir apatride. 

On se doit de leur expliquer à qui ils peuvent parler s’ils ont un souci administratif. Il y a eu des situations où des femmes allaient accoucher dans des centres médicaux mais la famille ne pouvait pas payer les dépenses médicales. L’hôpital refusait alors de laisser partir le nouveau-né. Dans ce cas précis, si la famille nous appelle, on la met en relation avec le HCR pour qu’il puisse payer les frais. 

Oxfam aide les réfugiés mais les Libanais également. Dans une petite communauté de la Bekaa par exemple, le nombre de réfugiés syriens est trois fois supérieur à celui des Libanais. Les infrastructures de base étaient déplorables. Nous avons réhabilité tout le système sanitaire d’une des écoles principales, aménagé des parcs où les deux communautés peuvent se retrouver et échanger. 

 

Comment soutenez-vous les Libanais? 

L’un de nos objectifs est de renforcer les capacités des Libanais sur le marché du travail. Nous avons lancé un programme de soutien au développement des entreprises de petite taille. 

Dernièrement, nous avons aidé financièrement un jeune entrepreneur dans  la région de Jezzine (Sud-Liban), ou il y avait un problème d’écoulement de pommes sur le marché. Les pommes libanaises sont petites, pas toujours très belles. Elles ne plaisent pas. Samir a donc eu l’idée de créer Pometto, une petite entreprise innovante produisant des chips à base de pomme. Oxfam lui a donné un petit financement pour l’aider à développer son entreprise. Aujourd’hui, Samir cherche à exporter vers les pays du Golfe. 

 

Flash infos