L’actualité de la semaine a été marquée par la publication d’un décret de naturalisation controversé par le gouvernement, la suite de l’enquête du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), les négociations sur le contentieux maritime entre le Liban et Israël qui se poursuivent. A Beyrouth, il a été question de la sauvegarde, pour le moment, des immeubles rue Monnot et de la chasse aux drapeaux des pays étrangers pendant la coupe du monde de football.
Un décret de naturalisation bénéficiant à plus de 300 personnes suscite les interrogations
Le ministère libanais de l'Intérieur a publié jeudi un décret de naturalisation de plus de 300 personnes. Le document avait été dévoilé sur Twitter et a immédiatement déclenché une polémique face au mutisme du gouvernement alors même qu’il porte la signature du ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, du Premier ministre, Saad Hariri, et du président de la République, Michel Aoun.
Parmi les personnes ayant obtenu la nationalité libanaise, l'écrasante majorité sont des ressortissants palestiniens et syriens. De nombreux responsables libanais ont dénoncé une naturalisation de plusieurs hommes d'affaires proches du régime du président syrien, Bachar el-Assad.
La naturalisation a toujours constitué une question sensible au Liban, au vu du fragile équilibre démographique entre chrétiens et musulmans.
TSL : Jamil Sayyed entendu
Le nouveau député Jamil Sayyed, l’une des figures de la tutelle syrienne, a été entendu cette semaine par le TSL, à La Haye. Il a expliqué n’avoir aucun indice sur la « détérioration » des rapports entre Rafic Hariri et Bachar el-Assad et que les auteurs de l’attentat sont à chercher « entre Israël et les États-Unis ».
Le TSL a principalement pour mission de juger les responsables de l’attentat de l’ancien Premier ministre, tué le 14 février 2005, s'il établit la preuve d'un lien entre tous ces crimes.
Les premières conclusions de l'enquête des Nations unies pointaient, dès 2005, la responsabilité de la Syrie. Mais en 2009, le tribunal a libéré quatre officiers réputés pro-syriens dont le général Sayyed chargés de l'appareil sécuritaire libanais au moment de l'attentat, après avoir constaté des manipulations dans l'enquête qui s'est ensuite orientée vers le Hezbollah.
Pétrole : léger optimisme concernant le contentieux maritime entre le Liban et Israël
Le ministre israélien de l'Energie, Yuval Steinitz, a déclaré mardi que "de nouvelles idées" avaient été proposées dans le cadre de la médiation américaine autour du contentieux sur les frontières maritimes entre le Liban et Israël et l'exploitation des ressources d'hydrocarbures offshore, estimant qu'un "accord partiel" pouvait être trouvé courant année 2018.
La semaine dernière, le Liban avait lancé la phase d'exploration pour trouver des gisements dans les blocs 4 et 9 de la Zone économique exclusive (ZEE) du Liban, au large de ses côtes. Les tensions s’étaient accrues depuis décembre avec Israël, qui conteste le découpage géographique du bloc 9.
Patrimoine : Le gouverneur de Beyrouth suspend la destruction d’immeubles à Monnot
A la suite d’une plainte déposée par l’Association pour la protection du patrimoine libanais (APPL) et l’ONG Save Beirut Heritage, le mohafez de Beyrouth, Ziad Chbib a arrêté la démolition de trois bâtiments dans le quartier de Monnot, à Beyrouth.. Pour autant, on ne sait pas combien de temps va durer le gel des travaux.
Situées à l’angle des rues Monnot et Abdel Wahab el-Inglizi, deux immeubles datant du mandat français et une maison d’une période antérieure avaient été placées sur la liste des bâtiments à préserver par l’ancien ministre de la Culture, Rony Araygi. Le ministre sortant, Ghattas Khoury, a déclassé ce lot il y a un mois à la lumière d’une nouvelle expertise qui affirme que les bâtiments ne présentent pas d’intérêt architectural et constituent un danger public.
Coupe du monde de football : opération anti-drapeaux étrangers à Beyrouth
Le mohafez de Beyrouth, Ziad Chebib, est partiellement revenu sur sa décision d'interdire tout autre drapeau que celui du Liban dans la capitale lors de la Coupe du monde de football, suite à des critiques notamment sur les réseaux sociaux. Les drapeaux étrangers seraient autorisés dans certains cas ne constituant pas une provocation, c’est-à-dire s'ils ne violent pas l'espace public ou s’ils ne sont pas utilisés en dehors des encouragements sportifs.
Jeudi, le gouverneur de Beyrouth avait justifié sa décision en arguant que le fait de brandir des drapeaux étrangers, "avec les tensions que cela peut créer entre les Libanais encourageant des équipes différentes, viole les dispositions de la loi publiée le 19 octobre 1945, qui interdit dans son premier article de hisser un drapeau étranger sur le territoire libanais".