Il y a 15 ans, le Collège des Soeurs Antonines à Beyrouth a ouvert un département dédié à l’inclusion de tous les élèves. Établissement pionnier sur cette question au Liban, le collège est aujourd'hui une référence et inspire d’autres établissements qui incluront eux aussi tous les enfants au sein de leur classe. Le Collège des Soeurs Antonines a été récompensé en mars 2025 par "la Palme de l’inclusion" pour leur travail depuis 2010.
Pour nous, l’inclusion n’est pas un slogan, c’est une mission.
« Une élève atteinte d’infirmité motrice cérébrale est devenue la véritable étoile de l’école », raconte la conseillère pédagogique. « Une autrice s’est inspirée de son parcours pour écrire une histoire en arabe, adaptée ensuite au théâtre. Nous avons organisé une célébration à cette occasion, et l’autrice est venue la rencontrer. »
Le Collège a ouvert son département d’inclusion en 2010, répondant à de nombreuses demandes de familles d’enfants en difficulté scolaire. Un an plus tard, une équipe pluridisciplinaire était constituée : orthopédagogue, psychomotricienne, éducatrices spécialisées… Aujourd’hui, le département compte 108 élèves et 18 spécialistes. Les enfants et adolescents y sont pleinement intégrés dans les classes ordinaires.
« Pour nous, l’inclusion n’est pas un slogan, c’est une mission. Une mission que nous poursuivons avec conviction depuis quinze ans », souligne Mme Rania Zogheib psychopédagogue et responsable des cycles I, II et III. Certains élèves, notamment ceux atteints de troubles du spectre autistique, bénéficient ponctuellement d’un temps à l’écart, adapté à leurs besoins. « Nos enseignantes et éducatrices sont formées pour repérer très tôt les difficultés et y répondre avec bienveillance. »
Des ateliers de “compétences de vie”
En plus des apprentissages académiques, les élèves participent à des ateliers de “compétences de vie”, organisés notamment lors du mercredi sans cartables. On y apprend l’électricité, la couture, la cuisine, le jardinage ou encore la gestion de l’argent. « Nous voulons que l’école soit bien plus qu’un lieu de savoir », précise Mme Rania Zogheib. « C’est un espace d’autonomie, de croissance et de préparation à la vie. Nous avons intégré des compétences psychosociales dans le programme : apprendre à gérer ses émotions, à communiquer, à résoudre les conflits, à grandir ensemble dans la différence. »
Nous travaillons à la fois pour le développement des enfants et pour la croissance intérieure des parents. »
Le tutorat, un outil d’inclusion : Pour renforcer l’entraide, le Collège a mis en place un système de tutorat : des élèves tuteurs accompagnent leurs camarades pendant les cours, favorisant la coopération et l’inclusion.
Former aussi les parents : « ils sont le plus souvent dans le déni »
L’accompagnement ne s’arrête pas aux élèves. L’école agit également auprès des familles, souvent en difficulté face au diagnostic ou à la différence. « Certains parents refusent au début de faire passer un test psychologique à leur enfant », explique Mme Madeleine Hajj« Ils sont parfois dans le déni. C’est pourquoi nous proposons aussi des formations pour les aider à comprendre, à accepter et à soutenir leurs enfants. Nous travaillons à la fois pour le développement des enfants et pour la croissance intérieure des parents. »
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Les examens sont aussi inclusifs
Les élèves passent les examens officiels comme le brevet ou le baccalauréat en terminale mais de manière adaptée. Un élève a réussi à passer le baccalauréat général sans adaptation. “Nous sommes aujourd'hui fiers d'avoir d'anciens élèves qui avaient de grandes difficultés et qui sont devenus des adultes épanouis et actifs, souligne Rania Zogheib. Ils nous rendent visite.” L’école établit un programme individuel, où chaque élève peut évoluer à son rythme. Le département de l’inclusion du collège des sœurs Antonines a inspiré d’autres établissements au Liban. Le collège s’est dit très reconnaissant d’avoir remporté la palme de l’inclusion au mois de mars 2025 à la Sorbonne : “c'est la reconnaissance du travail et de l'investissement et de l'engagement au quotidien que nous fournissons.”
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