COMMEMORATION – L’attentat du Drakkar, 33 ans après

Par Hélène Boyé | Publié le 25/10/2016 à 21:00 | Mis à jour le 16/01/2019 à 18:20
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Une cérémonie en souvenir de l'attentat du Drakkar a été organisée le 22 octobre à la Résidence des Pins, en hommage aux 58 militaires du contingent français de la force de maintien de la paix ayant trouvé la mort le 23 octobre 1983.

 

Face au monument aux morts où sont affichés les noms des 58 soldats « morts pour la France », un hommage est organisé chaque année afin de rappeler l'engagement constant de la France au Liban et d'honorer le souvenir de ses soldats morts pour la paix.

Cette commémoration s'est déroulée en petit comité. Cette année, l'ambassadrice des Etats-Unis à Beyrouth, Elizabeth Richard, était présente. Quelques secondes avant l'attentat du Drakkar. 241 Marines américains étaient tués dans un attentat survenu contre le siège du contingent américain à Beyrouth.

Des représentants du contingent français de la FINUL basé au Liban-sud, des officiels de l'armée française et libanaise, ainsi que des représentants de la communauté française et des anciens combattants étaient également présents.

Lors de la cérémonie, les noms des soldats français tués en 1983 ont été lus d'une seule traite, ponctués par « Tous sont morts pour la France » dit une seule fois. Une minute de silence fut respectée, puis la Marseillaise retentit. L'ambassadeur de France à Beyrouth, Emmanuel Bonne, a ensuite prononcé un discours.

A cette occasion, M. Bonne a décoré le colonel Christian Herrou , qui dirige la Mission française de défense au Liban) et le général retraité Maroun Hitti, de la Légion d'honneur pour leur engagement dans le partenariat militaire franco-libanais.

 

L'attentat

Le 23 octobre 1983, deux explosions retentissent dans la banlieue sud de Beyrouth. A 6h17, le siège des Marines américains, installé à l'aéroport international de Beyrouth, est touché. A 6h18, c'est le 1er régiment de chasseurs parachutistes (RCP) français cantonnés dans un immeuble du quartier de Jnah, appelé Drakkar, qui est touché. Ces soldats faisaient partie de la Force multinationale de sécurité à Beyrouth (FMSB).

Ce 23 octobre 1983, l'armée française subit ses importantes pertes humaines en une journée depuis la guerre d'Indochine. L'immeuble de huit étages est totalement effondré. On comptera aussi 15 blessés et 26 militaires en sortiront indemnes. Six civils libanais périssent : l'épouse du concierge de l'immeuble et leurs cinq enfants.

Le président François Mitterrand se rendra sur place le lendemain de l'attentat. Ce fut alors le premier déplacement d'un chef d'état français au Liban. Le 2 novembre, dans la Cour des Invalides à Paris, 58 cercueils sont alignés pour des funérailles nationales.

Le double attentat a été revendiqué par l'Organisation du jihad islamiste et le Mouvement de la révolution islamique libre, des groupes armés d'obédience chiite. Washington diligente une enquête qui vient confirmer les responsabilités de ces deux groupes.

En France, certains rescapés et des proches de militaires morts au Drakkar soulèvent des questions sur le déroulé des événements ce jour-là. La France accuse l'Iran et son allié syrien et mène des représailles.

 

 

Contexte

En 1983, le Liban est en guerre civile depuis huit ans. Le pays est déchiré et les conflits sont exacerbés par l'intervention armée des États voisins avec, en premier lieu, la Syrie qui s'est installée durablement au pays du Cèdre.

En 1982, Israël lance l'opération Galilée et envahit le Liban-sud dans le but affiché de protéger sa frontière nord. L'armée israélienne poussera son offensive jusqu'à Beyrouth pour écraser l'OLP de Yasser Arafat, son véritable objectif.

Suite au massacre de Sabra et Chatila en septembre 1982, la communauté internationale met en place la FMSB, une force multinationale d'interposition composée de soldats français, américains, italiens et britanniques.

Les parachutistes français (1e RCP) s'installent dans l'immeuble du Drakkar, ironie du sort, anciennement occupé par l'armée syrienne. Beyrouth est alors une poudrière et les factions rivales depuis longtemps n'hésitent plus à attaquer les forces multinationales de paix. En septembre 1983, on comptait déjà 27 morts : 18 Français, huit Américains et un Italien. Le 22 octobre, les hommes du Drakkar sont en alerte sur information des services secrets.

Après le double attentat, la FMSB est dissoute en mars 1984 et remplacée par la FINUL, présente au Liban-sud depuis 1978.

Hélène Boyé, directrice de la publication de LPJ Beyrouth

Hélène Boyé

Co-fondatrice et directrice de publication LPJ Beyrouth. Expatriée depuis plus de 17 ans au Liban, atteinte de « libanolose », mon seul désir, faire connaitre le Liban sous un autre regard.
4 Commentaire (s) Réagir
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Jean sam 08/02/2020 - 11:17

Dommage de n'avoir pas cité le DETOBS (mis en place après la FMSB, de 84-86) dont 7 Observateurs "Casques blancs" sont « morts pour la France » au service de la Paix au Liban.

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Michel Rouvière mer 25/10/2017 - 19:18

C'est vrai on pourrait dire que le Président de la République Française François Mitterrand est le premier Président à venir au Liban. Cependant si l'on considère la longue histoire de France .....c'est le Roi Saint Louis ...ou Louis IX qui fut le premier "visiteur" au Liban...pour un temps assez long quatre ans de 1250 à 1254. Il resterait des ruines d'un château de la mer à Saïda ou Sajette suivant l'expression moyenâgeuse.

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Alain lun 23/10/2017 - 10:13

34 ans après je m en souviens comme si c était hier la vérité n a pas été dite complètement mon corp en a payer les frais respect aux soldats qui sont mort pour moi et quelques autres je n oublirai jamais

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Marcc mar 23/10/2018 - 18:41

Bj Tu étais du quel régiment ? J’ai énormément de photos si tu veux, je suis un ancien du 3 Rpima

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