L’annonce a été faite mardi à l’Institut français de Beyrouth, le Prix littéraire francophone régional a été décerné à Nathacha Appanah pour son livre ’Le ciel par-dessus le toit’ chez Gallimard.
Malgré l’annulation, en raison des événements qui agitent le Liban depuis deux mois, du salon du livre francophone de Beyrouth qui traditionnellement depuis 8 ans accueille, chaque année, la cérémonie de proclamation du prix littéraire régional, la délibération à huis clos du grand jury étudiant, organisé par l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) au Moyen-Orient, s’est déroulée mardi à l’Institut français (IF) de Beyrouth.
Le livre lauréat, ’Le ciel par-dessus le toit’ de Nathacha Appanah a été choisi au deuxième tour du scrutin avec 26 voix sur 36, talonné par ‘ Soif ‘ le dernier roman d’Amélie Nothomb qui explore les états d’âmes du Christ au moment de la passion.
Le jury était composé de 36 jurés, représentant 32 universités de 10 pays du Moyen-Orient : Djibouti, Égypte, Émirats arabes unis, Irak, Iran, Jordanie, Liban, Palestine, Soudan, et Syrie. La mobilisation et le soutien des ambassades de France à Amman, à Bagdad et à Khartoum ont contribué à la réussite de l’activité auprès des universités jordaniennes, irakiennes et soudanaises.
Cette année, les jurés des autres pays de la région ont voté et participé au débat qui a suivi la proclamation, par visioconférence, modéré par la présidente du grand jury, Mme Salma Kojok, romancière francophone. Avant de lancer le débat public où les étudiants présentent leurs arguments et leurs analyses littéraires, le directeur de l’AUF Moyen-Orient a salué l’engagement des étudiants participants au Choix Goncourt de l’Orient, « vous êtes des ambassadeurs de la francophonie » a-t-il affirmé. Salma Kojok a parlé de « résistance culturelle », soulignant que malgré la fermeture de certaines universités libanaises pendant ces deux derniers mois les étudiants ont continué avec le même enthousiasme leurs lectures. La directrice adjointe de l’IF du Liban, Ina Pouant a, pour sa part, qualifié l’événement « à la fois d’aventure littéraire mais aussi d’aventure humaine » ajoutant que le prix littéraire régional était « reconnu par les professionnels ».
Lors du débat, les étudiants jury ont expliqué leur choix du livre de Nathacha Appanah déclarant qu’il « évoque l’idée de révolte qui fait écho a notre vécu nous les peuples du Moyen-Orient ». ’Le ciel par-dessus le toit’ parle de « la famille disloquée, de la solitude, de l’adolescence difficile, mais avec une fin ouverte » a aussi ajouté une étudiante. Une autre étudiante a déclaré qu’avec la lecture de ce livre elle s’était « rendu compte que la parole est importante, l’expression de soi est importante toute comme la liberté d’expression, qu’une parole non-dit aggrave bien plus les problèmes et les conflits ».
Pierre Assouline, membre de l’Académie Goncourt, qui a aussi participé au débat à distance, a indiqué qu’il était « ravi de ce choix, car c’est un livre assez remarquable dans son écriture, en prise avec le social et le contemporain, et nous contions sur les Goncourts étrangers pour lui donner une plus grande audience ».
Comme le veut désormais la tradition, le lauréat 2019 du Prix « Le Choix Goncourt de l'Orient » sera invité à l'occasion du prochain Salon du livre francophone de Beyrouth et son roman sera traduit en arabe. Les activités qui accompagnent la désignation du Prix se prolongeront tout au long de l'année 2020 dans les pays de la région à travers les Campus numériques francophones de l'AUF et les Instituts français.
Nathacha Appanah une journaliste et romancière d’origine mauricienne. ‘Le ciel par-dessus le toit ‘ est son dixième roman. Lauréate de différents pris littéraire elle a notamment reçu le Prix Femina des lycéens pour son livre 'Tropique de violence' en 2016.
’Le ciel par-dessus le toit’, c’est l’histoire de Phénix, Paloma, Loup, une famille dé-construite, où chacun vit sa solitude, dans une écriture lumineuse Nathacha Appanah fait entre voir la douceur qui lie une famille au-delà des drames.