Du 5 au 13 octobre se déroulait la seizième édition du Beirut International Film Festival (BIFF) dans les cinémas d'Achrafieh et du City Center à Hazmieh. Pendant une semaine, longs-métrages, documentaires et courts-métrages du Moyen-Orient et d'ailleurs se sont succédés dans les salles obscures.
Le BIFF est un festival qui se propose de « soutenir et sélectionner des films qui traitent du monde qui nous entoure », explique sa directrice Colette Naufal. Cette année, les sujets abordés étaient particulièrement variés et « les films sélectionnés s'attaquent directement aux problèmes sociétaux de la région », ajoute M. Naufal. Le festival se veut aussi être le défenseur de l'art comme détenant « le pouvoir unique de percer sur le plan émotionnel et d'attirer l'attention » sur les thèmes d'actualité, indique-t-elle.
Un incident est néanmoins venu gâcher la fête. Quelques heures avant la cérémonie d'ouverture, le 5 octobre, l'équipe du BIFF annonce sur Facebook que trois films ne pourront être diffusés. Les autorités libanaises compétentes ont en effet décidé de ne pas octroyer de licence de projection à certains films. Pour d'autres, elles ont demandé la suppression de certaines scènes, ce à quoi la direction du festival s'est opposée.
?Affaires personnelles' de la cinéaste palestinienne Maha El Hajj, ?La coupe du monde' des frères syriens Mohammed et Ahmed Malas et ?Les nuits de la rue Zayandeh' du réalisateur iranien Mohsen Makhmalbaf ont donc été exclus de la programmation. « L'interdiction de diffuser des films porte malheureusement atteinte à l'image du Liban comme un espace pour la liberté d'expression dans la région? a regretté la direction du festival.
Malgré cela, le BIFF s'est poursuivi. Les films en compétition étaient répartis en deux catégories distinctes : les documentaires et les courts-métrages. S'ajoutent à cela le ?Panorama international' qui comporte vingt-cinq films, la catégorie ?Front de refus' et des courts-métrages sur le Liban proposés par le ministère du Tourisme.
Après une semaine de projections, la cérémonie de clôture a eu lieu le 13 octobre. Le jury, composé de l'acteur et réalisateur libanais Carlos Chahine, de la directrice communication et culture à la Royal Film Commission de Jordanie Nada Doumani et du rédacteur en chef adjoint du quotidien ?Al Akhbar' Pierre Abi Saab, rend son verdict.?Robert!' de la libanaise Ghina Abboud a remporté l'Aleph d'or du meilleur documentaire. Côté courts-métrages, la première place est revenu à deux films : ?Pale Mirrors' de l'iranien Salem Salavati et ?Motorcycle/Matoor' du saoudien Mohammed Alholayyil.
Le coup de coeur de la rédaction : « The Student » de Kirill Serebrennikov.
Veniamin, jeune adolescent, décide de sécher les cours de natation de son lycée. La cause ? Sa religion le lui interdit. Le film suit alors le jeune homme dans l'évolution de sa passion pour la Bible et sa radicalisation.
La religion est, certes, le thème central du film mais il interroge également sur l'identité, la recherche de soi et de modèles. « The Student » est un film d'actualité qui ne tombe jamais dans les stéréotypes. Il présente un extrémisme religieux qui ne concerne ni qu'une seule religion, ni une seule partie de monde. Le film montre différents points de vue et pose des questions essentielles.
La mère de Vieniamin, dépassée par les évènements, remet en cause son éducation. La directrice de l'école se demande comment concilier croyance et éducation. Le prêtre orthodoxe incite Vieniamin à rejoindre les rangs de l'Eglise. La professeure de biologie, profondément athée, dénonce l'étroitesse d'esprit de son élève et considère que la science est la seule vérité.
On retiendra notamment la réplique d'Oleg, professeur d'EPS et petit ami de la professeure de biologie, lorsqu'il décide de la quitter : ?Tu penses être trop éduquée pour la religion mais tu ne peux pas vivre sans elle'.