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Arnaques au logement: quand vivre à Barcelone devient un cauchemar

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CC0 Creative Commons
Écrit par Alexandra Pichard
Publié le 16 juillet 2018, mis à jour le 16 juillet 2018

Parfois, venir habiter à Barcelone peut se transformer en cauchemar : beaucoup d’étudiants étrangers ou de jeunes actifs en ont fait les frais. Le marché immobilier de la ville catalane est un des plus actifs d’Espagne mais aussi un des plus concernés par les arnaques au logement, qui se développent de plus en plus. 

 

Bon nombre de loueurs redoublent de malhonnêteté : arnaque sur Internet, sous-location illégale, non remise de la caution, ou comportement abusif, ils profitent du fait que les étrangers ne connaissent pas bien la législation immobilière espagnole pour les escroquer. Voici alors tout ce que vous devez savoir pour éviter les mauvaises surprises.


Arnaques sur Internet 

Réserver son logement à l’avance sur Internet peut paraître simple et rapide, mais est néanmoins risqué, à moins que vous ne connaissiez personnellement la personne qui vous propose le logement. La règle d’or : ne jamais envoyer d’argent ou réserver un logement que l’on n’a pas visité. De nombreux arnaqueurs utilisent un faux nom et de fausses photos sur les sites d’annonce, puis demandent une avance d’argent pour la réservation. Souvent, ces escrocs que l’on appelle les "scammeurs" demandent de faire passer l’argent par Western Union ou MoneyGram, voire en liquide par la poste ou sur un compte à l’étranger. L’arnaqueur, seulement joignable par mail ou sur Facebook, supposera un voyage à l’étranger qui l’oblige à procéder de la sorte puis disparaîtra avec l’argent. Un échange en anglais ou un mauvais niveau d’espagnol peuvent être également des signes de ce genre d’arnaque. Méfiez-vous également des "scammeurs" qui vous demandent une photocopie de pièce d’identité, car malheureusement l’usurpation d’identité est un phénomène très courant. Cette arnaque est très répandue et bon nombre d’étudiants se sont retrouvés avec un appartement qui n’existe pas. 
Le phising (ou hameçonnage) est une autre pratique répandue qui consiste à répliquer l’apparence d’une page Internet connue comme Airbnb par exemple pour mettre le locataire en confiance et ainsi lui soutirer ses coordonnées bancaires ou ses mots de passe de comptes Internet. Il faut toujours faire attention à ce que ce soit le bon site web et non un lien qui y ressemble fortement, ou éviter tout simplement de donner ses coordonnés bancaires en ligne. 


Location et sous location d’une chambre au mois. 

Chercher son appartement sur place est alors la meilleure solution à choisir, quitte à prendre une chambre d’hôtel pour quelques jours. Mais encore une fois, attention aux arnaqueurs, qui louent ou sous-louent les appartements de manière illégale. La règle d’or : ne jamais louer sans contrat valable légalement. En effet, devant les difficultés des démarches, beaucoup sont tentés d’accepter de louer ou sous-louer une chambre "au black" mais en sortent presque toujours perdants. Dans cette économie parallèle et sans contrat, le locataire ne dispose d’aucun droit et c’est le loueur qui fait la loi. Bien souvent, il ne vous rendra pas la caution pour toute sorte de raison, aura un comportement abusif ou se montrera même menaçant. Et sans contrat légal, il est difficile de se faire aider par la police. Souvent, le propriétaire ou un autre locataire va demander un mois de caution et le premier loyer, et vous pourrez entrer tout de suite dans l’appartement. Attention, même s’il vous fait signer un petit bout de papier pour vous rassurer, cela n’a aucune valeur légale. Un étudiant en Erasmus témoigne : "Mon propriétaire venait habiter dans le salon sans nous prévenir, puis il ne m’a pas rendu ma caution, d’abord sans donner de raison, puis en affirmant que les charges avaient augmenté, sans me transmettre aucune facture", alors qu’une autre étudiante regrette : "L’homme à qui je payais ma chambre m’a mise à la rue du jour au lendemain car il voulait la louer à un de ses amis, alors qu’on avait convenu qu’il fallait prévenir des entrées et des sorties au moins un mois à l’avance, mais sans contrat, je n’ai rien pu faire. Il menaçait de jeter mes affaires par la fenêtre". 
Mais même en signant un contrat valable, attention à bien lire toutes les clauses, notamment à propos de la durée de la location, sans quoi le loueur pourra vous faire payer un supplément si vous partez avant. Assurez-vous aussi que les charges sont comprises dans le loyer ou à quel montant elles s’élèvent. Et si vous payez en liquide, demandez un reçu complété et signé au propriétaire. Pendant la visite, il faut toujours s’assurer que les installations marchent car certains n’hésitent pas à mentir sur l’état de l’appartement. 

 


Longs contrats

 La durée légale d’un long contrat est de 3 ans. Elle peut être inférieure mais se prolonge chaque année automatiquement d’un an si le locataire ne fait aucune démarche. Cependant, si le propriétaire veut récupérer son logement au bout d’un an pour en faire sa résidence principale, il en a le droit s’il vous prévient au moins deux mois à l’avance. 
Encore une fois, attention aux clauses abusives souvent présentes dans les contrats, qui jouent sur le fait que les étrangers ne connaissent pas bien leurs droits. Un contrat à durée limitée de moins de 36 mois est illégal. De même pour la compensation financière en cas de sortie avant la fin de la première année : la seule clause légale à ce propos est une indemnisation d’un mois de loyer par année restante en cas de sortie du locataire après les 6 premiers mois. Le loueur ne peut pas exiger plus d’un mois de loyer d’avance, et doit prendre en charge les travaux d’entretien. Le locataire est également le seul à décider si le propriétaire peut accéder ou non au logement, et la révision du loyer ne peut être qu’annuelle (non semestrielle) et basée sur un indice public. A la sortie, le propriétaire dispose d’un délai d’un mois pour rendre la caution au locataire, sans quoi il devra payer un intérêt légal. 


Et si malgré tout on se fait berner : comment agir ? 

Il faut dans la mesure du possible dénoncer l’arnaque aux autorités espagnoles. En ce moment, la Mairie de Barcelone fait la guerre aux annonces illégales et a doublé le nombre des inspecteurs du logement. Et les escrocs risquent gros : l’amende peut aller jusqu’à 30.000 euros. 
Dans le cas d’une arnaque sur Internet, il faut dénoncer la fausse annonce à la police, en appelant au 91 582 29 00 ou en envoyant un e-mail à fraudeinternet@policia.es. Il est conseillé de prévenir également le site internet ou l’agence hébergeant l’annonce, et de garder un reçu de chaque paiement effectué, demander un contrat de réservation et sinon garder tous les écrits. Il faut également prévenir votre banque et votre assurance, car vous pourrez la faire jouer si vous avez assez de preuves. 
Si votre problème concerne votre propriétaire, qui ne veut pas vous rendre votre caution par exemple, il est difficile de se rendre à la police directement si l’on n’a pas de contrat. Il faut prendre contact avec la Agència Catalane del Consum, qui dépend du gouvernement catalan et qui se charge des plaintes des consommateurs. En déposant une "denuncia de consumo" et en lui fournissant toutes les preuves, l’Agence se chargera de l’enquête, et si elle vous donne raison, vous pourrez alors porter plainte au commissariat. 

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