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Barbara Driss, de "Trouve ton job à Barcelone": il faut identifier ses forces

À l’occasion de la 25ème édition du Salon de l’Emploi, de la Formation et de l’Entreprenariat des Français, organisé par le Service Emploi des Français en Espagne le 6 juin dernier, lepetitjournal.com est allé à la rencontre de Barbara Driss, créatrice de la plateforme Trouve Ton Job à Barcelone.

Interview Barbara Driss  trouve ton job a barceloneInterview Barbara Driss  trouve ton job a barcelone
Écrit par Lucas Bonnière
Publié le 11 juin 2024, mis à jour le 12 juin 2024

Après vingt ans de carrière dans le recrutement et les ressources humaines en France, Barbara Driss a fondé Trouve Ton Job à Barcelone en février 2023. L'objectif: mettre en relations des recruteurs et des demandeurs d’emploi dans la capitale catalane.

Il faut différencier Barcelone du reste de l’Espagne

Lepetitjournal: Pouvez-vous décrire plus en détail votre société, son fonctionnement et ses objectifs ?

Barbara Driss : Je suis consultante à mon compte (autonoma) et j’ai créé ma marque Trouve Ton Job à Barcelone avec l’objectif d’aider les Francophones qui ont besoin d’être guidés dans leur recherche d’emploi à Barcelone. Parfois ce sont des nouveaux arrivants qui ont besoin de complètement se réinventer car les métiers qu’ils exerçaient en France n’existent pas ici (administration, système juridique français…).

Il y a aussi des personnes vivant à Barcelone depuis longtemps et qui, à la suite d’un licenciement, ont préféré se tourner vers quelqu’un qui a la culture française de l’accompagnement, car les solutions proposées par les institutions espagnoles ne leur convenaient pas. Comme je suis une ancienne recruteuse, je comprends les attentes des entreprises et je peux aider ces personnes à mieux anticiper ce qu’il se passe lors du processus de recrutement.

 

Brabara Driss
Barbara Driss a créé " Trouve Ton Job à Barcelone" pour aider les Francophones

 

Quelles sont les différences dans le processus de recrutement entre la France et l’Espagne ?

Tout d’abord, il faut différencier Barcelone du reste de l’Espagne. Ici, on a un écosystème très international, il y a certains jobs où il vaudra mieux parler anglais qu’espagnol. Si tu es Francophone et que tu cherches un emploi uniquement en français, tu seras vite limité sur un marché tourné pour les juniors. À Barcelone, il y a beaucoup d’entreprises qui installent des services de back-office ou de relation-client. Ce sont des services sur lesquels il est facile d’embaucher des jeunes, qui seront encadrés, mais payés beaucoup moins cher qu’en France.

Il y a des gens qui travaillent à Barcelone depuis des années et qui n’ont pas eu besoin de parler un mot d’espagnol.

Au niveau des boîtes internationales, il faut se préparer à un processus d’entretien assez long. Il est courant de passer par trois ou quatre entretiens (entretien RH, business case, test d’aptitudes…). Mais je crois que c’est quelque chose qui commence aussi à se démocratiser en France.

La grosse différence avec la France, c’est que les Espagnols sont très naturels. Ils sont capables de faire la bise lors d’un entretien d’embauche, de tutoyer. On sera sur quelque chose de beaucoup moins formel que dans certaines entreprises à la française. Aussi, en Espagne, les recruteurs valoriseront plus les compétences et l’expérience que le diplôme. Bien sûr, tout cela sera différent selon l’entreprise visée. Dans une boite catalane familiale et dans une start-up internationale avec des employés de 40 nationalités différentes, l’attitude à avoir ne sera pas la même. À ma connaissance, il n’y a que Barcelone qui accueille une aussi grande diversité culturelle en Espagne. À Barcelone tu peux trouver un job où tu ne parles qu’en anglais, je ne suis pas sûre qu’à Paris ce soit possible. L’Espagnol reste la langue de la pause-café, mais il y a des gens qui travaillent ici depuis des années et qui n’ont pas eu besoin de parler un mot d’espagnol.

 

Quel est le conseil nº1 que vous donneriez aux personnes qui cherchent un emploi à Barcelone ?

Je dirais, faire une étude de marché. Se demander : 'Qu’est-ce que je peux offrir?'  et 'De quoi le marché de l’emploi a besoin ?'. 'Dans quels secteurs travaillent les gens qui ont les mêmes compétences que moi ?' Une fois que l’on a identifié ses forces, on les transpose en mots-clés que l’on va utiliser pour faire ses recherches.

Il ne faut pas chercher uniquement par le nom des jobs, car ils peuvent représenter des choses différentes selon les entreprises. Par contre, il faut identifier la langue dans laquelle l’entreprise fait sa communication, car ce sera la langue majoritairement parlée en son sein. Se poser ces questions permet de mettre en place la bonne stratégie: le bon CV, le bon profil LinkedIn, les bons messages d’approche…

Il ne faut pas non plus négliger le networking, parce que, comme en France, il y a 80% du marché de l’emploi qui est caché. Dans une carrière, il y aura toujours un moment où on trouvera un job parce qu’on sera allé le chercher, parce qu’on sera venu nous chercher ou parce qu’on aura fait marcher le réseau. Donc c’est super important d’aller chercher plus loin que les annonces de job.

À force de discuter avec des gens, j’ai découvert que beaucoup de personnes dans mon cas rencontraient des difficultés à trouver des informations sur le marché de l’emploi espagnol

Pourquoi avoir choisi de fonder votre société à Barcelone ?

Je suis arrivée à Barcelone en suivant mon conjoint. Mon niveau d’anglais et d’espagnol n’était pas très bon et dans mon domaine, le recrutement, on ne me proposait que des métiers 100% en visio, ce qui ne me correspondait pas.

À force de discuter avec des gens, j’ai découvert que beaucoup de personnes dans mon cas rencontraient des difficultés à trouver des informations sur le marché de l’emploi espagnol. Par exemple, il y avait des personnes qui avaient fait une belle carrière en France, sans jamais avoir besoin de chercher par elles-mêmes un emploi. Il y avait aussi des conjoints suiveurs, comme moi, qui se retrouvaient perdus en arrivant ici. Ce n’est pas facile de venir se présenter à un entretien d’embauche ou à un salon comme celui-ci avec beaucoup de monde et de se “pitcher“.

J’ai découvert que ce genre d’activité existait dans d’autres pays, au Luxembourg, en Suisse, au Canada, alors je me suis lancée. J’ai commencé par proposer des petits déjeuners pour partager des conseils, et puis, grâce au bouche-à-oreille, j’ai eu mes premiers clients. En arrivant ici, j’ai eu la possibilité de me réinventer et c’est quelque chose de très intéressant. Je ne me serais jamais posé la question si j’étais restée en France, où j’avais un emploi stable.

Il y a plein de compétences transversales qui peuvent émerger dans le contexte d’une expatriation. J’ai quatre enfants, dont trois avec moi à Barcelone, donc je dois gérer beaucoup de choses lorsque mon mari est en déplacement. Pour que le conjoint qui travaille puisse le faire sereinement, l’autre doit être capable de s’occuper de la logistique, du déménagement, de rassurer les enfants… C’est quelque chose que je défends beaucoup en tant que maman.

Actuellement, je suis engagée avec Le Club des Entrepreneuses, et quand j’aide la stagiaire à communiquer sur des événements, j’améliore aussi mes propres compétences en communication. Et quand tu es entrepreneur, 50% de ton quotidien, c’est de faire ta comm, gérer les finances, trouver des partenariats, créer le bon business model pour réussir à gagner sa vie. Tu développes plein de compétences grâce à ça.

Même quand on est junior, il y a toujours un élément différenciateur, quelque chose qui nous passionne plus que les autres.

Être auto-entrepreneur à Barcelone, le bon choix ?

Le statut d’autonomo(a) est différent de celui d’auto-entrepreneur en France. En France, tu ne paieras tes charges mensuelles que si tu factures quelque chose pendant le mois. Quand tu es autonoma, tu paies tes charges (Sécu, outils de travail…) tous les mois, même si tu ne factures rien.

Avant de me lancer à mon compte, j’ai testé mon business model auprès d’une autre entreprise. Quand j’ai vu que je pouvais avoir des clients, je me suis lancée. Ce que je pourrais conseiller aux gens, c’est de ne pas se lancer à l’aveugle. Même s’il ne faut pas repousser indéfiniment le jour du démarrage, il ne faut pas hésiter à se lancer en se disant qu’on va s’améliorer au fil des échecs et des expériences. Ce qui compte, ce n’est pas la forme, mais le contenu.

À partir du moment où tu apportes une valeur ajoutée à des gens qui en ont besoin, ton idée peut être intéressante

Quels projets pour la suite de Trouve Ton Job à Barcelone ?

Comme je ne suis pas un cabinet de recrutement, les candidats me paient directement. J’aimerais trouver le bon équilibre, pour que tout le monde y trouve son compte, que je sois rémunérée pour toute l’énergie que je donne pour eux, et qu’ils soient accompagnés correctement dans leur recherche d’emploi. Essayer d’aider un maximum de personnes comme je le peux.

 

Un dernier conseil pour nos lecteurs ?

Vraiment, identifier ses forces, c’est le plus important. Même quand on est junior, il y a toujours un élément différenciateur, quelque chose qui nous passionne plus que les autres. Ensuite, il faut orienter sa stratégie par rapport à ça, cibler. Si on commence à postuler dans tous les sens, on va s’épuiser pour peu de retours et perdre confiance en soi. Alors que si on est un peu stratégique dans sa recherche, parce qu’on sait quelle plus-value on peut apporter et qu’on prend contact avec des gens pour comprendre comment ça fonctionne, il y a plus de chances que ça marche.

 

logo trouve ton job a barcelone

 

Barbara Driss organise le vendredi 14 juin prochain, à 12h00, un webinaire gratuit sur le sujet "Travailler et s'installer sereinement à Barcelone". Voici le lien de l'événement

lucas bonniere
Publié le 11 juin 2024, mis à jour le 12 juin 2024

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