Sorti le 7 novembre, le nouvel album de Rosalía, Lux, a déjà séduit le public et la critique. S’il semble signer un tournant dans l’identité musicale de la chanteuse pop, le disque témoigne toujours de son attachement à la culture hispanique et catalane.


Rosalía Vila Tobella naît et grandit à Sant Esteve Sesrovires, une commune située à une trentaine de kilomètres de Barcelone. Elle est dès son enfance initiée à la musique, notamment au folklore hispanique. À 15 ans, elle participe à l’émission télévisée Tú sí que vales (l’équivalent de La France a un incroyable talent) mais ne parvient pas à convaincre les membres du jury lors de la première audition.
L’année suivante, Rosalía commence une formation musicale au Taller de Músics dans le quartier d’El Raval. Elle y suit des cours pendant 6 ans, puis est transférée en raison de son excellent niveau à l’École supérieure de musique de Catalogne, dans le quartier de Fort Pienc. Elle y est très rigoureusement formée à l’art du flamenco.

En 2016, alors qu’elle est toujours étudiante, Rosalía se produit au Tablao de Carmen dans le Poble Espanyol. Raül Refree, un producteur catalan est présent dans le public. Séduit par les mélodies de la jeune femme, il décide de travailler avec elle sur un premier album : Los ángeles (2017), aux inspirations franchement flamencas.
Suivront El mal querer (2018) – présenté à l’École supérieure de musique de Catalogne comme projet de fin d’études – puis Motomami (2022) et Lux.

Lux : un virage musical inattendu
Le 27 octobre, Berghain est le premier titre de Lux à être dévoilé. Le morceau étonne les fans de la chanteuse par sa mélodie orchestrale et son couplet chanté en allemand – Berghain sonne presque comme un morceau d’opéra. Il est à mille lieues des sonorités flamenco-pop auxquelles Rosalía avait habitué son public.
Enregistré avec l’Orchestre symphonique de Londres, l’album semble teinté d’une influence désormais plus classique. Sur la couverture de Lux, Rosalía porte des habits de nonne (elle apparaissait nue sur la couverture de Motomami), comme pour affirmer la dimension spirituelle de l’album.
Dans ses différentes apparitions faisant suite à la sortie de Lux, la chanteuse affiche une nouvelle coiffure : une teinture blonde formant une auréole céleste au sommet de sa longue chevelure brune.
Avec Lux, Rosalía explore le thème du divin en laissant une large place à l’introspection. Cet album semble traduire une renaissance, aussi bien musicale que personnelle, pour la chanteuse de 33 ans. Divisé en quatre mouvements, il s’apparente à un cheminement intime – à écouter au moins une fois dans l’ordre.
Toutefois, la chanteuse semble avoir voulu insuffler une dimension collective, voire planétaire, à Lux, en chantant en treize langues différentes sur les dix-huit titres de l’album. Si l’espagnol reste central, on y entend aussi de l’arabe (La Yugular), de l’italien (Mio Cristo Piange Diamanti), du portugais (Memо́& ria) et même du français avec Jeanne, un morceau pour lequel la chanteuse a sollicité l’aide de Charlotte Gainsbourg.
Rosalía confie d’ailleurs dans plusieurs interviews sa peine à appréhender la langue française, racontant avec humour qu’elle ne comprenait pas pourquoi le « c » de « blanc » – du titre Sauvignon blanc – devait rester muet.
Un attachement à ses origines barcelonaises
Devenue star mondiale, Rosalía reste attachée à ses racines hispaniques et catalanes. Les rythmes flamencos demeurent très présents dans Lux, notamment dans la Rumba Del Perdо́ & n, en featuring avec Silvía Pérez Cruz et Estrella Morente.
La chanteuse met également à l’honneur la langue catalane dans le morceau Divinize. Rosalía possède toujours ses quartiers dans la ville de Barcelone (un appartement dans le Poblenou). Cette ville qui l’a fait mûrir, elle l’évoque dans Reliquia : « Crecí y el descaro lo aprendí, por ahí por Barcelona », faisant référence à un passé qui a participé à la propulser sur le devant de la scène pop latino contemporaine.
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