Le consulat général de France à Barcelone continue de chercher des solutions pour répondre aux difficultés d'engorgement des demandes administratives, dans une circonscription toujours aussi attractive pour les Français. Interview d'Olivier Ramadour, consul général.
Lors de sa dernière visite à Barcelone, Emmanuel Macron avait annoncé une hausse des effectifs consulaires. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Le président de la République a effectivement annoncé une hausse des effectifs du réseau diplomatique avec la création d'une centaine de postes dans le monde ; ce qui coïncide, pour la première fois, avec une augmentation du budget du ministère des Affaires étrangères. Parmi ces créations, un nouveau poste sera pourvu à Barcelone en septembre prochain, en plus de celui que nous avons créé l'an dernier. En deux ans, nous allons ainsi passer de 20 à 22 collaborateurs, soit une hausse de 10%, et nous ne sommes pas nombreux dans le monde à profiter d'une telle croissance.
Pour autant, les difficultés et retards d'obtention des documents d'identité et de voyages persistent. Quelles sont les solutions ?
Il faut d'abord avoir conscience que c'est un problème global, y compris en France. Nous avons fait des efforts, au consulat de Barcelone, pour répondre à cette pression sur la demande de titres, avec la création du poste que j'évoquais, et en travaillant à davantage de flexibilité au niveau de la gestion des équipes : le temps entre deux rendez-vous est ainsi passé de 30 à 20 minutes afin de traiter davantage de dossiers. La nouvelle plateforme, plus ergonomique, permet par ailleurs d'assouplir la gestion des rendez-vous pour éviter les "no-shows", et donc moins pénaliser le fonctionnement des services. En ce sens, le nouveau service France Consulaire d'assistance téléphonique mis en place le 12 avril dernier va également être très efficace.
De quoi s'agit-il ?
Il s'agit d'un service gratuit d'assistance téléphonique joignable au 93 028 99 20, de 9 à 17 heures, pour répondre à toutes les demandes générales d’information, de clarification ou encore d’aide aux démarches administratives. Dans tous les cas, les réponses sont assurées par une personne spécialement formée en ce sens, et qui orientera les appels vers un poste plus spécifique si la question est trop complexe ou mérite une réponse de deuxième niveau.
Comment évolue la communauté française en Catalogne ?
La Catalogne reste très attractive pour la communauté française, à commencer évidemment par Barcelone, que ce soit pour s'y installer ou de passage. Mais on remarque une présence française également toujours plus forte dans les îles Baléares, et en particulier à Minorque. Même si ce dynamisme n'apparaît pas forcément au niveau du registre des Français de l'étranger, puisque 35.000 Français sont inscrits à notre consulat, alors que quelque 50.000 compatriotes résident en Catalogne, et environ 20.000 dans les Baléares. Je dois ajouter qu'il est dommage que tant de Français ne soient pas inscrits au registre du consulat, car cela nous aiderait à étoffer nos effectifs, puisque nous sommes dépendant de ratios, comme toute administration. Ce décalage entre les chiffres "officiels" et "réels" explique donc aussi les tensions très fortes que nous connaissons dans la gestion des démarches. Il faut savoir par exemple que nous sommes le deuxième poste consulaire au monde en nombre de traitement des passeports d'urgence, et l'un des premiers pour les rapatriements psychiatriques.
Quel est le rôle du consulat en matière de soutien économique ?
En tant qu'administration, nous sommes des "facilitateurs" : nous accompagnons les projets, les soutenons auprès des autorités locales, nous participons à créer un climat favorable aux affaires à la fois en faveur des investissements et des implantations françaises en Catalogne, aux Baléares et en Aragon, mais également en mobilisant les acteurs locaux pour qu'ils aillent investir en France avec l'aide du service économique régional de notre ambassade et de business France. Et nous travaillons évidemment en complémentarité avec la chambre de commerce française de Barcelone ou d'autres associations de professionnels français. Ce rôle d'accompagnateur est sans doute plus important ici qu'ailleurs, puisque la Catalogne est le principal partenaire économique de la France en Espagne : les échanges représentent 26% du commerce bilatéral avec l'ensemble de l'Espagne.
Quelle est la place des échanges culturels ?
La Catalogne est véritablement au cœur de notre coopération éducative et linguistique en Espagne. À titre d'illustration, 72 filières Bachibac sont implantées ici, contre 47 dans le reste de l'Espagne. Ces filières sont également en plein développement aux Baléares. La Catalogne est aussi la première communauté autonome pour les certifications en français. Au-delà de l'apprentissage et la transmission du français, cette coopération passe par de nombreux événements et échanges culturels. D'ailleurs, les artistes et créateurs Français sont très présents dans tous les festivals organisés en Catalogne.
Comment assumez-vous ici votre mission de consul, d'un point de vue personnel ?
C'est une grande chance d'être consul général de France à Barcelone ! D'autant que le nouveau traité d'amitié franco-espagnol renforce la stratégie de coopération transfrontalière. Ce qui se traduit par davantage de sollicitations de la part des autorités, aussi bien au niveau de l'État espagnol que de la Catalogne. Dans ce contexte, c'est évidemment pour moi une chance de représenter ici les intérêts de la France, sur un territoire si beau et si diversifié, et je savoure cette opportunité en y mettant tout mon enthousiasme et mon savoir-faire.