Environ 1.600 Français d’Aragon sont inscrits dans les registres consulaires dont la majorité d’entre eux résident à Saragosse. Capitale de l’Aragon, région enclavée frontalière avec la France, Zaragoza en VO, possède une communauté française bien moins importante que Madrid, Barcelone, Séville ou encore Bilbao, mais présente un fort dynamisme à travers son Institut français vieux de près d’un siècle, et le Lycée Molière. Panorama.
"Saragosse est une ville dans un grand désert", reconnaît Raphaël Ledesma Gelas, Consul honoraire de France à Saragosse, tout en mettant en exergue le charme de cette cité située sur les bords de l’Ebre. Capitale de la province d’Aragon, 5e ville d’Espagne avec 680.000 habitants, Saragosse a constitué au cours de son histoire un véritable carrefour des peuples. Ses rues symbolisent et illustrent cet héritage où les Romains, les Musulmans, les Juifs et les Chrétiens ont laissé leur empreinte. Des vestiges de la civilisation romaine comme le cirque aux joyaux du baroque telle que la basilique du Pilar, sans oublier l'œuvre du génial Francisco de Goya, la capitale de l’Aragon séduit les Français par son cadre de vie et sa proximité avec l’Hexagone. "C’est une ville universitaire et frontalière. Il y a énormément d’échanges transpyrénéens. La France est sans surprise le premier acheteur et fournisseur de l’Aragon. La relation ne se limite pas aux flux économiques, il y a également des échanges culturels", précise le Consul honoraire. Témoin notamment de ce lien franco-aragonais, l’Institut français, fondé en 1919, et qui fêtera son centenaire l’année prochaine.
Combien de Français à Saragosse ?
Les Français d’Aragon sont évidemment pour la plupart concentrés dans la capitale de la province autonome. "Il y a 1.600 Français inscrits environ à Saragosse mais on peut légitimement penser que cela ne représente qu’un quart des Français résidents", estime le Consul honoraire. La population effective des Français résidant en Aragon est bien évidemment difficile à chiffrer mais peut être estimée à plus de 5.000 personnes. En parallèle, la ville jouit d’une aura estudiantine où nombre d’Erasmus et d’étudiants viennent étudier sur les bords de l’Ebre. "Ils sont au total environ 400 étudiants français entre les Erasmus et ceux qui viennent poursuivre leurs études à l’université. La majorité pour des études de kinésithérapie", précise Rafael Ledesma.
L’Institut Français de Saragosse à l’aube de son siècle d’existence
2019 sera une année charnière pour la communauté française de Saragosse, puisque l’Institut français fêtera son siècle d’existence. "Cela fait 100 ans que la culture française rayonne grâce à l’Institut français. C'est un acteur principal de la vie culturelle de la ville", souligne le Consul honoraire qui entretient d’étroites relations avec l’organisme. Formidable vecteur de l’apprentissage du français en Aragon, l’institution dirigée par Laure Vazquez est l’une des plus anciennes de Saragosse. Située en plein cœur de la ville, l’Institut français emploie un personnel de 20 personnes, dont 10 enseignants, pour une moyenne de 800 élèves à l’année.
Le Lycée Molière, témoin de "l’intérêt des Aragonais envers notre langue et notre culture"
Frère siamois du Lycée français, le Lycée Molière accueille en cette rentrée plus de 1.100 élèves. Né il y a 45 ans (1972) et actuellement dirigé par Christophe Gallais, ce lycée participe grandement à la promotion du français à l’échelle de l’Aragon. "Il s’agit du lycée français avec le taux le plus bas de ressortissants français en Espagne : 90% des élèves sont Espagnols. Cela démontre un intérêt des Aragonais envers notre langue et notre culture", juge Ledesma. Comme nombre de lycées français, l’établissement offre à ses élèves une éducation trilingue et biculturelle de la Toute Petite Section jusqu’à la Terminale. Reconnu aussi bien par le Ministère espagnol de l’éducation que par le Ministère français de l’éducation nationale, il a pour particularité d’être géré par la Mission laïque française.
La France est le premier employeur en Aragon
Région frontalière avec la France, l’Aragon a noué d’évidents liens économiques avec son voisin transpyrénéen. Ainsi, des entreprises comme Décathlon ou Opel, rachetée par le groupe PSA l’année dernière, y ont implanté leur centre de distribution espagnol. "Les entreprises françaises embauchent directement environ 15.000 employés en Aragon", précise Rafael Ledesma. "La France est le premier employeur de la région". Le Consul honoraire rappelle également que "Saragosse a un grand potentiel logistique, avec de nombreuses compagnies de transports françaises qui viennent s’y installer". Inversement, les entreprises d’Aragon et de Saragosse, quatrième ville d’Espagne à l’indice d’activité économique, emploient en parallèle de nombreux Français car "ils ont des intérêts en France". Courant octobre, la première édition du salon de l'emploi francophone, organisé par l'Union des Français de l'Etranger (UFE) s'est tenue à Saragosse, première édition à être organisée en dehors de Madrid et de Barcelone.
Les associations, poumons de la communauté française
A l’image des principales villes d’Espagne (Madrid, Barcelone, Séville, Valence), la communauté française s’articule autour de nombreuses associations. L’Union des Français de l’étranger, le Cercle des Français de Saragosse, la société d’entraide, toutes ont pour but d’être vectrices de socialisation et d’intégration. "Les différentes associations participent à la vie culturelle de la communauté française, même si notre communauté a plus tendance à se regrouper spontanément", avance Rafael Ledesma tout en précisant que "la communauté française est parfaitement intégrée et se mêle sans difficulté au reste de la société". Au cœur de cette dynamique, le consulat organise deux moments forts dans l’année : un repas de Noël et une rencontre lors du 14 juillet.
A environ 150km des frontières françaises, Saragosse entretient un lien évident avec la France. Le paradoxal nombre restreint de Français vivant en Aragon est largement compensé par le dynamisme de ses institutions et les évidents intérêts économiques. Deux facteurs assurant la pérennité de la communauté française.