Née à Barcelone, la start-up Arkeobots s’est donné pour mission de redonner un visage à la solitude. Sa création, Arkeo, est un robot compagnon imaginé pour apporter une présence bienveillante à ceux que l’isolement guette. Déjà fonctionnel, le prototype entre dans une étape décisive avec une campagne Kickstarter destinée à financer sa mise sur le marché. À l’origine du projet, un Français : Erwan Molina, ingénieur et cofondateur, inspiré par l’histoire de son grand-père.
« Notre rêve, c’est qu’Arkeo devienne la référence du robot social humanoïde pour les personnes seules », résume Erwan Molina. Seniors isolés, jeunes en dépression ou simplement personnes pour qui le silence est trop assourdissant : tous pourraient trouver dans cette silhouette expressive une voix qui répond, un visage familier, et une présence réconfortante.
Conçu comme un compagnon du quotidien, Arkeo parle, rappelle les rendez-vous, incite à sortir, alerte les proches en cas d’inactivité. Il peut même proposer des exercices de mémoire pour garder l’esprit en éveil. Mais au-delà des fonctions, ce qui compte, c’est le lien, cette illusion de chaleur humaine qui traverse la machine.
« Le robot n’est pas un substitut médical », prévient Erwan Molina. « Il ne soigne pas : il accompagne. Il aide à conjurer la dépression, à combattre les oublis, à atténuer ce sentiment d’abandon — sans jamais prétendre remplacer la présence d’un être humain. »
Quand la solitude d’un grand-père fait naître une idée
Derrière Arkeobots, il y a d’abord une histoire intime. «J’ai voulu créer quelque chose qui ait plus de sens que de simples robots pour le plaisir de les fabriquer », confie Erwan Molina.
Tout part de son grand-père, Valeriano, resté seul après la mort de sa femme. « Il ne répondait pas toujours au téléphone, oubliait son bouton d’urgence… Mon père vivait dans la peur de recevoir un appel à trois heures du matin. »
Une nuit, Valeriano chute. Il doit ramper jusqu’à son voisin pour appeler les secours. « Ça l’a traumatisé, et cela a bouleversé toute notre famille. » De cette scène, l’ingénieur tire une conviction : la technologie peut être un rempart contre le silence. Arkeo naîtra de là — un robot d’écoute, d’attention et de dialogue.Autour d’Erwan Molina, ingénieur et CEO d’Arkeobots, s’est formée une petite équipe soudée à Barcelone : Thomas Samson, directeur technique (CTO), et Adèle Zoaeter, directrice des opérations (COO). Tous trois partagent la même ambition — faire d’Arkeo une technologie accessible et humaine.
Autour d’Erwan Molina, ingénieur et CEO d’Arkeobots, s’est formée une petite équipe soudée à Barcelone : Thomas Samson, directeur technique (CTO), et Adèle Zoaeter, directrice des opérations (COO). Tous trois partagent la même ambition — faire d’Arkeo une technologie accessible et humaine.
Arkeo, un compagnon qui apprend à vous connaître
Ce qui distingue Arkeo des autres robots d’assistance, c’est sa personnalité — ou plutôt, sa capacité à en avoir une. « Chaque Arkeo est unique, comme chaque être humain », sourit Erwan Molina. « Il apprend les histoires, les souvenirs, les émotions de son utilisateur, et façonne sa propre manière d’être à partir de là. »
Mais attention : le robot n’est pas un miroir flatteur. « Contrairement à d’autres intelligences artificielles, il ne caresse pas dans le sens du poil », sourit Erwan. Si un utilisateur aborde des sujets sensibles, il cherche à apaiser, à ramener à la nuance et sait aussi poser des limites. »
Le robot s’appuie sur des tests neurocognitifs réguliers pour évaluer la mémoire, la concentration et la vitalité de son interlocuteur, tout en transmettant des rapports simples et clairs aux proches. « Si le robot remarque que la personne ne sort plus depuis plusieurs jours, il peut le signaler, sans dramatiser la situation. »
La technologie peut être un outil d’humanité
Pour Erwan Molina, Arkeobots défend une autre idée de la technologie. « On la présente souvent comme un substitut à l’humain. Nous, on veut qu’elle soit un outil d’humanité », résume-t-il. Depuis Barcelone, il s’est entouré d’une petite équipe mêlant ingénieurs, designers et psychologues pour donner forme à une robotique sociale, accessible et éthique.
« Aujourd’hui, certaines personnes parlent à ChatGPT comme à un psy », constate-t-il. « Cela dit quelque chose du manque de dialogue dans nos sociétés. Nous, on veut aller plus loin : offrir une présence réelle, une forme, un regard. Quelque chose qui respire la chaleur, pas le code. »
Kickstarter : le pari de l’indépendance
Arkeobots a choisi la voie du crowdfunding plutôt que celle des investisseurs. Un choix assumé, presque militant. « Les investisseurs veulent souvent imposer des prix plus élevés et des contraintes qui finissent par éloigner le projet de sa mission sociale », explique Erwan Molina.
Lancée sur Kickstarter, la campagne vise à lever 116.000 euros : la moitié pour peaufiner le prototype, l’autre pour produire les premiers modèles. Les contributeurs peuvent miser quelques euros ou aller jusqu’à précommander Arkeo avec 40 % de réduction, soit 2.400 euros — « le robot humanoïde le moins cher du marché », assure son cofondateur.
Les premières livraisons sont prévues pour juin 2026. D’ici là, l’équipe promet de tenir ses soutiens informés chaque mois, comme on prendrait des nouvelles d’un proche en construction.
Découvrir la campagne Kickstarter d’Arkeobots
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