Ils sont entrepreneurs, ingénieurs, communicants ou investisseurs, réunis par une même intuition : Barcelone devait avoir son grand rendez-vous de l’intelligence artificielle. Porté par cette énergie, le premier AI Summit Barcelona a rassemblé près de 1.000 participants au Glovo Campus. Une aventure collective, ambitieuse et résolument barcelonaise.


C’est souvent comme ça que naissent les grandes aventures : d’une intuition et d’un peu d’audace. « Tout est parti d’une soirée en marge du Mobile World Congress », raconte Jérémie Benhamou, fondateur de The Tech Nation et coorganisateur de l’événement. « Je retrouve David Lambert à une after-party, on parle de créer quelque chose autour de l’IA… Très vite, on s’enthousiasme. Le lendemain, je vérifie : le nom de domaine aisummitbarcelona.com est libre. On l’achète. »
Quelques jours plus tard, l’idée rebondit du côté de la French Tech Barcelona. Guillaume Rostand, président de l’association et CMO de Liligo, se souvient : « Cet événement est accidentel, et en même temps, il était attendu. »

Autour d’un déjeuner avec l’ambassadrice de France à Madrid, Kareen Rispal, et la consule de France à Barcelone, Azar Agah-Ducrocq, une discussion sur l’IA s’enclenche. « Je me dis qu’il y a déjà des événements tous les jours sur le sujet, explique Rostand. Alors si on le fait, il faut que ce soit ambitieux. »
Le projet prend forme : les connexions s’enchaînent, Glovo ouvre les portes de son campus, les premiers intervenants confirment, et le nom de Luc Julia, co-créateur de Siri et Chief Scientific Officer chez Renault, vient asseoir la crédibilité du sommet.
Au cœur de l’AI Summit, une équipe jeune et un esprit barcelonais assumé
Très vite, un noyau dur se met en place. Tanguy Wincker et Adam Hruska, la vingtaine à peine, prennent en charge la logistique. Autour d’eux, Marie-Laure Fenet, Muriel Moscardini et Lucile Minnebois rejoignent l’aventure. « À l’origine, c’était une idée de 500 personnes. Finalement, on a réuni près de 1.000 participants et plus de 80 intervenants, » raconte Lucile Minnebois, cheffe de projet événementiel.

Quatre scènes, des keynotes, des panels, des workshops, une food court et un rooftop animé par un DJ… Le AI Summit Barcelona tranche avec les formats habituels du secteur.« On voulait un événement professionnel, mais avec une vraie vibe barcelonaise », confie Minnebois. « Quelque chose d’humain, de festif, sans le côté costard-cravate.»
Une approche que partage Jérémie Benhamou. « Beaucoup pensent que l’IA rompt les liens humains. Pour moi, c’est tout l’inverse : elle nous libère des tâches répétitives et nous redonne du temps pour les choses essentielles. »
Et l’ironie n’aura échappé à personne : l’événement lui-même a été en partie conçu grâce à l’intelligence artificielle. Génération de visuels, planification, automatisation des tâches… autant d’outils qui ont permis à l’équipe d’aller vite et bien. « Sans ça, l’organisation aurait été presque impossible », reconnaît Benhamou. « Ces outils simples ont permis à deux jeunes de 20 ans de piloter un sommet international. C’est très impressionnant. »

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À Barcelone, l’IA se vit comme une expérience collective
Soutenue par une quinzaine de sponsors — dont Microsoft, ElevenLabs et Glovo —, cette première édition a tenu sa promesse : dépasser le discours pour montrer l’IA en action. Démonstrations en direct, hackathon, débats sur les enjeux éthiques et culturels : l’événement a donné à voir la diversité d’un secteur en plein basculement.

« Barcelone attendait un événement comme celui-ci. Si on ne l’avait pas fait, quelqu’un d’autre l’aurait fait, » résume Guillaume Rostand. Pour lui, la clé du succès réside dans l’émotion : « Le vrai défi, c’est de créer de la mémorabilité. On espère que les gens s’en souviendront et qu’ils repartent avec quelque chose en tête, une rencontre, une idée, une émotion.. »
Sold out plusieurs jours avant l’ouverture, l’AI Summit Barcelona a réuni développeurs, investisseurs, chercheurs et curieux dans une atmosphère stimulante et décontractée. Et si cette “petite French Mafia”, comme la surnomme avec humour Jérémie Benhamou, venait d’installer durablement Barcelone sur la carte mondiale de l’intelligence artificielle ?
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