Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Toutes les concessions que Puigdemont a arrachées au gouvernement espagnol

Lors de son annonce surprise de se présenter aux élections en Catalogne, Carles Puigdemont s'est vanté d'avoir obtenu des concessions d'importance historique de la part du PSOE. Retour sur toutes ces victoires que le réfugié de Waterloo place désormais au centre de sa campagne.

Pedro Sanchez et Carles PuigdemontPedro Sanchez et Carles Puigdemont
Pedro Sanchez, alors chef de l'opposition, rend visite à Carles Puigdemont, président de la Generalitat, le 15 mars 2016/Generalitat de Catalunya
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 30 mars 2024, mis à jour le 1 avril 2024

En 6 ans, Carles Puigdemont est passé d'être un pestiféré qui avait fui l'Espagne dans le coffre d'une voiture et s'était réfugié à Waterloo en Belgique, à devenir la pièce maîtresse de l'échiquier politique espagnol. Il pourra maintenant revenir en héros et est bien décidé à reprendre son projet d'indépendance de la Catalogne.

 

Devant les membres de son parti Junts per Catalunya, qui l'ont acclamé aux cris de "Président!", Puigdemont en a profité pour se vanter de tous les avantages qu'il avait su tirer du gouvernement espagnol. En somme, un important palmarès en guise de programme électoral, pour démontrer aux siens mais aussi et surtout à son électorat potentiel que c'est lui l'homme de la situation. Et pour cause:

Pedro Sanchez investi grâce à Junts

La grande aventure pour Carles Puigdemont commence le lendemain des élections générales du 23 juillet dernier. Le PP avait gagné les élections mais il fut incapable d'obtenir une majorité pour gouverner. Le PSOE, en revanche, y est arrivé après presque 4 mois de négociations avec les différents partis (Sumar, ERC, Bildu et surtout Junts). Et c'est ainsi que Puigdemont s'est vanté que les 7 voix de son parti avaient été "décisives" et que "le premier ministre d'un Etat membre de l'UE", en parlant de Pedro Sánchez, "a dû être investi grâce à un accord signé et négocié en dehors de son pays".

 

Negociation du PSOE avec Carles Puigdemont à Bruxelles
Négociation du PSOE avec Carles Puigdemont  à Bruxelles / Junts per Catalunya

 

Un médiateur international

C'est bien là le 2e point qu'a tenu à rappeler fièrement Puigdemont. Le gouvernement espagnol a accepté de négocier à l'étranger, en présence d'un médiateur international, comme s'il s'agissait de deux États. "Nous avons assis l'Etat espagnol dans un espace en Suisse avec un médiateur international. Ils disaient que cela n'arriverait jamais dans la vie, et c'est arrivé", s'est réjoui Puigdemont lors de son discours. La présence du médiateur international, a-t-il expliqué, permet à Junts de négocier avec le PSOE "sur un pied d'égalité et dans un cadre favorable. Pas dans un cadre où l'une des parties a le fardeau de l'extradition, ou la menace de l'emprisonnement".

 

Carles puigdemont vote referendum illégal 1 octobre 2017
Carles Puigdemont vote lors du referendum illégal du 1er octobre 2017/Generalitat de Catalunya

 

L'amnistie

On arrive ainsi au grand sujet du retour de Puigdemont en Espagne sans passer par la case "prison". Une grande victoire pour le fugitif de Waterloo qui a affirmé que la loi d'amnistie qu'il a réussi à arracher au PSOE met fin à la "répression" que les partisans de l'indépendance ont subie depuis le referendum illégal du 1er octobre 2017. Puigdemont a rajouté que les socialistes avaient toujours déclaré que l'amnistie ne verrait pas le jour: "ils l'avaient niée jour et nuit, avec une force qui ne laissait aucun doute. Internet regorge de vidéos de personnalités socialistes disant : cela n'arrivera jamais". Et il s'est encore vanté, sur un ton de défi : "Nous avons entraîné l'État dans notre position et non l'inverse. Telle est la stratégie: lorsque nous nous laissons entraîner, nous perdons ; lorsque nous entraînons, nous gagnons". L'amnistie permettra donc à Puigdemont de rentrer en Espagne, sans passer par l'épreuve du banc des accusés.

 

gouvernement regional catalan en 2017
Plusieurs des membres du gouvernement régional catalan en octobre 2017 ont été emprisonnés alors que Carles Puigdemont a fui en Belgique/Generalitat Catalunya

 

Le gouvernement espagnol n'a pas de budget en 2024

Puigdemont s'est aussi vanté que Pedro Sánchez "n'a pas pu présenter le budget de cette année parce qu'il savait que nous n'accepterions pas des chiffres qui perpétueraient le pillage de la Catalogne. Ils n'ont pas osé les présenter", a-t-il souligné.

Le poids du catalan

Moins important politiquement, mais fondamental du point de vue symbolique en Catalogne, l'ancien président de la Generalitat a souligné qu'il avait réussi à "normaliser l'usage officiel du catalan au Congrès" et que grâce à lui, pour la première fois "le débat d'investiture du Premier ministre espagnol s'est déroulé en catalan". Dans son palmarès, Puigdemont a également ironisé sur la façon dont le gouvernement espagnol se bat désormais pour que le catalan soit reconnu comme langue officielle de l'UE. "Si vous m'aviez dit que je verrais un ministre espagnol défendre une langue avec la conviction avec laquelle Albares (le ministre des Affaires Étrangères) défend la langue catalane, je ne l'aurais jamais cru de ma vie", a-t-il déclaré.

Prochaine étape: L'autodetermination

Après avoir arraché la loi d'amnistie à Pedro Sánchez, Carles Puigdemont a une nouvelle fois fait savoir qu'il ne renonçait pas à la voie unilatérale pour obtenir l'indépendance de la Catalogne: "Nous proposerons à l'État un référendum d'autodétermination. Pas une consultation, pas un substitut. Et nous le ferons dans un contexte politiquement beaucoup plus favorable qu'en 2017". Puigdemont a ainsi promis de "terminer avec succès le processus d'indépendance commencé en octobre 2017", profitant du fait que lors de la prochaine législature "le dixième anniversaire du référendum" sera célébré et suggérant, par conséquent, que 2027 serait une date symbolique et appropriée pour organiser un nouveau 1-O.

 

Flash infos