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L'ex-chef des Mossos d'Esquadra au banc des accusés

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CC BY-ND 2.0 - Mossos. Generalitat de Catalunya
Écrit par Francis Mateo
Publié le 21 janvier 2020, mis à jour le 21 janvier 2020

Josep Lluis Trapero est jugé pour "rébellion" devant l'Audiencia Nacional de Madrid. 


Le procès pour "rébellion" qui vient de démarrer à Madrid à l'encontre de Josep Lluis Trapero, ancien "major" des Mossos d'Esquadra, ouvre une nouvelle phase dans l'action judiciaire à la suite de l'éphémère déclaration d’indépendance de la Generalitat de Catalogne en 2017. 

On pourrait appeler ce nouvel épisode : "Le Procés, suite et fin". Mais ce serait prendre un double risque. D’abord parce les acteurs de ce nouveau chapitre font tout pour se différencier du sort des indépendantistes condamnés en octobre dernier. À commencer par le premier intéressé, Josep Lluis Trapero, clairement désolidarisé de l'ensemble des représentants politiques ayant pris part à cette déclaration d'indépendance, que l'ancien chef des "Mossos" a qualifié de "barbaridad" ("ineptie") à la barre du tribunal ; répétant même que ses hommes étaient prêts à passer les menottes aux poignets de Carles Puigdemont, au besoin. Mais l'ordre n'est pas arrivé et l'ancien président de la Generalitat a filé avant que l'éventualité ne se pose. 

Lors des deux premiers jours d’audience, aucun responsable politique catalan ne s'est d’ailleurs manifesté à l'Audiencia Nacional (où l’affaire est jugée), alors que les ex-adjoints Pere Soler et César Puig, en charge à l'époque de la sécurité à la Generalitat, sont également accusés de rébellion dans ce volet. 

Ce ne serait donc pas la suite du "Procés", et pas la fin non plus, puisque les leaders indépendantistes (de JuntsXCat et ERC) restent à l'affût de la sentence pour -éventuellement- dénoncer encore une "judiciarisation de la politique" à laquelle Pedro Sanchez a promis de mettre un terme. 


Méfiance réciproque

Au delà de ces enjeux de stratégie politique, le procès de Josep Lluis Trapero pose la question du rôle de la police catalane et des interactions avec les autres corps de forces de l'ordre (Guardia Civil et police nationale) voire avec l'armée. Même si le substitut du procureur Miguel Angel Carballo a tenu à rappeler en préambule qu'il ne s'agissait pas "de juger les Mossos d'Esquadra", mais d’apprécier la responsabilité des accusés désignés. 

Il n'empêche, l'ombre d'une possible déloyauté plane dans la salle d'audience ; ou pour le moins une méfiance, réciproque d'ailleurs : le procureur reprochant à l'ancien chef des Mossos de ne pas être intervenu avec suffisamment d'ardeur lors du référendum du 1-O, et Josep Lluis Trapero se plaignant en retour des rétentions d'information et du manque de collaboration de la Guardia Civil, ce qui aurait entravé l'intervention des Mossos. 

L'ex-Major sait aussi qu'il profite toujours de son aura en Catalogne, d’abord pour son action lors des attentats d'août 2017 sur les Ramblas de Barcelone, lorsque les Mossos avaient pris de vitesse et d'efficacité les forces de police nationale, en neutralisant notamment le terroriste en fuite Younes Abouyaaqoub. 

Par ailleurs, les Mossos d'Esquadra et leur chef ne sont pas assimilés aux violences policières lors du vote d'autodétermination, qui suscitent encore un certain ressentiment. 

Des arguments qui plaident en faveur d'un apaisement et justifieraient une issue modérée à ce procès. L’accusation de "rébellion" pourrait ainsi être requalifiée en "sédition", ce qui exposerait à des peines moins lourdes. Josep Lluis Trapero et ses co-accusés risquent actuellement jusqu'à onze ans de prison.

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