Catalogne : Quim Torra annonce des élections sine die

Par Francis Mateo | Publié le 29/01/2020 à 11:30 | Mis à jour le 29/01/2020 à 18:23
Photo : (Govern de Catalunya)
quim torra

Le président de la Generalitat veut adopter le nouveau budget avant de dissoudre le parlement catalan. 


Les couteaux sont tirés entre les deux principaux partenaires de la majorité parlementaire de la Generalitat, JuntsXCat et ERC. Les hostilités ont commencé au lendemain de la destitution de Torra par le Tribunal Suprême de son mandat de député à la Generalitat (ce qui ne l'empêche pas de rester à son poste de président catalan). À la surprise des coreligionnaires de Quim Torra et Carles Puigdemont, le président du "Parlament" Roger Torrent et l’ensemble du groupe des élus d'ERC ont donné leur aval sans attendre à cette destitution. Ce que l'ensemble de l’hémicycle a immédiatement interprété comme un divorce entre les deux groupes, et donc la fin d'une législature entamée le 21 décembre 2017. 

Après deux jours de réflexions, Quim Torra a répondu ce 29 janvier en annonçant effectivement l'organisation de nouvelles élections... mais sans donner d'échéance. À mi-chemin de son mandat, le président de la Generalitat en a appelé à la "responsabilité" et la nécessité de "mettre le pays par dessus tous les intérêts partisans et particuliers", ce qui passe par un accord au Parlament pour l'adoption d'un budget qui fait toujours terriblement défaut depuis trois ans

Le discours très institutionnel de Quim Torra ne masquait pas son ressentiment vis-à-vis de ses alliés indépendantistes, et en particulier de Roger Torrent. Le président de la Generalitat s'inscrit également dans le processus de dialogue avec le gouvernement espagnol, qu'il rencontrera dans les prochains jours, reconnaissant ainsi les accords de négociations établis entre Pedro Sanchez et ERC.


La campagne est ouverte

Et maintenant ? Les démarches pour l’adoption du budget de la Generalitat vont donc pouvoir finalement aboutir, puisque les négociations sont quasiment finalisées entre les différents groupes de la majorité. Dans ce cas, le nouveau budget pourrait être validé en un mois, et les nouvelles élections catalanes convoquées aux alentours du début du mois de mars. Avec toute la prudence nécessaire dans ce contexte de guerre ouverte entre deux grands mouvements politiques indépendantistes catalans. Signe révélateur : le leader d'ERC Gabriel Ruffian n'a pas tardé à "dégainer" un tweet quelques minutes après le discours de Quim Torra pour réclamer en substance davantage de moyens et de mesures sociales... "ou rien". 


En fait, si l'on ne connaît encore la date des nouvelles élections catalanes, on sait en tous cas le jour d'ouverture de la campagne électorale : ce 29 janvier 2020 ! Dans la même logique, le rendez-vous de Carles Puigdemont à Perpignan le 29 février prochain prendra à n'en pas douter la forme d'un grand meeting. De son côté, l'opposition entend saisir l'opportunité pour renverser la majorité indépendantiste au parlement catalan, même si les possibilités d'alliances restent très hypothétiques entre Lorena Roldán (Ciutadans) et Miquel Iceta (PSC), alors que le PP est devenu quasiment inexistant dans l’hémicycle.

Reste également une inconnue concernant d’éventuelles nouvelles sentences du Tribunal Suprême pouvant aboutir à l'inhabilitation du Président de la Generalitat. Ce qui accélérerait un peu plus le processus électoral annoncé.

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Francis Mateo

Journaliste spécialisé en économie et tourisme, correspondant pour lepetitjournal.com en Catalogne, Francis Mateo est également directeur des éditions Barnanews.com (Barcelone).
1 Commentaire (s) Réagir
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Giel358 jeu 30/01/2020 - 08:50

Ces nouvelles élections amèneront de nouveau les indépendantistes au pouvoir malgré qu'ils soient minoritaires. Résultat du système de répartition des sièges au Parlement et les violences exercées par ces "golpistas" à l'encontre des constitutionnalistes. La meilleure solution ne serait-elle pas d'enfermer ces golpistas dans un ghetto (les deux provinces les plus radicales) `- à l'image du Kosovo - et les laisser se crêper le chignon jusqu'à leur annihilation par manque d'aides internationales ? Barcelona a perdu son statut de première force économique espagnole. 5.400 entreprises ont déjà déménagé, l'exode s'amplifierait certainement pour en arriver à un désert économique. C'est tout le bien que je leur souhaite.

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