Inquiétude après l'arrestation de sept représentants des "Comités de Défense de la République" (CDR), pour "présomption de terrorisme" . Quels sont les risques ? Et qui sont les CDR ?
À la veille de l'anniversaire du 1-O (référendum indépendantiste du 1er octobre 2017), la tension a monté d'un cran avec l'arrestation et l'inculpation de sept représentants des Comités de Défense de la République (CDR) en Catalogne, dans le cadre de l’opération judiciaire baptisée "Judas". Les sept détenus ont été incarcérés pour présomption de "rebellion", "détention d'explosifs" et "terrorisme" . À la gravité des chefs d'inculpation s'ajoute un climat politique délétère et des interventions incendiaires au Parlement catalan, avec d'un côté la députée de Ciutadans, Lorena Roldán, n'hésitant pas à faire le parallèle avec les attentats d'ETA en Catalogne, et de l'autre le président de la Generalitat, Quim Torra, prenant directement la défense des inculpés.
Depuis, deux de ces détenus ont admis la manipulation d'explosifs pour "faire du bruit" lors des manifestations annoncées le 1er octobre 2019 en Catalogne. Pour autant, la violence a jusqu'ici été absente dans la confrontation entre les forces indépendantistes et le gouvernement central espagnol, à l'exception des violences policières dans les bureaux de vote le jour du référendum illégal, il y a deux ans. L'opération "Judas" fait désormais redouter un changement radical de la part d'une frange de l'indépendantisme.
Mais qui sont ces CDR ? Les Comités de Défense de la République ont été créés justement pour coordonner l'organisation du scrutin du 1er octobre 2017 en Catalogne (les sigles signifiaient d'ailleurs au départ "Comité de Défense du Référendum"), puisant en grande partie leurs effectifs au sein des partis indépendantistes anticapitalistes, dont la CUP.
Sensibilités exacerbées
Au lendemain du 1-O 2017, les CDR se sont fait remarquer par plusieurs actions d'éclat comme l'interruption du trafic sur l’autoroute AP7 ou la paralysie des lignes de train à grande vitesse. Des actes qui sont pour certains toujours sous le coup d’investigations de la part de la justice espagnole, mais qui n'ont jamais dégénéré en affrontements ou agressions physiques. Au sein des CDR, le mouvement baptisé Équipe de Réponse Tactique (ERT) milite pour des manifestations plus radicales, et selon le juge en charge de l’enquête sur l’opération "Judas", les sept personnes interpellées ces derniers jours en Catalogne feraient partie de cette mouvance. D'où les mesures d’isolement qui ont été prises.
Sans préjuger du développement de l'affaire, le "coup de filet" a exacerbé les sensibilités à l'approche des commémorations du 1-O de la part des organisations indépendantistes, et surtout de la sentence du Tribunal Suprême visant les organisateurs du référendum illégal de 2017 (dont le jugement est attendu mi-octobre). C'est dans ce contexte que le Parlement catalan a adopté jeudi dernier une résolution de "désobéissance civile et institutionnelle" (aussitôt rejetée par le gouvernement central de Pedro Sanchez), à la demande de la CUP (et avec l'appui des partis indépendantistes JxCat et Esquerra Republicana de Catalunya). Le spectre de la violence, que chacun rejette, d'un côté comme de l'autre de l’hémicycle catalan, ne participe finalement qu'à attiser encore davantage les oppositions et les ressentiments.