Le cabinet international PwC a récemment rendu compte de la préoccupation des entrepreneurs dans son rapport : "Sujets brûlants de l'économie catalane". Une étude réalisée pour Foment del Treball, principale organisation patronale de Catalogne.
La ministre espagnole de l’Économie, Nadia Calviño, est venue début décembre à Barcelone pour la présentation du rapport sur l'état de l'économie en Catalogne, réalisé par PwC à partir d'une enquête auprès des entrepreneurs.
Premier constat : un retentissement de l'économie catalane, dont la croissance se limitera cette année à 1,8 %. La croissance en Catalogne est même inférieure à la moyenne espagnole, contrairement à ces quinze dernières années. Avec à la clé les craintes d'une accentuation de cette tendance en 2020 et 2021 de la part des chefs d’entreprises catalans. "Les entrepreneurs analysent cette contraction comme la conséquence d'une économie beaucoup plus soumise aux contraintes extérieures ; notamment pour ce qui concerne un secteur de l'automobile en pleine mutation, et qui pèse beaucoup en Catalogne", explique le rapporteur de cette étude de PwC, Ignacio Marull.
C'est pour cela que les dirigeants catalans en appellent d'une part à davantage de collaboration entre les secteurs public et privé, et bien sûr en second lieu à une stabilité politique. Sur ce plan, les facteurs déstabilisants ne sont pas seulement en Catalogne, comme l'a reconnu Nadia Calviño : "L’instabilité politique et l'incertitude sont préjudiciables", a admis la ministre, bien placée pour le savoir au sein d’un gouvernement en quête de légitimité parlementaire.
Les troubles en Catalogne liés aux suites de la sentence du Tribunal Suprême se sont par ailleurs traduits par "une contraction de la demande interne", ajoute Ignacio Marull.
Le "corridor méditerranéen" à cor et à cri
Mais ce qui préoccupe essentiellement les entrepreneurs catalans, selon le rapport de PwC, c'est la perte de compétitivité du territoire par rapport au reste de l'Espagne. Un facteur un peu inattendu attire particulièrement l'attention : "La démographie actuelle est insoutenable pour l'économie catalane". D'où la préconisation de auteurs de cette étude sur la "nécessité de prendre des mesures" pour favoriser une immigration qualifiée, en provenance notamment des pays hispanophones.
L'autre grand thème "brûlant" (pour reprendre le titre du rapport de PwC) concerne le déficit d'infrastructures en Catalogne, une revendication récurrente des entrepreneurs comme des dirigeants politiques. Il y aurait sur ce terrain un déficit d'investissement cumulé de 28 milliards d'euros au cours des 15 dernières années, à commencer par le toujours très attendu "corridor méditerranéen", qui doit renforcer Barcelone dans son rôle de "Capitale méditerranéenne", selon le mot de Javier Faus, président du Cercle D'Economia. Et il y a sur ce thème un véritable consensus, puisque "62 % des entrepreneurs catalans estiment que le manque infrastructures pénalise l'économie catalane", et "90 % d'entre eux considèrent le corridor méditerranéen comme la première des priorités".
Consciente de cette revendication, Nadia Calviño n'était pas venue à Barcelone les mains vides : elle a promis de débloquer 4 milliards d'euros au cours des prochains moins pour faire avancer ce projet.