(Photo Lepetitjournal.com)
J'avais le choix entre gymnastique rythmique, yoga et cours de langue : l'offre proposée dans le centre culturel du quartier était plutôt restreinte. Ajoutez à cela que certains cours étaient déjà complets et vous comprendrez comment je me suis retrouvé en classe de chinois, en compagnie d'une demi-douzaine de compagnons d'infortune. Première heure de cours et premier défi : comprendre le professeur, lorsqu'il explique en espagnol les structures de la langue chinoise. Le chinois est une langue tonale et cela se ressent fortement sur l'espagnol de Simon, le professeur. Après un quart d'heure d'effort et de mise en condition, ça passe mieux. Le prof, jovial, amuse la classe, avec ses "es la hostia" et autres "qué fuelte".
Décortiquant nos premiers sinogrammes, nous apprenons que les dictionnaires chinois ne sont pas d'accord : si le plus complet comptabilise 56.000 signes, seuls 47.035 sont recensés au sein du second ouvrage de référence. Dans la presse quotidienne, ce sont entre 7.000 et 10.000 signes qui sont utilisés. Enfin tranquillisons nous : avec 560 signes, nous devrions être en mesure d'indiquer "chinois" dans la rubrique langue de notre CV. En attendant, les élèves peinent sur les premiers mots. Aidés du pinyin, la transcription phonétique des caractères chinois, nous nous lançons dans les exercices de prononciation. Une belle cacophonie.
Une langue à la mode
L'apprentissage du chinois est en plein boom, en Espagne comme en France (voir notre article sur le chinois à l'école). Dans l'Ecole Officielle de Langue de Madrid, les demandes d'inscriptions pour les cours de mandarin sont passées de 300 à 1.200 par an. Comptez 8 ans d'étude pour maîtriser la langue. Dans le centre culturel de mon quartier, ce serait plutôt 16 ans : entre blagues de potaches, disgressions sur la culture chinoise et bêtise de ma voisine de droite, qui lance des "porqué" à tout bout de champ, le cours n'avance pas vite. Mais en dépit de la lenteur du cours, on apprend plein d'anecdotes amusantes et on se sensibilise, avant tout, à cette culture à la fois omniprésente et méconnue. Aujourd'hui, à l'image des 1.300 millions de Chinois et des 150.000 d'entre eux habitant l'Espagne, w? sh? Zh?ngguorén (je suis Chinois).
Antoine TESSON (www.lepetitjournal.com) jeudi 18 février 2010
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