Barcelone s'oppose au nouveau décret régional sur la location de chambres privées comme logement touristique. La municipalité a décidé de suspendre l'octroi de licences pour ce type de locations durant au moins un an.
En début de mois, la Generalitat de Cataluña a validé un décret sur le tourisme afin de réguler les nouvelles tendances de locations touristiques. Le texte autorise la location de chambres de particuliers à des touristes au sein d'un domicile privé, si le bien immobilier est la résidence principale du propriétaire et si ce dernier cohabite avec les vacanciers durant leur séjour. La location est possible dans la limite de 4 voyageurs par foyer, et le séjour ne doit pas dépasser 31 jours. Le gouvernement régional laisse aux mairies la responsabilité des normes qui définiront ce type de locations d'ici un an.
Un tapis rouge à AirBnb
La législation encadrant ces locations touristiques est attendue depuis plusieurs années en Catalogne. Les locations de biens privés ont bénéficié à Barcelone d'un certain vide juridique, lourd en conséquences pour le marché local de l'immobilier. Le développement des plateformes de locations d'appartements telles que AirBnb et le manque de régulation ont suscité de nombreux abus, fait grimper les prix des loyers, et provoqué le déménagement de nombreuses familles de locaux à l'extérieur de la ville. Si la mairie de Barcelone se dit en faveur du modèle touristique de chambre d'hôte, qui permet à des touristes de séjourner chez des habitants, elle s'oppose en revanche aux locations d'appartements entiers. La spéculation immobilière qui peut être favorisée par les plateformes de location, et qui a fait tant de mal au marché du logement barcelonais, est dans le viseur du gouvernement d'Ada Colau. "Ce n'est pas le secteur touristique qui est en jeu, mais le droit à l'accès à l'habitat", a déclaré la conseillère municipale liée à l'urbanisme Janet Sanz.
Pas d'autorisation pendant au moins un an
"Nous avons besoin d’une règlementation qui fixe les limites de la spéculation et qui ne soit pas au service de plateformes comme Airbnb", a expliqué la municipalité en conférence de presse. Sanz reproche au texte de la Generalitat de faciliter le détournement de logements en appartements touristiques, compte tenu des difficultés pour vérifier si le propriétaire vit bien sur place. Pour freiner l'application du décret, la mairie a choisi de suspendre purement et simplement les licences pour louer des chambres à des touristes, ainsi que les permis et autres autorisations visant des logements à partager. Une décision qui vient perturber aussi les plans des propriétaires qui comptaient louer légalement pour arrondir leurs fins de mois. La décision est applicable pour un an renouvelable, le temps "d'étudier et d’élaborer un plan spécial pour réglementer cette activité de location tout en garantissant le droit au logement des voisins et des voisines".