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Autogouvernance: vers un nouveau statut d'autonomie catalan ?

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Cercle d'Economia
Écrit par Alexandra Pichard
Publié le 3 juin 2018, mis à jour le 3 juin 2018

Alors que la barrière psychologique des 4.000 entreprises qui ont fui la région a été dépassée en mai, et en même temps que l'Espagne changeait de chef du Gouvernement, le Cercle d’Economie a présenté en fin de semaine dernière lors de sa réunion annuelle à Sitges, une proposition d'un nouveau statut d'autonomie pour la Catalogne, prônant une formule d'autogouvernement qui respecterait le cadre légal espagnol, avec pour objectif de mettre un terme à l'instabilité économique.

 

Vendredi 1er juin, les principaux représentants de l'élite économique et des partis politiques catalans (sauf la CUP) assistaient à la présentation du projet, et ont débatu sur cette proposition. Une fenêtre s'ouvrirait-elle vers une solution "constitutionnelle" de la crise catalane ? 

La situation entre la Generalitat et l'Etat central espagnol en est arrivé à un tel degré de déteriorement, que le moindre signe positif constitue un petit événement en soi, et une lueur d'espoir vers une solution constructive à la crise. Ouverte par le nouveau Président de la Generalitat Quim Torra, la réunion annuelle du Cercle d'Economie, organisation entrepreneuriale pro-européenne, véritable référence au sein de l'élite entrepreneuriale et politique au niveau régional et national, et la proposition d'un projet pour un nouveau statut d'autonomie de la Catalogne qui y a été présenté, a en ce sens permis de regrouper les représentants des partis politiques qui s'affrontent au sein du Parlement et d'initier autour de la proposition, une réflexion commune qui, pourquoi pas, pourrait bien rassembler les ennemis d'aujourd'hui vers un projet commun de demain. Tandis que la population civile a montré sa capacité à intervenir dans le processus catalan, avec des mobilisations sans précédent depuis plusieurs années et qui ont culminé avec l'organisation du référendum "illégal" d'octobre dernier, le monde entrepreneurial n'est pour sa part pas en reste et a aussi su marquer de son empreinte le débat. Et pourrait bien constituer la charnière de normalisation de la situation.

Présentée dans un contexte "de destruction créative", avec "la technologie, le capitalisme, la politique et la géographie actuant comme des forces naturelles disruptives", la mesure a de fait été très bien accueillie par la majorité des participants, qui ont apprécié la volonté de l’organisation d’entreprises de tenter d’apporter des solutions jugées réalistes. En effet, le Cercle d'Economie propose donc que la Catalogne ait un nouveau statut d'autonomie, qui aurait un poids légal plus important et s'élèverait au rang de "constitution catalane" -toujours cependant au sein d’un modèle territorial avec des "caractéristiques fédérales" comme celui de l’Etat espagnol. Un statut qui concernerait différents domaines comme l’éducation, la culture mais surtout la gestion de l’économie régionale, et qui serait voté par référendum par la communauté catalane. 

 

Un statut d'autonomie qui serait voté par référendum par la communauté catalane

 

Le principal objectif restant de récupérer la confiance du monde entrepreneurial, pour favoriser le retour des entreprises qui ont fui la Catalogne, mais aussi pour stimuler la naissance de nouveaux projets entrepreneuriaux dans la région. Le Statut, qui a pour vocation de devenir une norme constitutionnelle espagnole si elle est ratifiée par la volonté du peuple catalan, propose un nouveau modèle de financement autonome. La région deviendrait la responsable directe de son économie, avec notamment la possibilité de dessiner et de gérer son propre régime fiscal et la distribution des financements régionaux pour correspondre au mieux aux attentes des Catalans. Les communautés autonomes pourraient avoir leur propre impôt sur le revenu, les entreprises et la TVA. Tout cela en maintenant cependant l’esprit de collaboration et solidarité avec les autres communautés pour conserver l’équité entre les différents territoires de la Péninsule. 

La proposition témoigne également d’une volonté de rassurer en ouvrant une porte de dialogue entre la Catalogne et l’Espagne. En effet, du côté des constitutionnalistes, la nouvelle est très bien reçue, de par sa dimension de consensus mais surtout de légalité. Mais plus généralement, l’ensemble des intervenants ont plutôt approuvé la mesure, même si elle représente un sacrifice pour toute une partie de la population qui réclame l’indépendance totale de la Catalogne, et non un statut plus autonome. 

 

Jeter des ponts pour dialoguer

 

Un espoir qui pourrait bien être renforcé par le contexte national du pays, et le changement de présidence du Gouvernement espagnol en faveur du socialiste Pedro Sánchez, qui pour obtenir les votes des indépendantistes catalans lors de la motion de censure contre l’ancien président Mariano Rajoy, leur a promis de "jeter des ponts pour dialoguer" avec le gouvernement de Quim Torra. Le changement de présidence représente peut-être une porte ouverte vers plus de communication, et n’a pas manqué de provoquer également une allusion, ce vendredi, sur le fait que les différents groupes politiques espagnols se sont réunis pour se mettre d’accord et atteindre un but commun, et qu’il était possible de faire de même en Catalogne. Un espoir, donc, qui va dans le sens de la réparation de la fracture sociale et de la fracture entre les entreprises et la Catalogne, avec un proposition qui pourrait bien constituer une piste pour une solution légale à la crise catalane. 

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