Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

AU COEUR DE LA DIADA – "Volem Viure en Català !"

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 12 septembre 2014

La Diada a tenu ses promesses pour le tricentenaire du siège de Barcelone. Les Catalans sont montés en puissance au fil de la journée pour terminer en apothéose. Une journée spéciale où trotte dans toutes les têtes l'espoir d'une future indépendance.

(Photos Asemblea Nacional catalana)

Du jaune et du rouge, par milliers. Tee-shirts, débardeurs, capes, drapeaux, et mêmes casquettes en cartons, l'attirail 100% catalan est de mise en ce jeudi 11 septembre 2014. Dès la matinée, les rues de Barcelone commencent à s'agiter. Les autochtones se déplacent par dizaines. Ils ont l'air de tous se connaître. La famille, les amis et les collègues marchent vers leur but : la Avingunda Diagonal d'un côté, la Gran Via de les Corts Catalanes de l'autre. Ses deux avenues se rejoignent à la Place des Gloires, où se concrétisera le bas du "V" humain dans quelques heures. Le V de la victoire, le V du vote.

"Ara es la hora"
Les hommes, les femmes, les jeunes, les seniors, les nourrissons et mêmes les chiens sont drapés des couleurs locales. Ils mangent leurs spécialités, allongés dans l'herbe, au bord de la route, faisant la ola à chaque passage de voiture. Dans l'après-midi, petit à petit, les autocars de la région se garent à proximité. Plus de 1.500 ont été affrétés pour cette journée selon la presse espagnole. Les Catalans qui n'habitent pas à Barcelone en descendent. Sur leurs vêtements bicolores, on lit l'inscription "Ara es la hora". L'heure est venue, en effet.
La foule se multiplie toutes les dix minutes. En descendant l'Avenue Diagonale vers la Place des Gloires, on remarque plusieurs stands "Vot per la independencia". Dans cette ambiance de fête, il ne faudrait pas oublier le contexte actuel : la Catalogne croit dur comme fer à son référendum sur l'indépendance du 9N prochain. Et visiblement, elle procède déjà à un vote "d'essai" auprès de ses citoyens. Les Catalans s'arrêtent, remplissent un formulaire, cochent leur choix sur un papier et le posent dans l'urne. Comme un premier avertissement à Madrid sur leurs intentions.

diada 2014 barcelone
"Notre c?ur est catalan"
"La première raison de notre choix est économique, nous voulons garder notre argent", avoue Nil Albert Escudé, entrepreneur à Lleida, "mais nous avons d'autres arguments : nous avons notre propre culture et surtout notre c?ur est ici. Si nous réussissons, je pense que l'Union Européenne nous acceptera comme tel, les autres pays ont beaucoup d'industrie chez nous". Maria, elle, avance l'argument de la corruption pour justifier la tendance : "elle est néfaste pour le pays, mais c'est plus facile de le gérer dans la seule Catalogne car c'est plus petit".

Près de la grande place, une jeune femme joue un morceau catalan avec son hautbois. Progressivement, sa mélodie est reprise en c?ur par ses dizaines de compatriotes qui l'entourent en tapant des mains. De l'autre côté, la Gran Via de les Corts n'est pas encore remplie, loin s'en faut. Les diverses associations s'organisent et donnent leurs consignes aux manifestants. Tout doit être prêt dans une heure, à 17h14 exactement, en référence à 1714, date du siège de Barcelone, le 11 septembre.

Rendez-vous dans deux mois
En remontant l'Avingunda Diagonal, l'augmentation de la foule est notable. Il est de plus en plus difficile de se frayer un chemin. Les gens commencent à chanter et à scander des slogans en faveur de l'indépendance. Le spectacle est au rendez-vous. Des géants de papier habillés en toréador surplombent la foule. Plus haut, quelques jeunes artistes tentent un casteller, une pyramide humaine délicate : deux, trois, quatre, puis cinq étages ! Les acrobates sont acclamés. Eduardo Corominas, ancien travailleur dans le textile, est ravi : "du temps de Franco, c'était la dictature ! Il était interdit de parler le catalan ! Ça va mieux aujourd'hui". Eduardo souhaite d'ailleurs modérer l'esprit de l'indépendance. "Avant, on ne voulait pas l'être, on voulait vivre avec l'Espagne, c'est tout. Mais le gouvernement de Madrid nous enlève de plus en plus de pouvoir, et il souhaite semer le trouble chez nous avec les affaires de Jordi Pujol, pour nous affaiblir".
Mais l'église sonne 17 heures. L'excitation est à son comble. Cette fois, l'avenue Diagonal est ultra remplie de jaune et de rouge. Il n'y a plus aucun espace. Quelques olas et quelques chants pour se chauffer. Tout le monde se tient la main, et des milliers de drapeaux catalans sont brandis. 17h14, on y est. Ils applaudissent et scandent : "Volem Viure, Plenament, en Català !". Comprenez "nous voulons vivre pleinement en tant que Catalans". Et c'est reparti pour des chants. Sur les Tee-shirts, on distingue l'inscription "11/9 -> 9/11". Le rendez-vous est pris. Le message est passé.

Pierre LEPINE (www.lepetitjournal.com - Espagne) Vendredi 12 septembre 2014
Inscrivez-vous à notre newsletter gratuite !
Suivez nous sur Facebook et sur Twitter

Téléchargez notre application pour téléphone mobile viaItunes ou via Google Play


diada 2014 barcelone
(Photo AFP)

A l'appel d'associations indépendantistes, ils manifestent pour la troisième année consécutive à l'occasion de la Diada, la "journée nationale" de Catalogne, pour pouvoir se prononcer sur l'avenir de la région.

Contrairement au gouvernement britannique, qui a autorisé le référendum écossais dans une semaine, celui de Madrid refuse tout référendum régional d'autodétermination, invoquant la Constitution... Lire la suite sur notre édition internationale

 

lepetitjournal.com barcelone espagne
Publié le 11 septembre 2014, mis à jour le 12 septembre 2014
Pensez aussi à découvrir nos autres éditions