Le réseau cyclable barcelonais s'est agrandi l'année dernière, et le nombre de vélos circulant en ville a grimpé de 15% par rapport à 2022. À mesure que leur nombre augmente, fleurissent également les défis liés à la mobilité et à l'urbanisme.


L'usage du vélo comme mode de transport urbain est en plein développement à Barcelone et dans son aire métropolitaine. Une réalité nécessaire compte tenu des enjeux écologiques actuels et de la volonté d'offrir de multiples options de mobilité urbaine. Cependant le développement de l'usage du vélo soulève de nouveaux défis et problématiques à résoudre pour assurer la sécurité de l'ensemble des usagers de la route ainsi que la fluidité du trafic.
La RACC, le club automobile catalan, s'est penché sur la mobilité à vélo à Barcelone à travers une étude du réseau des pistes cyclables et des expériences vécues par les usagers. L'organisme met en lumière plusieurs dysfonctionnements sur le réseau urbain et présente ses recommandations à la mairie.
Manque d'infrastructures et croisements dangereux
Les résultats de l'étude qui vient d'être publiée révèlent que 62% des cyclistes interrogés affirment se sentir vulnérables lorsqu'ils se déplacent à Barcelone. L'année dernière la municipalité barcelonaise a considérablement développé le volume de ses pistes cyclables; mais malgré une hausse de 22% des infrastructures disponibles, 9 cyclistes barcelonais sur 10 (91%) affirment ne pas disposer d'un réseau cyclable sécurisé (pistes cyclables, de zones 30 ou d’autres espaces spécifiques) en continu le long de leur parcours habituel.
Rappel des règles pour se déplacer à vélo en Espagne
Les usagers saluent l'effort de la mairie afin de développer les pistes cyclables. En revanche, l'aspect le moins apprécié est la conception des carrefours et des ronds-points, mal pensés pour 83% des personnes consultées. Un sentiment d'insécurité renforcé par le comportement des automobilistes : 93% des cyclistes disent trouver régulièrement des véhicules circuler ou stationner sur les pistes cyclables, et 61% ont déjà vécu des dépassements dangereux.
Réévaluer le réseau cyclable
L'étude menée par la RACC souligne l'importance de continuer à développer le réseau cyclable (le transport à vélo a augmenté de 77% en dix ans dans la ville), mais propose de se pencher sur une réorganisation des infrastructures. Le rapport met en avant une véritable congestion des pistes cyclables dans certains axes de la ville, alors que d'autres ne sont que très peu fréquentés. En heure de pointe, certaines pistes cyclables (sur la Gran Via, la Diagonal ou Paral·lel) sont en effet bouchées et les cyclistes doivent réduire la vitesse pour éviter les accidents. À l'inverse, des pistes cyclables très peu utilisées dans d'autres rues empêchent le stationnement urgent des voitures ou l'arrêt pour déposer un piéton, ce qui peut provoquer d'importants ralentissements lorsque les véhicules s'arrêtent sur la chaussée.
La recommandation générale est donc d'adapter le réseau à la réalité et à l'usage qui en est fait. Lors de la présentation de l'étude, le président de la RACC a assuré que certaines pistes cyclables doivent être éliminées si elles n'apportent pas de bénéfices aux usagers, et a rappelé que "seuls 3% des déplacements" urbains se font à vélo. L'organisme invite également la mairie de Barcelone à revoir certains croisements ainsi que la signalisation qui y est installée, afin de faciliter la circulation entre les vélos et les autres véhicules. Les cyclistes se trouvent parfois médusés face à certaines situations, comme par exemple l'installation d'un feu de signalisation à huit facettes (indiquant 6 directions et avec trois couleurs) sur la ronda de San Pere, qui perturbe davantage les usagers plutôt que de les aider.
La nécessité de former et d'informer
Enfin, la RACC recommande de mettre en place des formations ainsi que des campagnes d'information et de prévention afin de préparer les usagers à une bonne utilisation des pistes cyclables. En effet selon l'étude 3 cyclistes sur 10 à Barcelone n'ont pas leur permis de conduire, et n'ont donc jamais réalisé de formation sur le code de la route. L'enquête révèle également des comportements dangereux : 66% des cyclistes reconnaissent utiliser le téléphone portable lorsqu'ils circulent, et 34% des usagers admettent ne pas connaitre le règlement municipal sur la circulation à vélo. Pour ce qui est des éléments de sécurité, la majorité des cyclistes à Barcelone se protège : 66% possèdent une sonnette, 63% une lumière arrière et 56% une lumière sur le devant du vélo. Seuls 33% d'entre eux sont équipés du matériel réfléchissant obligatoire pour circuler la nuit.
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