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Vongdasak : Prince franco-lao devenu professeur de musique à Bangkok

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photo Quentin Weinsanto
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 16 septembre 2010, mis à jour le 17 avril 2019

Poète, musicien, écrivain à fleur de peau et ancien Prince lao exilé en France, Vongdasak est le genre d'homme au parcours atypique qui marque les esprits. Après avoir vécu plusieurs années dans l’hexagone de petits boulots en grands boulots, il est aujourd'hui installé à Bangkok où il a ouvert un conservatoire de musique, afin de partager l'une de ses nombreuses passions

C’est une histoire un peu hors du commun qui caractérise Vongdasak, homme jovial mais discret de 55 ans installé depuis une dizaine d’années à Bangkok. Après avoir vécu comme l’un des princes de la famille Champassak du Laos jusqu’à ses onze ans, la vie de ce dernier a directement été touchée par l'histoire tumultueuse qui a secoué son pays natal. Cela a notamment été le cas par les conséquences de soixante ans de protectorat français, et par l'histoire de son père qui a dû renoncer à ses droits sur le trône de Champassak suite à la signature d'un accord secret avec la France, qui lui garantissait en échange un poste honorifique : inspecteur général du royaume.

De la haine de la France à un un amour nostalgique

Son père, Boun Oum, a longtemps été un ardent défenseur de la francophonie malgré son fort nationalisme, et a eu un important impact dans sa vie. "Il a toujours été une ombre qui plane au dessus de moi. Je ne l'aimais pas", confie Vongdasak, "mon père était un chevalier, un homme anachronique, mais avec un tempérament trop incontrôlable". Après avoir vu son père être exilé et dénigré, celui qui avoue avoir eu la haine de la France est passé par une longue étape de reconstruction, et d’acceptation. "La France récompense mal ceux qui l’aime […] Il faut donc de la patience, de la tolérance, de la compréhension pour compatir. Il faut du temps et du recul", explique-t-il. Aujourd’hui, il estime avoir développé une certaine nostalgie mais aussi un amour cérébral et émotionnel envers la France, qui s’est imprimé durablement depuis qu’il a reçu son décret de naturalisation il y a des années de cela. "La notion de nation est dans le cœur, pas dans la terre", estime-t-il. Ainsi, les concepts d’assimilation et d’intégration à une autre culture sont devenus des thèmes récurrents de ses œuvres écrites mais aussi musicales.

La musique comme épanouissement

Car finalement, c'est dans la musique – l'une de ses nombreuses passions artistiques - que Vongdasak semble avoir trouvé sa voie, après plusieurs années de cheminement personnel. "La musique est pour moi comme une amie intime que je connais depuis l'enfance". En 2000, il ouvre ainsi son propre conservatoire de musique à Bangkok, après avoir quitté la France afin de se ressourcer dans l'Asie qui l'a vu naître, et retrouver une partie de sa famille vivant en Thaïlande. Il dispense désormais à ses élèves des leçons de piano, guitare, flute traversière, chant et violon de manière très personnelle, loin des cours magistraux prodigués habituellement. "La musique est une recherche de la perfection émotionnelle. Il faut réveiller la sagesse et la conscience". Et pour cela, il se refuse d'avoir des élèves sur le court-terme, mais préfère plutôt les suivre sur plusieurs années. Ces derniers devraient d'ailleurs participer à un concert intitulé "Révélation", prévu le 19 septembre à 13h30 au Goethe Institute, où 24 morceaux seront joués dont 16 composés par Vongdasak. A cette occasion, une exposition de 20 peintures, faites par des étudiants de l'université de Ladkrabang est aussi prévue. Quant au futur, les projets de Vongdasak se limitent pour l'instant la gestion de son école de musique, et à vivre de l'épanouissement que cela lui apporte. "Je souhaite juste faire une publication musicale pour la postérité, afin de laisser une trace dans ce monde", admet-il néanmoins.

Quentin Weinsanto jeudi 16 septembre 2010
 

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Publié le 16 septembre 2010, mis à jour le 17 avril 2019

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