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Valérie Goutard Andrianoff, une sculptrice à l'état brut

Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 21 octobre 2010, mis à jour le 25 septembre 2019

Artiste d'un naturel enjoué et sensible, Valérie Goutard Andrianoff s'est forgée au fil des ans une place dans les milieux d'arts en Asie. Installée dans son atelier au nord de Bangkok, cette jeune femme y donne vie à des petits personnages en bronze, qu'elle met en scène dans des architectures aussi bien minimalistes que monumentales, et dans lesquelles elle représente avec passion l'absurdité et la beauté de l'existence humaine

C'est dans une fonderie proche d'Ayutthaya, où elle se rend chaque semaine, que Val a pu découvrir le bronze avant d'en faire sa matière de prédilection, qui se retrouve désormais dans toutes ses sculptures (Photo Quentin Weinsanto)

"Les hasards de la vie, des rencontres, des opportunités qui se créent, m'ont vraiment aidé". Cela fait sept ans que Valérie Goutard Andrianoff, alias Val, a posé ses bagages à Bangkok, pour y ouvrir son atelier de sculpture. Devenue artiste un peu par hasard, ses oeuvres sont empreintes de son parcours bohème, sa vie ayant été portée par les aléas de ses rencontres.
Tout commence dans les années 2000, alors qu'elle travaille à Paris dans le secteur du marketing, une occasion se présente de s'initier à la sculpture sur terre d'argile : "Une véritable révélation, un électrochoc", explique-t-elle. "Je pouvais créer quelque chose de mes mains, c'était un véritable retour à la nature". Puis tout s'enchaîne très vite : elle transforme tout d'abord son poste en mi-temps, afin d'avoir un moment libre pour faire ses premières gammes et prendre confiance en ses capacités de création. Viendra ensuite, deux ans plus tard, le départ vers l'Asie, puis l'installation à Bangkok en 2003, dans une Thaïlande qui lui apportera un public, des opportunités et un savoir-faire. "Cela a été un virage dans ma vie. J'ai ressenti le besoin de couper le cordon ombilical avec mon ancienne vie sociale, afin de pouvoir m'épanouir en tant qu'artiste".

"Circles", par Val (Photographie Roland Neveu)

La liberté de faire des créations d'instinct
Aujourd'hui, Val expose ses oeuvres dans de nombreux pays : Thaïlande, Chine, Singapour, Australie, Belgique, France... On peut même admirer l'une de ses créations, haute de 5 mètres, exposée sur l'avenue Nanjing, l'une des artères les plus animées de Shanghaï. Mais la route vers la reconnaissance n'aura pas été facile. Pour une artiste n'ayant jamais pris de cours ni fait de grande école d'art, l'accès à des galeries est semé d'embuches. Mais de cette difficulté, Val saura en faire une force : "J'ai tout appris seule, c'est un avantage car cela donne une plus grande liberté de création", explique-t-elle.
Cela se ressent dans son travail, qui revendique une certaine simplicité sur un thème qui parle à tous : L'homme et la relation avec son univers. "Je fais un travail très instinctif, qui suit les évènements de ma vie. Mes oeuvres sont imprégnées de mes émotions", ajoute Val. Ainsi, ses sculptures restent toujours accessibles. "Mon travail n'est pas intellectualisé, cela lui donne une certaine fraîcheur". Ses petits bonhommes de bronze expriment tout un panel d'émotions, pensifs, enjoués, tristes, solitaires... Et les noms de ses sculptures parlent souvent d'eux-mêmes : "Les mariés", "Théâtre de la vie" ou encore "Assis sur un banc". Cela amène Val à être en recherche permanente d'équilibre, "entre les personnages, l'architecture, les formes et les proportions, afin de trouver une certaine justesse", dans une représentation de l'homme cheminant vers son destin, dans tout ce qu'il peut avoir de touchant et de pathétique.

"Assis sur une branche de côcotier" ou "Seated on coconut branch" sera proposée à une vente aux enchères le 5 novembre los du Gala de la Chambre de Commerce Franco-Thaïe (Photographie Roland Neveu)

Une terre créatrice d'opportunités
Val souhaite désormais explorer un peu plus en profondeur des architectures monumentales, le changement d'échelle dans une oeuvre transformant totalement l'image qu'elle renvoie. Elle devrait ouvrir aussi une nouvelle exposition la semaine prochaine à Hong-Kong, et participer à une vente aux enchères le 5 novembre durant le Gala de la Chambre de Commerce Franco-Thaïe. Les bénéfices seront reversés au projet Kamlangjai, initié par la princesse Bajrakitiyabha afin de sensibiliser sur la situation des femmes incarcérées. Une initiative qui lui tient à coeur, et un moyen de rendre à la Thaïlande ce qu'elle lui a apporté. Les deux pièces proposées à la vente, "Assis sur une branche de côcotier" et "Euphorie", atteignent chacune deux mètres de haut, rejoignant un espace qui peut notamment symboliser l'espoir, "le fait que dans la vie, il y a toujours des moments salvateurs", précise Val.
Une leçon que lui rappelle quotidiennement le royaume, dans lequel "les contrastes sont beaucoup plus forts, les différents mondes se côtoient et où tout le monde essaie de s'en sortir", explique-t-elle, "Il y a ici une énergie vitale tournée vers la construction qui circule, et qu'on ne sent plus en Europe". Une énergie créatrice d'opportunités, et grâce à laquelle Val a réussi à se faire connaître essentiellement par le bouche-à-oreille, sans jamais avoir à contacter directement les galeries, ces dernières l'appelant après avoir vu ou entendu parler de son travail. "C'est ça l'Asie : Les opportunités existent. Certes les efforts demandés sont plus conséquents, mais cela paye souvent".
Quentin Weinsanto jeudi 21 octobre 2010

Voir aussi le site de Val

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Publié le 21 octobre 2010, mis à jour le 25 septembre 2019

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