Cela faisait plusieurs semaines que l'ex véliplanchiste et écologiste Amara Wichithong n’avait pas pagayé sur sa planche pour collecter les ordures dans la petite crique reliant la zone résidentielle où elle vit à la mer.
Âgée de 57 ans, cette ancienne athlète de l’équipe de Thaïlande dirige une boutique de planches à voile dans la station balnéaire de Pattaya et, avec son engouement pour la protection de l'environnement, elle est devenue une sorte d'icone verte locale.
Depuis plusieurs années, Amara et son équipe de bénévoles ramassent les déchets plastiques dans les eaux et les forêts de mangroves du coin pour éviter qu'ils ne finissent dans l'océan. Mais leur travail avait été interrompu en mars par les restrictions visant à contenir le coronavirus.
Amara craint une recrudescence des déchets plastiques avec la forte augmentation des livraisons de nourriture et de marchandises, du fait que les gens sont appelés à rester chez eux.
"Je crains l'après COVID-19, j'imagine que la mer va être remplie de déchets", dit-elle.
La quantité de déchets plastiques générée durant la période de confinement en Thaïlande est supérieure à la normale de 15%, selon les médias locaux qui citent le Département de la lutte contre la pollution.
La Thaïlande, parmi les cinq pays qui polluent le plus les océans avec le plastique, avait pris des mesures en début d’année pour limiter les sacs en plastique à usage unique.
Nouvelle normalité
Amara dit ramasser les détritus depuis l’âge de 10 ans mais elle s’est mise à le faire plus "sérieusement" au cours des 20 dernières années.
"La situation (des ordures) s'est aggravée au cours des cinq dernières années, nous voyons des tortues et des animaux marins mourir sur le rivage. J’avais le sentiment que je devais faire quelque chose", dit-elle.
En plus de ramasser les déchets dans les eaux des alentours, Amara et son équipe ont installé dans la crique un filet fabriqué à partir de bouts de filet de pêcheurs pour empêcher les déchets de couler dans la mer tout en laissant des espaces suffisamment larges pour que les poissons puissent nager.
Les déchets qu'ils ramassent sont ensuite triés puis donnés aux chiffonniers qui les revendent aux entreprises de recyclage.
Alors que le ralentissement de l'activité économique en raison de la situation du Covid-19 a contribué à réduire la pollution d’une manière générale, les experts craignent que ces effets ne soient de courte durée et risquent d’être contrebalancés par certaines répercussions issues des mesures de confinement.
Les déchets plastiques de Bangkok ont augmenté de 62% en volume en avril, de plus en plus de personnes dépendant des livraisons à domicile, selon les données de la Bangkok Metropolitan Administration.