Édition internationale

Une gaffe croustillante crée la cacophonie au sommet de la hiérarchie policière

Écrit par Eric DESEUT
Publié le 6 novembre 2023

L'histoire avait commencé par une gaffe à double détente digne des pieds nickelés. Elle rebondit avec une nouvelle perle du vice-premier ministre Chalerm Yubamrung décidément toujours très en verve. Dimanche 10 février deux policiers poussent la porte d'un tailleur du quartier de Si Phraya à Bangkok et s'adresse au patron pour demander leur "petit cadeau" au lendemain du Nouvel An chinois qui donne traditionnellement lieu à des dons d'argent liquide placés dans des enveloppes de couleur rouge. C'est un boutiquier bien embarrassé qui leur demande de repasser plus tard, car le moment est mal choisi. Et pour cause ! Un client alors présent dans le magasin Bovorn Fashion n'est autre que le journaliste Banjong Cheewamongkonkarn de la chaine de télévision Nation TV. Devant l'insistance des policiers le tailleur se résout à présenter le journaliste qui pose aussitôt la question qui fâche : sont-ils avertis des consignes de leur hiérarchie qui leur défend d'accepter de l'argent pour le Nouvel An ? La stupeur conduit alors le sergent à parfaire la gaffe initiale : "Mon patron reçoit plus d'argent que moi. Les sommes que nous recueillons lui sont destinées et seulement un faible montant nous revient". L'anecdote a aussitôt fait le miel des réseaux sociaux et dès le lendemain le chef de la police nationale en personne a tapé du poing sur la table. En réitérant la consigne prohibant les petits cadeaux, le général Adul Saengsingkaew a annoncé l'ouverture d'une enquête que les enregistrements issus des caméras de sécurité du magasin ne manqueront pas de faciliter. Les deux policiers gaffeurs ont d'ores et déjà été placés aux arrêts pour trente jours tandis que leur supérieur est transféré à "un poste inactif". Déjà préoccupé par la publicité donnée à sa mésaventure le tailleur se serait bien passé des déclarations du vice-premier ministre en charge des questions de sécurité qui confèrent une nouvelle dimension à l'affaire. Hier Chalerm a créé la cacophonie au sommet de la hiérarchie policière en indiquant qu'il n'y avait "rien d'exceptionnel à ce que la police reçoive des enveloppes rouges". "Cette pratique était en vigueur bien avant que je ne devienne policier", a poursuivi l'ancien capitaine de police en expliquant qu'il est impossible d'empêcher les commerçants chinois de faire des dons. Le truculent ministre tient toutefois à chapitrer ses hommes pour avoir demandé de l'argent à un commerçant d'origine indienne et non chinoise. ”Ils ne sont pas malins. Cette affaire a été montée en épingle, car ils ont frappé à la mauvaise porte".

E.D. mercredi 13 février 2013

Publié le 13 février 2013, mis à jour le 6 novembre 2023

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