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Un sondeur démissionne après le blocage d’une enquête gênante

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Jean-Louis DUZERT
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 30 janvier 2018

Un sondeur thaïlandais a dit avoir démissionné de son poste lundi, après que son supérieur a empêché la publication d’une enquête d’opinion concernant le scandale concernant les montres de prix du vice Premier-ministre, alors que les critiques montent sur l’inaction de la junte à l’encontre du général.

Le numéro 2 du régime militaire, Prawit Wongsuwan, fait l’objet de pressions accrues pour expliquer son penchant pour les montres de luxe, ce qui a de quoi embarrasser les généraux qui ont pris le pouvoir en 2014 en promettant de mettre fin aux turbulences politiques et d’éradiquer la corruption endémique. 

Ces dernières semaines, des enquêteurs du web ont dévoilé des photos de Prawit portant en tout plus de deux douzaines de montres de prix, ce qu’il avait être des montres prêtées par des amis.  

Ce nouveau scandale arrivait à point nommé pour Arnond Sakworawich, devenu depuis peu directeur de sondage à l’Institut National de l’Administration du Développement (NIDA), une université de Bangkok.  

Son sondage demandait aux personnes interrogées si elles croyaient la réponse de Prawit sur l’origine de ses précieux bracelets. Plus de 80% auraient répondu ne pas y croire, mais les résultats ont été bloqués par sa hiérarchie, ce qui l’a amené à démissionner. 
 
"Je ne peux pas faire mon travail si je n’ai pas ma liberté de l’expression académique" a-t-il dit à l’AFP, même s’il restera membre de la faculté. 

Selon les dires d’Arnond, on lui aurait expliqué que le sondage pouvait "induire en erreur" l’opinion publique alors que la Commission Nationale Anti-Corruption doit encore décider de mener ou non une enquête officielle pour corruption. On lui aurait également reproché que focaliser son questionnaire sur une seule personne au sein de la junte militaire.   

A cela, Arnond a répondu que Prawit, qui est vice Premier-ministre et ministre de la Défense, demeure une personne publique. 

Le Président de NIDA, Pradid Wanrat, qui est également un membre de l’Assemblée Nationale Législative, mise en place par la junte, a admis avoir bloqué le sondage, invoquant la procédure en cours de la commission anti-corruption, suggérant que les résultats pourraient être dévoilés une fois l’enquête aboutie.  

“Si le sondage fait référence au gouvernement ou la performance du cabinet, c’est bon, mais pas si cela concerne une personne en particulier", a expliqué Pradid Wanrat, ajoutant que le sondeur n’a subi aucune pression quant à sa décision de quitter le poste. 

Le scandale des montres a suscité un niveau inhabituel d’indignation, textes d’opinion et démonstrations publiques de contestations, dans un pays où les critiques envers la junte militaire sont normalement étouffées, et où les riches et les puissants jouissent d’une grande impunité. 

Cette affaire intervient aussi à un moment ou les critiques s’intensifient contre le tout récent report des élections, qui ont une fois de plus été retardées probablement jusqu’en 2019.  

Les questions sur la collection de montres du vice Premier ministre n’auraient jamais éclaté sans l’intervention du lanceur d’alerte via la page Facebook «CSI LA », responsable d’avoir déniché et publié les photos des modèles. La page a totalisé 25 montres, pour une valeur de 1,2 million de dollars, dont onze Rolex, huit Patek Philippe et trois Richard Milles.
 

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