Deux insurgés soupçonnés d'être liés à une fusillade à moto dans une école du sud de la Thaïlande la semaine dernière ont été abattus samedi, a indiqué la police, alors que l'UNICEF s’est inquiété de probables traumatismes sur les enfants se trouvant sur les lieux de l’incident qui s’est déroulé au moment du déjeuner.
Les quatre hommes tués lors de la fusillade de jeudi étaient tous musulmans et gardaient une école dans la province de Pattani, lorsque les assaillants ont mené leur attaque juste avant l'heure du déjeuner en présence d’élèves situés à quelques mètres à peine.
Le commandant de la police provinciale de Pattani, Piyawat Chalermsri, a déclaré samedi à l'AFP que deux personnes probablement liées à l’incident de l’école avaient été tuées lors d'une fusillade samedi matin.
Bien qu'il n'ait pas communiqué leur identité, il s'est dit "convaincu qu'il s'agit du même groupe que celui ayant perpétré l'attaque jeudi" à moto.
Les autorités ont également arrêté un suspect et interrogé cinq autres, alors qu'une source militaire a déclaré qu'un enfant de huit ans avait été éraflé par une balle, mais pas sérieusement blessé.
Le représentant de l'UNICEF en Thaïlande, Thomas Davin, a déclaré vendredi qu'un des enfants lors de l'attaque de l'école de Bukoh avait été blessé par des débris et s’est inquiété d’éventuels traumatismes psychologiques que pourraient subir les jeunes ayant assisté à l'attaque sur le long terme.
"Cet attentat a indéniablement mis les écoliers, les enseignants et le personnel de l'école en danger. Il a exposé les enfants à un risque élevé de blessure ou de mort", a-t-il déclaré. "Une telle violence pourrait également dissuader certains parents d'envoyer leurs enfants à l'école -au détriment éventuel de l'apprentissage et du développement futur de nombreux enfants."
Depuis 2004, les affrontements entre les rebelles malais-musulmans et l'Etat thaïlandais à majorité bouddhiste, qui a annexé la région il y a plus de 100 ans, ont fait près de 7.000 victimes, principalement des civils des deux religions.
Le conflit fait rarement la une des journaux à l’international, mais il constitue le quotidien des habitants des provinces frontalières où les forces de sécurité sont très présentes, aidées par des "volontaires" mal payés, issus des communautés locales.
Au cours des 15 années d’insurrection, des dizaines d’enseignants ont été tués, assassinés pour leur collaboration présumée avec l’État thaïlandais, ce qui a conduit à l’utilisation de gardes armés dans les écoles.
Le nombre de morts dans le conflit a chuté à un niveau le plus bas l'année dernière. Mais ces dernières semaines, les violences ont augmenté, les rebelles montrant qu'ils sont toujours en mesure de mener des opérations plus ciblées.
Dans une rare déclaration datée du 4 janvier, le principal groupe rebelle - le Barisan Revolusi Nasional (BRN) - a juré de "continuer à se battre" tout en avertissant les gens de ne pas aider ou soutenir l'État.
Mais les autorités thaïlandaises ainsi que le facilitateur malaisien des pourparlers se sont récemment dits confiants de voir bientôt des progrès.
L'ancien commandant de la 4ème armée, Udomchai Thammasarorat, a déclaré vendredi au club des correspondants étrangers en Thaïlande qu'il "voulait trouver une solution pour sortir de la violence" et a exhorté le commandant de l'armée du Sud à tenter d'assurer la sécurité publique.