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Mahathir Mohamad en visite à Bangkok à propos du sud insurrectionnel

Visite en Thailande de Mahatir MohamadVisite en Thailande de Mahatir Mohamad
SAKCHAI LALIT / POOL / AFP - Le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad (C) est accompagné du Premier ministre thaïlandais Prayuth Chan-ocha (à gauche) lors de revue de la garde d'honneur lors de leur arrivée au siège du gouvernement
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 25 octobre 2018, mis à jour le 25 octobre 2018

Le Premier ministre thaïlandais Prayuth Chan-o-Cha a rencontré mercredi à Bangkok son homologue malaisien pour tenter de relancer le processus de paix dans l'extrême-sud de la Thaïlande à majorité musulmane, secoué depuis près de quinze ans par un conflit séparatiste.

Le Premier ministre thaïlandais Prayut Chan-o-Cha a rencontré mercredi à Bangkok son homologue malaisien pour tenter de relancer le processus de paix dans l'extrême-sud de la Thaïlande à majorité musulmane, secoué depuis près de quinze ans par un conflit séparatiste.

L’extrême sud de la Thaïlande, région frontalière avec la Malaisie, est un ancien sultanat annexé il y a plus d’un siècle et peuplée essentiellement de Malais-musulmans. La région est engluée dans une insurrection sanglante depuis plus d'une décennie, les militants luttant contre l'État thaïlandais à majorité bouddhiste, pour plus d'autonomie.

La Malaisie agit depuis longtemps comme facilitateur dans les pourparlers de paix entre le gouvernement thaïlandais et Mara Patani, un groupe de coordination qui affirme être l'aile politique d'un obscur réseau de combattants rebelles en conflit avec les forces de l'État.

Le dialogue entre les différentes parties "va reprendre immédiatement et la Malaisie sera le facilitateur", a déclaré le chef de la junte militaire thaïlandaise au pouvoir depuis 2014, lors d'une conférence de presse commune, ajoutant que la résolution du conflit de plusieurs années était dans l'intérêt des deux pays, mais aussi de la région.

"Nous nous sommes engagés à aider de toutes les manières possibles à mettre fin à la violence dans le Sud du pays", a relevé de son côté le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad qui effectue sa première visite dans le royaume depuis sa victoire surprise en mai. 

"Avec nos pays qui oeuvrent sincèrement à la résolution du problème, ce problème sera réduit, voire totalement éliminé", a-t-il ajouté. 

"Nous convenons tous les deux qu’il s’agit d’un problème intérieur de la Thaïlande. La Malaisie est disposée à aider pour que les problèmes soient résolus plus rapidement", a déclaré Prayut.

Aucun détail et aucun calendrier n'ont été donnés par les deux chefs de gouvernement. 

Nombre de morts au plus bas depuis 13 ans

Depuis 2004, la Thaïlande, majoritairement bouddhiste, est aux prises avec une insurrection séparatiste dans plusieurs provinces à majorité musulmane frontalières de la Malaisie, un conflit qui a fait près de 7.000 morts, en majorité des civils.

Les attentats se font plus rares depuis le coup d'Etat de 2014, la junte militaire ayant renforcé les patrouilles et les couvre-feux. 235 personnes ont ainsi été tuées en 2017 contre près de 900 en 2007, d'après les chiffres de l'organisation Deep South Watch. Il s’agit du bilan le plus bas depuis 13 ans.

Malgré cela, les négociations se sont enlisées, les autorités thaïlandaises ne parvenant pas à réunir autour de la même table une rébellion éparpillée en plusieurs entités, parfois difficiles à identifier.

Il y a quelques semaines, la Malaisie et la Thaïlande ont désigné de nouveaux représentants pour mener les discussions. 

Panitan Wattanayagorn, conseiller en matière de sécurité auprès du vice-Premier ministre thaïlandais, a déclaré à l'AFP mardi que le rôle de la Malaisie était essentiel pour assurer la paix et la stabilité dans les Etats du sud, très réticents.

L'arrivée de ces nouvelles équipes "nous donne l'espoir de faire avancer le processus de paix", a relevé à l'AFP Panitan Wattanayagorn, conseiller à la sécurité du vice-Premier ministre thaïlandais, Prawit Wongsuwan.

Observateurs sceptiques

Alors que les premières élections depuis le coup d'Etat doivent être organisées début 2019 en Thaïlande, "le moment est crucial aujourd'hui pour tenter de faire bouger les choses".

Mais plusieurs observateurs sollicités par l'AFP restent toutefois sceptiques sur une éventuelle avancée du processus de paix avant cette échéance électorale.

Le groupe séparatiste Mara Patani, qui dialoguait habituellement avec le pouvoir thaïlandais, "a fait savoir qu'il ne participerait pas à la table des négociations tant qu'il n'y aurait pas de gouvernement démocratiquement élu en Thaïlande", a relevé Don Pathan, analyste indépendant basé dans le royaume. 

"Plus important, le groupe BRN, qui contrôle pratiquement tous les combattants sur le terrain, ne fait pas partie des forces avec qui le gouvernement dialogue."

On pense que le BRN, ou Barisan Revolusi Nasional, supervise la plupart des combattants, mais il refuse depuis longtemps de parler sans une médiation internationale - ce que le gouvernement thaïlandais a toujours rejeté.

Le Barisan Revolusi Nasional (BRN), est soupçonné d'être derrière la majorité des attaques les plus violentes, mais il refuse depuis longtemps de parler sans une médiation internationale - ce que le gouvernement thaïlandais a toujours rejeté. 

Les trois provinces les plus au sud de la Thaïlande ont été colonisées par le Siam –aujourd’hui la Thaïlande-  il y a plus d'un siècle. Mais la majorité de la population malaise musulmane est depuis longtemps irritée par le régime de Bangkok.

Les groupes de défense des droits de l'homme accusent les insurgés comme les forces de sécurité d'abus généralisés des droits de l'homme dans la région.

Pour Paul Chambers, spécialiste de politique thaïlandaise à l'Université de Naresuan, l'avancée des négociations ne dépend de toutes façons pas de la Malaisie, mais de la junte au pouvoir qui a "traîné des pieds" jusqu'à présent.

"Le fait que les pourparlers se soient au point mort pourrait signifier que la junte les a considérées davantage comme un coup de relations publiques que comme un engagement sincère"

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